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Cheval de Troie pour les Européens ou croisade européenne pour les Grecs ?

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Cheval de Troie pour les Européens ou croisade européenne pour les Grecs

La démocratie ancestrale athénienne qui se déroule dans un Forum est la vraie démocratie populaire. Ce genre de démocratie est un exercice difficile et est parfois porteur d’instabilité. Encore pire; la démocratie populaire est dangereuse. Dangereuse pour qui, pour quoi? Pour la vérité? Pour la stabilité? Cet exercice est toutefois essentiel lorsque des situations tragiques se produisent comme la situation actuelle dans laquelle est plongée la Grèce. Le risque de faillite d’un pays et l’éventualité d’une crise économique importante en Europe ou le risque de voir la Grèce éjectée ou autoéjectée de la zone euro et de l’Union européenne est tragique.

Pas de tapis rouge pour Papandréou!  

Donc, voilà nos despotes éclairés de la zone euro, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel qui invitent le premier ministre grec Georges Papandréou à Cannes afin de le gronder pour la volonté qu’il a de soumettre au forum grec, par voie référendaire, comme le veut la démocratie populaire, le plan d’aide européen accompagné d’un plan judicieux d’austérité économique très rigoureux. Oui, cette démarche est porteuse de risques. De risques pour quoi? Pour la démocratie ou la vassalisation grecque aux puissances européennes? Évidemment, le risque est grand pour la valeur monétaire de l’Euro et donc pour l’économie des 17 pays membres de la zone euro, mais cela l’est encore plus pour l’économie grecque. Toutefois, il revient à la population grecque de choisir. C’est ça, la démocratie. D’ailleurs, les pays européens devraient accepter cette volonté de légitimisation populaire que le premier ministre grec recherche à l’intérieur de son pays. Une réponse favorable à cette requête faciliterait l’acceptation des mesures d’austérité budgétaires dont est muni le plan d’aide des pays européens. Ceux-ci sont prêts à aider la Grèce sans connaitre les réelles intentions du peuple grec d’adopter profondément et surtout définitivement le plan d’aide assorti de mesures d’austérité. Un référendum favorable à la zone euro ou idéalement au plan de sauvetage européen permettrait une vraie relation équitable entre les autorités européennes et la Grèce.

Évidemment, il y a un risque, mais c’est cela la démocratie. De toute façon, le peuple se prononcera, dans la rue ou dans une urne. Ne serait-il pas mieux que cela se déroule dans une urne?

Si l’Ecclesia composée de 40 000 citoyens grecs pouvait faire des choix budgétaires sur une base presque hebdomadaire 500 ans avant notre ère, je ne vois pas pourquoi le peuple en entier ne le pourrait pas aujourd’hui, une seule fois par voie référendaire, pour une question aussi délicate. Clisthène se retournerait dans sa tombe.

Un référendum ne serait que bénéfique pour l’Europe, elle connaitrait le pouls réel de la population grecque et pourrait continuer d’effectuer les versements à la Grèce sans inquiétude concernant la réelle mise en œuvre du plan de sauvetage rigoureux proposé par les économistes de la zone euro et du FMI. La parole d’un premier ministre est importante, mais celle d’un peuple est encore plus durable et garante de stabilité. Un chef d’État pourra bien promettre ce qu’il veut à l’Europe et percevoir les versements, rien n’obligera le peuple de soutenir ce gouvernement éternellement et respecter sa part du contrat.

En choisissant, le peuple grec deviendrait un allié de l’Europe, les pourfendeurs de ce plan d’aide ne bénéficieraient plus de la légitimité pouvant leur permettre de faire dérailler ce projet de sauvetage et une réponse positive par la voie référendaire garantirait dans une certaine mesure (évidemment, aucune garantie n’est à l’épreuve de tout) le maintien des mesures d’austérité exigé par le bon sens européen.

Un refus grec par la voie référendaire ne ferait que relancer le débat. De toute façon, ce débat continuera tant que le peuple grec ne se sera pas fait entendre? Référendum, forum ou Illiade de la rue! 

Nier l’option référendaire, c’est peut-être remettre à plus tard, probablement très prochainement, la crise populaire. C’est surement ce que croit Papandréou. Il a besoin du soutien européen à la mise en œuvre de son projet de réconciliation nationale. Deux ministres du gouvernement grecs menacent de ne pas voter en faveur du référendum, la majorité de Papandréou au Parlement grec est donc menacée, puisqu’il ne détient que 152 sièges sur 300. Il pourrait même perdre le pouvoir. Tout cela n’éliminera pas le Forum sauvage de la rue.

Un Forum au 21e siècle, c’est un référendum et le plus grand gagnant de cet exercice serait surtout la dêmokratía

Est-ce que Papandréou sera lynché parce qu’il veut donner la parole au peuple?

La réponse semble être oui.

Rebondissements du jeudi le 3 novembre 2011 :

 Le premier ministre Papandréou aurait changé d’avis et ne fera pas le référendum. Les pressions européennes  et celles de l’opposition auront eu raison de ses convictions pour l’instant. Il est assez singulier de constater que le principal parti d’opposition, Nouvelle Démocratie, un parti de droite, était plus réticent au plan d’austérité que le Parti socialiste au pouvoir d’une part, et que maintenant, il exige que le plan soit accepté rapidement et sans consentement populaire. Cela est en parfaite contradiction avec ce que disait le chef de ce parti, Antonis Samaras, la fin de semaine dernière : «J’ai demandé la démission de M. Papandréou pour faciliter les évolutions politiques et donner le pouvoir au peuple de continuer mais il ne démissionne pas » (TF1 News, http://lci.tf1.fr/monde/europe/tragedie-grecque-autour-de-la-survie-politique-de-papandreou-6807589.html, page consultée le 3 novembre 2011). Il veut donner le pouvoir au peuple, mais par une autre voie que la voie (voix) référendaire. Laquelle, svp? 

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