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L’engagement « multi-médias » : la nécessaire stratégie des groupes de presse

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[image:1,l]Le premier acte refondateur pour un groupe de presse est donc de décider que son métier doit désormais s’exprimer sur plusieurs supports et que son modèle économique va désormais reposer sur plusieurs canaux : l’un demeurera le papier, les autres seront numériques mais aucun n’aura la priorité sur les autres, aucun ne sera « plus noble » que les autres. Tous procéderont d’une même « matrice », seront l’expression diversifiée d’un même métier, d’une même vocation, d’une même ligne éditoriale et d’une même indépendance, pour reprendre les plus sacrées des valeurs de la presse.

La vague du « multi-médias »

Hier lecteurs exclusifs de papier, les acheteurs des journaux et magazines sont devenus « multi-médias » : ils cherchent sur différents médias et supports ce qu’autrefois ils ne trouvaient que sur du papier. Pour ré-apprendre à communiquer avec leurs lecteurs, les groupes de presse doivent donc utiliser les canaux numériques que leurs propres lecteurs fréquentent désormais. Sinon, ils s’adresseront à une population sans cesse plus réduite, celle des « exclusifs papier ». Cette dernière catégorie existe encore mais, sans aucun doute, se réduira en nombre fortement et rapidement. Dès à présent, combien de lecteurs s’informent exclusivement à partir de sources papier ?

Être acteur du numérique

Nous ne parlons pas d’ajouter des activités secondaires. La décision refondatrice que nous préconisons pour tout groupe de médias et en particulier pour tout groupe de presse est bien de vouloir devenir un acteur à part entière du monde numérique. Les groupes de presse n’ont pas de raisons de se sentir en état d’infériorité. Ils n’ont pas non plus à tenir les supports numériques pour inférieurs.

[image:2,l]La roue de l’histoire tourne en effet à vitesse accélérée

Ce qui était vrai il y a quelques années au moment de la naissance du numérique l’est infiniment moins aujourd’hui. La diffusion du haut débit, désormais généralisé et devenu la norme (en attendant celle du très haut débit), a permis de faire circuler sur le Web des contenus d’une sophistication sans commune mesure avec ce que l’on a connu aux balbutiements de la Toile. Les nouveaux supports apparus depuis et l’explosion inouïe de l’offre ont offert en ligne des richesses de contenus considérables. Dans la mesure où la longue traîne permet de rentabiliser pratiquement tous les développements et applications, on trouve maintenant réponse à peu près à tous les besoins et attentes en ligne. Bien souvent, l’étendue des savoirs et contenus disponibles excède très largement ce que peuvent offrir les médias classiques. On peut même y lire la presse dans son intégralité…

Ne pas bouder le numérique

N’en déplaise aux défenseurs de l’orthodoxie, lire sur un écran de tablette ne condamne pas à la superficialité et n’a rien d’une punition : on reçoit pour un prix très attractif le contenu directement sur son appareil, où que l’on soit, au moment de sa sortie, et on navigue très aisément parmi les contenus, possiblement enrichis et sophistiqués (davantage de photos, de vidéos ou même d’informations), et la qualité visuelle est excellente, y compris pour un magazine comme Géo, par exemple, pour qui l’exigence de qualité photographique est une clé. Les visuels que publie Le Monde sur son édition iPad, autre exemple, sont d’une qualité stupéfiante, très supérieure à ce qu’offre l’édition papier. Il n’y a finalement que peu d’occasions, à la plage par exemple, où le papier garde une absolue supériorité. Pour le reste, c’est avant tout affaire de goûts et de plaisir. Chacun est libre de préférer s’informer et lire sur papier ou sur écran.

« Le support ne détermine pas le fond »

L’écran ne tuera pas brutalement le papier, mais il constitue aujourd’hui une sérieuse alternative et l’opposition entre sa superficialité et la « profondeur » du papier n’a plus grand sens. Le support ne détermine plus en lui-même le fond, libre au lecteur de faire son choix sur d’autres critères. La vieille affirmation de McLuhan, « the medium is the message », est en train de se dissoudre d’elle-même dans l’océan numérique.

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