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Politique : le régime se durcit

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Peut-on encore espérer peser en politique lorsqu’on est en surpoids ? En tout cas, de la Corrèze au New Jersey, le profil des meilleurs candidats doit désormais être certifié sans matière grasse.


Le retrait du gouverneur républicain Chris Christie dans la course à la Maison-Blanche n’aurait rien de bien spectaculaire, vu de France, s’il ne venait confirmer un profond bouleversement dans le regard porté par les citoyens sur leurs femmes et hommes politiques.


Kilos excédentaires : la marque infamante des losers


Qu’aux États-Unis un élu expérimenté se retire du jeu parce qu’il est violemment critiqué pour son obésité a, certes, de quoi surprendre. Comme il s’agit d’une caractéristique physique partagée par près d’un tiers de ses compatriotes, on aurait volontiers pensé qu’il constituait au contraire un atout identitaire, rassemblant potentiellement dans un même élan d’empathie une majorité d’électeurs dont l’indice de masse corporelle se situe au-dessus de 30.


Au pays de tous les excès lipidiques, les kilos excédentaires sont devenus le symbole même du manque de volonté, de la faiblesse de caractère. La marque infamante des losers.


Après tout, est-ce aussi contradictoire ? En France, paradis supposé de la bonne chère, le président de la République passe ses rares moments de loisirs [lorsqu’il ne les consacre pas à la botanique dans les jardins de l’Élysée] à grimper des cols à vélo, à crapahuter dans la forêt de Versailles et à rentrer le ventre dès qu’un téléobjectif pointe sa focale à l’horizon.


1 kg perdu sur la balance, 1 point gagné dans les sondages


Depuis 2007 – à l’exception notable des ministres de la Santé – les membres du gouvernement ont sué sang et eau pour avoir l’air d’être en pleine forme, donc plus résistants, plus performants, plus efficaces, plus en éveil. Affûtés, donc futés…


François Hollande, surnommé « Flamby » par quelques-uns de ses ennemis et la plupart de ses amis il y a encore quelques mois, a dû une bonne part de sa « présidentialisation » à son conseiller minceur.


À chaque kilo perdu sur la balance, un point gagné dans les sondages.


Le parallélisme des courbes est à ce point édifiant qu’on spécule aujourd’hui sur le défaut de détermination dont ferait preuve Martine Aubry dans sa candidature à la fonction présidentielle, à l’aune de son absence évidente de préparation nutritionnelle.


On reproche parfois à nos politiques d’en faire des tonnes pour conquérir le pouvoir. Il va rapidement falloir adapter notre vocabulaire à cette nouvelle donne.

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