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« Debtocracy », le documentaire aux airs de réquisitoire

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Puisqu’il était libre de droit, les « Indignés » athéniens s’en sont emparés et l’ont projeté, sur écran géant, place Syndagma, un soir de manifestation… « Debtocracy », documentaire-réquisitoire, ouvertement militant, dénonce les pratiques à l’origine de la dette des ménages, de l’endettement public en Grèce et de la crise de 2008. Ailleurs, à travers le pays, d’autres villes ont suivi et puis ce fut le tour du Net. Une semaine après sa publication, début avril 2011, on recensait déjà 500 000 clics. Un phénomène de société.

Un autre regard sur la crise

Au début, les journalistes Aris Chatzistefanou et Katerina Kitidi, ne comptaient réaliser qu’un petit clip montrant comment, en 2007, l’Équateur a refusé de rembourser sa « dette odieuse » et résisté aux responsables du FMI. À la fin, c’est un film d’1 h 15, pamphlet radical, démontrant comment il serait possible, d’après les auteurs, de s’opposer aux politiques d’austérité et à ceux qui tentent de les imposer.

La véritable question derrière : savoir si la crise actuelle est conjoncturelle, produit d’une mauvaise gestion, ou si, en plus, elle est structurelle et provoquée par les défaillances du système économique et politique dans lequel nous évoluons – ou qui nous est imposé. À voir Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du FMI, comparé au dictateur grec Papadopoulos, leur réponse est claire et assumée.

Les réalisateurs estiment que le point de vue de ceux qui prônent l’austérité est largement diffusé par la majorité des médias et ils ont voulu mettre en avant un autre regard sur la crise, celui de ceux qui, dans leurs vies quotidiennes, en souffrent.

Un manifeste pour un « autre monde »

Aris Chatzistefanou et Katerina Kitidi ont sollicité, avec succès, un très grand nombre d’économistes, de politiques et de journalistes défendant des interprétations et des propositions alternatives à celles défendues et mises en œuvre par les élites européennes et mondiales. On peut citer : les universitaires David Harvey, Samir Amin, Kostas Lapavitsas, le philosophe Alain Badiou, les journalistes Avi Lewis, auteur du documentaire The Take, et Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles ainsi que Zara Vagkenknecht, présidente du parti politique allemande de gauche radicale, Die Linke.

Un film à 8 000 euros sur 350 milliards de dette

La production de ce documentaire long-métrage de 75 minutes n’a coûté que 8 000 euros. Tout le monde pouvait, moyennant un don du montant de son choix, devenir coproducteur du film, et 400 personnes ont contribué. Un geste militant, gratuit, puisque le film est libre de droit, exploitable, appropriable et diffusable par tous.
Les auteurs sont fiers de constater que, parmi les donateurs, nombreux sont ceux qui ne partagent pas leurs points de vue. Pour eux, l’enjeu dépasse l’économique et le social, c’est la liberté d’expression, le droit de dénoncer, le devoir de s’indigner.

Ce dernier point est essentiel. Effectivement, « Debtocracy », avec toute sa radicalité, contribue à une meilleure compréhension des mouvements à l’œuvre dans les temps agités que traverse le monde actuellement. Et cela n’a rien à voir avec la question de savoir s’il convient, ou pas, d’adhérer à leurs thèses.

Debtocracy International Version par BitsnBytes

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