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Les cariocas se mettent à l’anglais

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« Stand in the wall, run through the net, pick up the ball, hit the wall, and throw up. » Dans une école primaire, un professeur donne des consignes en anglais à des enfants de 6 ans pendant un cours de tennis. Regard interrogateur chez les élèves jusqu’à ce que l’un d’eux lui réponde « Pardon monsieur, pouvez-vous répéter ? Je n’ai rien compris. » Le professeur répète les mêmes instructions. L’apprentissage de l’anglais au Brésil est en marche.

Enseigner aux enfants

Depuis toujours, les Brésiliens n’ont jamais eu besoin de parler anglais. Grâce à une société de l’autosuffisance et une dictature militaire qui a coupé le pays de l’extérieur pendant près de 21 ans, le portugais était la seule langue en vigueur.

Maintenant que le Brésil va accueillir deux événements mondiaux – la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques en 2016 – les mentalités commencent à évoluer. Une fois la candidature du pays retenue, le gouvernement a immédiatement imposé l’anglais aux programmes des écoles de Rio de Janeiro pour les enfants de 6 à 8 ans. Ce projet devrait être étendu aux écoles de Sao Paulo l’année prochaine.

Le nouveau programme gouvernemental « Crianca Global » a été mis en place pour « préparer les enfants afin qu’ils profitent pleinement des opportunités qui leur seront offertes grâce aux Jeux Olympiques » a décrété Claudia Caustin, secrétaire d’État à l’Éducation.

À l’heure de la mondialisation

Maintenant que le pays joue un rôle de plus en plus important sur la scène internationale, l’intérêt des Brésiliens s’ouvre au monde. Hommes et femmes d’affaires aspirent à travailler pour d’importantes sociétés étrangères. Les jeunes veulent étudier aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada.

« Je suis contente de voir que l’anglais devient de plus en plus important au Brésil. Il était vraiment temps ! » Gabriela Genovesi Gomes est enseignante dans une école privée internationale à Sao Paulo, elle étudie aussi l’éducation. « C’est important pour communiquer avec les touristes, voyager à l’étranger, entre autres. »

Un enseignement élitiste

À Saol Paulo, la plus grande ville d’Amérique du Sud avec plus de 11 millions d’habitants, les écoles privées enseignant l’anglais se sont développées de toutes parts et portent des noms tels que Wizard, Skill ou encore Wise Up. Les élèves chanceux ont un professeur anglais de naissance. Les autres doivent travailler avec un Brésilien qui a déjà voyagé et qui connaît presque toutes les règles grammaticales de la langue anglaise.

Ces écoles ont un prix. Les cours privés coûtent autour de 50 à 100 reals de l’heure (20 à 40 €). Un véritable luxe quand le salaire moyen est de 545 reals par mois (225 €).

Le Brésil n’a que peu de temps avant que les touristes du monde entier ne commencent à envahir le pays pour ces deux événements. La population ne sera sans doute pas aussi bilingue que le gouvernement ne le voudrait.

« Je pense qu’ils ont simplement besoin de pratiquer l’anglais », affirme John Milton, professeur de littérature anglaise et de traduction à l’université de Sao Paulo depuis 27 ans. « Il n’y a aucune raison d’utiliser l’anglais dans la vie quotidienne, c’est difficile pour un Brésilien de trouver une occasion de le parler. »

L’Éducation nationale inadaptée

Certains Brésiliens s’opposent à cette initiative du gouvernement.

« Le Brésil devrait s’interroger avant tout sur la qualité de son programme avant de penser à enseigner une autre langue à l’école. » Marise Mayumi Oliveira, spécialiste de la communication à Sao Paulo, parle anglais couramment. « La plupart des Brésiliens savent à peine parler portugais correctement. Ensuite, avons-nous vraiment assez de professeurs pour apprendre correctement l’anglais dans ces écoles publiques ? J’en doute vraiment. Nous n’avons même pas assez d’enseignants qualifiés dans les matières de base. »

En attendant, le gouvernement n’attend personne pour enseigner l’anglais. L’affichage dans la majeure partie des grandes villes et des routes est désormais en portugais, en espagnol et en anglais.

« Je pense que le gouvernement brésilien essaie de maquiller un peu la réalité sans traiter le fond de nos attentes, juste assez pour promouvoir notre pays pour la Coupe du monde et les Jeux Olympiques […] Après ça, le gouvernement utilisera une méthode très brésilienne : ils oublieront le sujet. »

Global Post / Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

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