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Chavez veut exproprier tout un archipel

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Un archipel paradisiaque

Pour le moment, Los Roques est un havre de paix pour yachts de luxe et pour leurs propriétaires, un archipel paradisiaque de sable blanc et d’eau turquoise.
Mais voilà qui pourrait peut-être bientôt changer.
Plus tôt au mois d’octobre, le président Hugo Chavez, le socialiste en croisade, annonçait qu’il avait l’intention de saisir ces yachts et la propriété des îles, dont les maisons de quelques riches hommes d’affaires vénézuéliens, afin de les transformer en zone touristique. « J’ai toujours dit que nous devrions nationaliser Los Roques », déclarait Hugo Chavez lors d’une interview télévisée, juste avant d’attaquer la « haute bourgeoisie » et les élites internationales qui fréquentent l’île.

Exproprier pour plaire aux foules

[image:4,s]Déjà cette année, l’administration d’Hugo Chavez a saisi les actifs de plus de 450 sociétés. Depuis que le président Maverick a quitté le pouvoir en 1999, ce sont plus de 33,7 milliards de dollars qui ont été confisqués, selon les données de la société de consulting Ecoanalitica.
Le président apparaît souvent à la télévision pour pointer du doigt certaines firmes avec ce mot, « expropriez-les ! », sous des tonnerres d’applaudissements. Hugo Chavez est passé maître dans l’art des relations publiques et sait très bien que ce genre de numéro plaît aux foules.
« Chavez est en campagne, déclare Michael Shifter, président du Dialogue inter-américain. Dans ce genre de circonstances, il tend à recourir aux nationalisations ». Et même quand ce n’est pas une année électorale, Chavez est toujours connu pour voler les ressources privées, comme lorsqu’il a saisi les opérations d’Exxon Mobil en 2007. Mais avec les élections approchantes (octobre 2012), l’action sur Los Roques pourrait passer pour le renouvellement bravache d’une politique un peu usée.
Chavez gagnera probablement encore des soutiens chez les pauvres, une base qu’il doit désespérément retenir dans la perspective de ce qui semble l’élection la plus disputée de ses douze ans de pouvoir.

Les investisseurs sont refroidis

Mais en agissant ainsi, Hugo Chavez doit se montrer prêt à affronter tous les plus grands propriétaires du Venezuela.
[image:1,s]Son annonce va probablement aussi refroidir les investisseurs qui, comme Exxon Mobil, pourraient demander, puis attendre, des compensations du gouvernement après la saisie de leurs actifs.
Le gouvernement est obligé par la loi internationale de distribuer des fonds de compensation aux sociétés dont les actifs ont été saisis. Exxon Mobil a réclamé 7 milliards. Le gouvernement lui a offert 1 milliard. La différence reste en discussions…

Le tourisme de masse

Déjà, les résidents de Los Roques, riches comme pauvres, ont exprimé des inquiétudes à propos de la signification du mot « expropriation ».
Les riches résidents ont peur que l’ouverture de Los Roques au public ne ruine son exclusivité. Comme le montre l’exemple du reste des côtes du pays qui ont déjà été ouvertes au tourisme de masse. Depuis, des canettes de bières vides traînent le long des plages près de Caracas et les week-ends les familles garent leurs voitures sur le sable, autoradio à fond.
« Les riches accepteront de payer afin de préserver leur confort de vie sur les îles », affirme Katrin Bender, 29 ans, touriste allemande, en vacances à Francisqui, une des îles de Los Roques.

La bourgeoisie haïe par Chavez

Quelques-uns des hommes d’affaires les plus riches du pays, dont Gustavo Cisneros, un magnat vénézuélien des médias, possèdent des maisons là-bas.
Sur Francisqui, Javier Alvarez, 39 ans, en train de se baigner dans l’eau tiède sur laquelle flotte son yacht, tempête : « Exproprier un bateau, c’est complètement absurde. Je ne vois pas comment ils peuvent vous retirer quelque chose pour l’acquisition de laquelle vous avez travaillé et que vous avez achetée ! »
« La politique essaie tout simplement de blesser les riches », pense Diego Arria, un ancien ministre du Tourisme et ancien ambassadeur du Venezuela pour les Nations unies. Il a été exproprié de sa propre ferme par les autorités vénézuéliennes l’année dernière. « En fait, il blesse surtout les personnes qui travaillent pour les riches. »

Et les pauvres ?

[image:3,s]Chavez en oublie effectivement peut-être ceux qui ne sont pas riches. Ceux qui dirigent de petits restaurants ou hôtels sur les îles sont inquiets face à la perte possible de leurs moyens de subsistance si leurs entreprises sont saisies par le gouvernement.
« Je vois bien que les propriétaires ont peur », dit un responsable de restaurant qui a refusé de donner son nom par crainte des représailles de la part de ses patrons ou du gouvernement. Selon lui, beaucoup de propriétaires sont en train de s’assurer qu’ils ont bien tous leurs documents officiels afin d’éviter de donner au gouvernement une excuse pour s’emparer de leurs entreprises. Pourtant, rien ne garantira pas leur protection.

 

Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

 

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