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Les nouvelles mesures d’austérité font exploser la Grèce

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[image:2,l]En marge des affrontements grévistes-forces de police, des combats ont éclaté entre manifestants rivaux, d’un côté de jeunes anarchistes, de l’autre des syndicalistes soutenus par le Parti communiste. Le ministre de la Santé grec a annoncé hier dans un communiqué de presse, que 74 civils avaient été soignés pour blessures légères.


Un manifestant de 74 ans est mort d’une insuffisance cardiaque après son arrivée à l’hôpital.


Sauver la Grèce


[image:4,s]Le Premier ministre Georges Papandréou, qui disait ce week-end que la Grèce était « prise en otage par la grève et les manifestants », compte beaucoup sur la capacité de la population à retrouver son unité à deux jours du sommet de la zone euro, durant lequel tous les chefs d’États européens essaieront de trouver une solution durable aux effets de la dette grecque.


Le pays, criblé de dettes, essaie désespérément d’éviter la faillite grâce à l’aide des Européens et du Fonds monétaire international. Mais ses créanciers internationaux l’ont obligé à adopter de nouvelles réformes drastiques en échange de ses prêts. Le plan de Papandréou a été accepté jeudi 20 octobre dans son ensemble par 144 voix sur 146. Il n’a rencontré qu’un obstacle, jeudi, celui de Louka Katseli, députée et ancienne ministre du Travail, qui s’est prononcée contre une disposition du projet restreignant les négociations salariales collectives. Malgré ce contretemps, cette mesure a été acceptée par 153 voix contre 300.


Chez les chefs des États de l’Union européenne, la peur de voir cette crise s’étendre à toute l’Europe est palpable.


« Renverser le gouvernement »


Les 48 heures générales de grèves, achevées jeudi 20 octobre, ont paralysé tout le pays. Les écoles étaient fermées, les hôpitaux en activité très réduite puisque seules les urgences étaient ouvertes. Le métro est néanmoins resté en service, ainsi que les aéroports. La police n’a pas donné de chiffres sur le nombre de participants à la grève pour la journée de jeudi. Il semble qu’un peu moins de 100 000 personnes soient descendues dans la rue.
« Ce que j’espère, c’est que le mouvement grossisse tellement qu’il en vienne à renverser le gouvernement », osait dire tout haut Lefteris Kirousis, un professeur d’université sur la place Syntagma, jeudi.
Lefteris Kirousis ne prône pas la violence, mais il veut du changement. Il accuse le parti de Geórgios (Georges) Papandréou (Pasok) d’avoir cédé sans se battre aux exigences de l’Union européenne et du FMI.
« Des élections seraient les bienvenues, mais je préférerais voir le gouvernement tomber dans la honte, comme en Argentine », ajoute l’homme de 60 ans, par allusion à la faillite du pays d’Amérique du Sud dix ans auparavant.


« Un volcan en ébullition »


[image:1,s]Pour une société habituée à la largesse de son gouvernement, le changement radical du leader socialiste a été jugé un peu brutal. Le chômage a augmenté de 16,5 % et l’économie devrait s’effondrer de 5,5 % cette année.


« La société grecque est un volcan en ébullition », dixit mercredi Costas Karategos, programmeur informatique, en regardant les manifestants défiler dans la rue en milieu de journée. « Le premier danger, c’est l’insécurité du peuple grec, ajoute Karategos. Nous faisons des sacrifices, mais nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel. Ça ne peut pas continuer. Tous les bâtiments de l’État sont occupés. Les rues sont jonchées d’ordures. Il nous faut des élections. Ce n’est peut-être pas la meilleure solution, mais ils doivent faire quelque chose. »


La « mère de toutes les grèves »


La tension montait depuis des semaines. Un média local rapportait que le Pasok avait reçu une lettre contenant trois balles et des menaces. Le chef de l’Union des éboueurs a annoncé qu’il y aurait « du sang dans les rues » si le gouvernement essayait d’engager une entreprise privée pour enlever les ordures.


[image:3,s]Dans les rues, justement, des affiches montrent les photos de Georges Papandréou et le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, surmontée du slogan « Wanted », placardées dans tout le centre-ville.
Des restes de gaz lacrymogène stagnaient dans l’air, autour de la place Syntagma, jeudi soir. Des manifestants de tout âge éternuent, se frottent les yeux, couvrent leur bouche avec ce qu’ils trouvent.


La veille, des grévistes porteurs de masques s’étaient mis à lancer des pierres, des déchets et des cocktails Molotov sur les forces de police qui ont répondu par des jets de gaz lacrymogène avant d’avancer vers la foule, matraques brandies. Des émeutes se sont aussi déclenchées dans les rues adjacentes. Certaines vitrines à risque, comme celles de Brooks Brothers et de Cartier, étaient protégées par des grilles de sécurité, mais les manifestants se sont attaqués à la vitrine de l’hôtel ATM et ont décollé le marbre des marches et des murs pour s’en servir de munition.


[image:5,s]Jeudi soir, Papandréou, dans un discours devant le Parlement, appelait à l’unité nationale et à « l’arrêt des protestations ».


 


Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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