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Un sursis pour Silvio Berlusconi

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Sauvé à quinze voix près… un scénario prévisible

Le Premier ministre italien plie mais ne rompt pas, et il a survécu à une seconde motion de censure en moins d’un an. Mieux encore, alors qu’en octobre, après la défection de son lieutenant, Gianfranco Fini, le président de la chambre des députés, il ne l’avait emporté que de trois voix – 314 contre 311 –, cette fois il consolide sa majorité avec une avance de 15 voix – 316 contre 301 – sur l’opposition.
Ce scénario était prévisible : le vote de confiance avait été initié par son propre parti, le Peuple de la Liberté, après que la chambre avait rejeté, de manière inattendue, un texte budgétaire clé. Cet échec était le signe d’un mécontentement croissant et de divisions au sein de ses troupes mais ne signifiait en aucun cas que les Italiens – et en particulier ceux confortablement assis dans le décor cossu de la « Camera » – étaient mûrs pour se débarrasser, pour de bon, d’« Il Cavaliere ».

Dès lors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

Le stratagème de l’opposition mis en échec

Jusqu’à la dernière minute, il a semblé possible que le stratagème imaginé par l’opposition fonctionne : tout simplement, ses responsables avaient décidé de ne pas participer au vote en espérant que, faute de quorum, il ne pourrait tout simplement pas avoir lieu.
Si tel avait été le cas, Berlusconi aurait été contraint de consulter le président de la République italien, le très respecté Giorgio Napolitano, garant du respect de la constitution, pour évoquer son avenir. Pour autant, il n’aurait pas été contraint de démissionner, mais c’eût été un coup supplémentaire, probablement fatal, à sa situation déjà fortement compromise.

Berlusconi, as de la « combinazione »

Berlusconi, comme en octobre, est parvenu à convaincre quelques députés de l’opposition de venir à son secours. 
Cette fois-ci, ce sont cinq députés « radicaux », élus apparentés au Parti démocrate, la principale formation de l’opposition, qui ont pénétré dans l’hémicycle à la dernière minute. Bien sûr, ils ont voté contre le gouvernement mais leur présence a assuré un nombre de députés présents suffisant pour valider le scrutin !
Ce qui a convaincu de nombreux députés centristes hésitants, qui patientaient jusque-là dans l’antichambre du Parlement, de serrer les rangs et de voter en masse pour le Premier ministre. Par un formidable exercice de « combinazione » parlementaire, le résultat était scellé.

Pas davantage de marges de manœuvre pour le « chevalier » Berlusconi

Ce vote ne saurait être un blanc-seing au gouvernement de Berlusconi. Il ne lui donne pas davantage les moyens parlementaires de lutter contre la crise économique. Immédiatement après le vote, le Premier ministre a convoqué les membres de cabinet. Au lieu de présenter une série de mesures attendues pour stimuler l’emploi et la croissance, il s’est livré à une véritable distribution des prix en remerciant à coup de postes ministériels certains des députés qui venaient de voter pour lui. Le plan de relance, a-t-il promis, sera prêt d’ici à la semaine prochaine.
Au sein de la majorité, le malaise s’accentue à l’égard des mesures d’austérité imposées par le ministre de l’Économie, Giulio Tremonti. Après qu’il a déclaré que toutes les dépenses devaient être compensées par des coupes budgétaires, nombreux sont ceux qui ont exigé ouvertement sa démission.

Malgré la victoire de vendredi 14 octobre, une fois devant le Parlement les nouvelles mesures économiques auront bien du mal à obtenir à l’aval d’une majorité de députés. Et le temps pourrait paraître bien long d’ici aux élections de 2013…

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