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« Femmes journalistes en danger »

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« Une grande partie de la population mondiale ne bénéficie pas du droit fondamental à la liberté d’expression, et les journalistes qui sont assez courageux pour couvrir les questions sensibles dans les pays répressifs sont souvent « récompensés » par une peine de prison, ou pire encore »


« Femme journaliste en Égypte : danger »


Une journaliste de France 3 agressée au Caire


Caroline Sinz, journaliste de France 3 envoyé par sa rédaction suivre les événements en Egypte déclare avoir été frappée violemment et victime d’une agression sexuelle.


« Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed-Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans », raconte la journaliste, citée par le Monde.fr.

« Nous avons alors été agressés par une foule d’hommes. J’ai été tabassée par une meute de jeunes et d’adultes qui ont arraché mes vêtements », poursuit-elle.

« Quelques personnes ont essayé de venir m’aider sans y parvenir. J’étais lynchée. Cela a duré environ trois quarts d’heure, jusqu’à ce qu’on puisse m’extraire. J’ai cru que j’allais mourir », ajoute Caroline Sinz.

La journaliste a pu rejoindre son hôtel et recevoir l’assistance de l’ambassade de France au Caire.

Des milliers de personnes occupent la place Tahrir, au Caire, depuis maintenant une semaine. Ils manifestent contre l’armée, qu’ils accusent de vouloir garder le pouvoir après la chute de Moubarak, le 11 février dernier.


Témoins génants


Finalement secourue par des Egyptiens présents sur les lieux, elle a pu rejoindre son hôtel, où elle a été assistée par l’ambassade de France au Caire avant de consulter un médecin. Une éditorialiste américano-égyptienne, Mona al-Tahawy, arrêtée sur Tahrir, a quant à elle annoncé sur son compte Twitter avoir été libérée jeudi après avoir été agressée sexuellement par des policiers. L’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé le même jour les conditions de travail des journalistes couvrant les troubles en Egypte : « La chaos qui règne au Caire et les graves violations des droits de l’Homme qu’il engendre n’ont rien à envier aux heures noires du premier épisode révolutionnaire de janvier-février 2011 ». « Les professionnels de l’information sont les témoins gênants du déclin de l’armée au pouvoir » ajoute RSF, qui « s’inquiète d’autant plus de la répression qui pourrait s’accentuer à leur encontre ».


Ces deux affaires rappellent évidemment celle de Lara Logan, l’une des principales correspondantes à l’étranger de la chaîne CBS. La journaliste avait déjà raconté avoir été victime d’une agression sexuelle au Caire le 11 février dans le secteur de Tahrir, le jour même de la chute du président Hosni Moubarak.


« Pendant un temps très long, ils m’ont violée avec leurs mains », avait-elle dit au New York Times à son retour aux Etats-Unis, en ajoutant que l’agression avait duré une quarantaine de minutes et avait été menée par un groupe de deux à trois cents hommes.


L’image de l’Egypte abimée


Deux femmes journalistes ont révélé jeudi avoir été agressées sexuellement en Egypte.


Il y a d’abord eu Mona al-Tahawy, une éditorialiste américano-égyptienne qui a décrit jeudi sur Twitter le calvaire qu’elle a enduré pendant 12h. Puis Caroline Sinz, une journaliste de France 3, a révélé le même jour avoir elle aussi été victime d’agression sexuelle.


« La pire des agressions sexuelles »


La première, Mona al-Tahawy, a détaillé sur Twitter les gestes obscènes que des officiers égyptiens lui ont fait subir lors d’une garde à vue. « En plus de m’avoir battue, les chiens de (policiers anti-émeutes) m’ont fait subir la pire des agressions sexuelles », relate-t-elle sur son compte. « Cinq ou six (policiers) m’ont touché et pincé les seins et mes parties génitales et je ne pouvais plus compter le nombre de mains qui essayaient d’entrer dans mon pantalon », précise-t-elle encore.


Libérée, la journaliste poste, toujours sur Twitter, des photos de ses membres plâtrés. « Des radiographies montrent des fractures à mon bras gauche et ma main droite », explique-t-elle.


« J’ai cru que j’allais mourir »


La seconde, Caroline Sinz, accuse, elle, des hommes en civil. « Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans », a-t-elle raconté, en faisant état « d’attouchements ». La journaliste et son cameraman ont ensuite été entraînés « manu militari » par un groupe d’hommes vers la place Tahrir et se sont retrouvés séparés.


« Nous avons alors été agressés par une foule d’hommes. J’ai été tabassée par une meute de jeunes et d’adultes qui ont arraché mes vêtements » et qui ont procédé à des attouchements répondant « à la définition du viol », a-t-elle poursuivi. « Quelques personnes ont essayé de venir m’aider sans y parvenir. J’étais lynchée. Cela a duré environ trois quarts d’heure jusqu’à ce qu’on puisse m’extraire. J’ai cru que j’allais mourir », a-t-elle dit, en ajoutant que le cameraman avait aussi été « tabassé ».


Finalement secourue par des Egyptiens présents sur les lieux, Caroline Sinz peut rejoindre son hôtel, où elle est assistée par l’ambassade de France au Caire.


Liberté de la presse menacée


« Jour après jour, des journalistes enquêtent et transmettent des articles sur des sujets qui peuvent leur valoir le harcèlement, des représailles physiques, l’arrestation, la prison, et même la mort. A l’occasion de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse, les journaux peuvent aider leurs lecteurs à mieux comprendre la contribution que ces journalistes apportent à la société, et les dangers qu’ils rencontrent en le faisant », a déclaré Timothy Balding, le CEO de l’AMJ.


« Dans de nombreux pays, les journalistes sont menacés, attaqués et même assassinés quand ils exercent leur rôle essentiel qui consiste à enquêter sur la corruption, le crime organisé, la violence politique et les autres exactions commises par ceux qui craignent d’être démasqués », a souligné M. Balding. « Dans la plupart des cas, les auteurs de ces crimes restent impunis. »


RSF souhaite que les rédactions n’envoient pas de femmes en reportage


« C’est au moins la troisième fois qu’une femme reporter est agressée sexuellement depuis le début de la révolution égyptienne. Les rédactions doivent en tenir compte et cesser momentanément d’envoyer des femmes journalistes en reportage en Egypte. C’est malheureux d’en arriver là, mais face à la violence de ces agressions, il n’existe pas d’autre solution », a déclaré « Reporters sans frontières ».


Et de réclamer une condamnation « forte et unanime en Egypte » : « Toutes les forces en présence – partis politiques, autorités religieuses, civiles et militaires – doivent rappeler que de telles violences sont inacceptables ».


Depuis la reprise des manifestations place Tahrir le 19 novembre, « Reporters sans frontières » a recensé une quinzaine d’agressions de journalistes.


En février dernier, Lara Logan, une journaliste américaine de CBS, avait elle aussi été agressée sur la place Tahrir par une centaine de manifestants.


Jeudi, la journaliste américano-égyptienne, Mona Al-Tahawy, arrêtée lors de sa participation aux manifestations de la place Tahrir, a indiqué sur Twitter qu’elle avait été victime de violences et d’agression sexuelle de policiers durant sa détention.


Les journalistes dans la ligne de mire


Alors qu’ils enquêtent sur des sujets sensibles, dévoilent des vérités dérangeantes et contestent des politiques douteuses, les journalistes se retrouvent souvent dans la ligne de mire de ceux qu’ils dénoncent directement ou indirectement dans leurs articles.

Face au harcèlement, aux menaces de violence et aux représailles physiques, partout dans le monde des journalistes continuent néanmoins de dénicher des faits troublants, de remettre en cause le statu quo et de dénoncer ceux qui commettent des crimes. Jour après jour, ils enquêtent et transmettent des articles qui peuvent leur valoir des poursuites ou leur coûter la vie. Nombreux sont ceux qui en paient le prix. A l’occasion de la Journée mondiale de la Liberté de la presse, l’Association Mondiale des journaux présentera l’histoire de certains de ces journalistes dont le travail dérange et peut parfois défaire les puissants.


Les journalistes que couvrent-ils, comment et à quel prix ?


Suite à ces violences intolérables, Reporters sans frontières (RSF) a appelé les rédactions à ne plus envoyer de femmes en reportage en Egypte. « C’est malheureux d’en arriver là, mais face à la violence de ces agressions, il n’existe pas d’autre solution », a estimé l’organisation de défense de la presse dans un communiqué, qui recense d’autres arrestations, notamment celle de la réalisatrice et documentariste américaine Jehane Nojaim et son cameraman Magdy Ashour, près du ministère de l’Intérieur. « Leur équipement a été confisqué. Ils devraient être prochainement présentés devant un tribunal militaire », précise RSF. Parmi nos consœurs, Dana Smilie, collaborant pour la télévision finlandaise, a également été interpellée dans le quartier du Moqattam (Le Caire) par la police militaire, avec le correspondant de la chaîne au Caire, ainsi que leur traducteur égyptien, « alors qu’ils filmaient des affiches électorales dans le quartier, note l’organisation. Leur chauffeur du taxi a également été arrêté. Transférés dans des bâtiments de l’armée, ils ont été brièvement interrogés, ajoute-t-elle. Leur équipement leur a été restitué. »


Ces nouvelles rappellent malheureusement un autre viol survenu au même endroit au début de l’année: celui de la journaliste américaine Lara Logan, le 11 février, jour de la chute d’Hosni Moubarak. De bien tristes affaires, qui viennent assombrir la si noble cause défendue corps et âme par les Egyptiens depuis plus de neuf mois: la liberté !


 


* AFP


* paris match


* le post

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