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« Intouchables » le film au triple AAA

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« Intouchables » semble destiné à poursuivre sa brillante carrière en France en attendant la sortie américaine et le remake hollywoodien. « Les valeurs que défendent ces films sont universelles à une époque où l’individualisme est roi », déclare Thibaut de Saint Maurice.


C’est un raz-de-marée : Intouchables d’Olivier Nakache et Éric Toledano affiche complet et a réuni près de 5 millions de spectateurs en douze jours. « On a senti que ça allait marcher dès la première projection pour les exploitants l’été dernier », dit Laurent Geissmann, programmateur de salles indépendantes.


Intouchables appartient à une veine comique qui repose sur le même fonctionnement que le Carnaval, où le temps d’un moment festif, les valeurs sont transgressées, les hiérarchies renversées et les idoles brûlées… Ici, c’est bien sûr la déférence envers le handicap, la commisération envers l’exclu.


Mais plus les millions de spectateurs s’alignent au box-office, plus il semble urgent de trouver les raisons du succès du film dans les phénomènes sociétaux ou les idées qu’il met en lumière, suivant en cela une tradition déjà ancienne de la critique d’art classique qui se donne pour rôle de juger la valeur esthétique des œuvres et de comprendre leur importance historique en fonction de ce qu’elles « expriment » d’individuel et de ce qu’elles « mettent au jour » de collectif.


Le phénomène Intouchables


Salles combles une heure avant la séance, rires francs, unanimes et généreux pendant la projection, émotion et silence recueillis à la fin, quand Driss s’éloigne, et applaudissements aux images des modèles réels qui ont inspiré le film mais aussi et surtout au moment où les noms des comédiens apparaissent au générique. 5 194 432 entrées en seconde semaine quand Tintin, blockbuster mondial, en est à 4 731 233 en troisième, un ajout de 95 copies sur la France (603 actuellement) et des spectateurs qui en sont déjà à leur troisième vision, le film est parti comme une flèche et ce succès ne semble pas sur le point de s’épuiser. Le projet de Toledano et Nakache a fait mouche et quelque chose se passe qui dépasse largement le cadre de cette honnête comédie, émouvante, composée sur la trame très classique de la conjonction des contraires et de l’amitié paradoxale.


Rencontre avec Philippe Pozzo di Borgo, à l’origine du film Intouchables


Le succès du film au box-office français a permis de redécouvrir le livre (et l’histoire vraie) dont il est inspiré. Le Second Souffle est un récit autobiographique de Philippe Pozzo di Borgo, aristocrate et ancien patron des champagnes Pommery. À la suite d’un grave accident de parapente qui le laissera tétraplégique, il embauche Abdel Sellou, un jeune algérien tout juste sorti de prison, comme auxiliaire de vie. C’est le début d’une extraordinaire histoire d’amitié entre les deux hommes que tout semble opposer…


C’est ce que voulait Philippe Pozzo di Borgo dont l’histoire (qu’il raconte dans un livre, le Second Souffle, Bayard) a inspiré les deux réalisateurs : « Rien de larmoyant ni de gentillet. » Dans le film, Philippe explique à l’un de ses amis que Driss « n’a pas de compassion » pour lui et qu’il l’a choisi pour cette raison comme auxiliaire de vie : « C’est ce que je veux : aucune pitié ! » Driss ne voit pas en Philippe un handicapé qu’il faudrait materner mais un homme dont la dignité n’est pas entamée.


Intouchables : une histoire d’hommes


Plus de 7 millions de spectateurs en moins de trois semaines ! Intouchables s’impose comme le film de l’année, et comme un phénomène de société. Explications


Le handicap, la banlieue, les beaux quartiers. Philippe, un riche aristocrate tétraplégique, accablé d’ennui dans un hôtel particulier parisien. Driss, un ex-taulard trimbalant sa grande carcasse entre les murs d’une cité périphérique. De ces ingrédients, un cinéaste sociologisant aurait fait un film à thèse sur l’étanchéité de ces deux mondes. Éric Toledano et Olivier Nakache, les réalisateurs d’Intouchables, ont décidé d’en faire une comédie. Un pari audacieux mais gagné haut la main : moins de trois semaines après sa sortie, leur film avait déjà réuni 7,3 millions de spectateurs. Mieux que Tintin et mieux que Harry Potter.


Bande annonce


http://www.youtube.com/watch?v=P5GLpeZxNzw&NR=1


Une rencontre bouleversante


François Cluzet a également rencontré Philippe Pozzo di Borgo peu de temps avant le tournage du film afin de recueillir les informations dont il avait besoin. Il observa Philippe afin de reproduire au mieux sa façon de bouger, de respirer et de parler. L’acteur, réputé pour s’investir à fond dans ses rôles, s’est dit bouleversé par cette rencontre.


Parlons un peu de ce duo d’acteurs. Ce qui est bluffant, c’est l’énergie qu’apporte Omar Sy au film. Ce type ne joue pas, il EST le personnage. À la fois drôle et touchant, il n’en fait jamais trop. Son personnage va redonner goût à la vie monotone et rébarbative du personnage de Philippe. Un rôle taillé sur mesure pour le comédien qui passe au niveau supérieur de ce qu’il avait fait auparavant. En ce qui concerne François Cluzet, il nous confirme juste son immense talent d’acteur avec une performance faciale. Un mouvement de lèvre, un regard et on comprend tout de suite où en est le personnage. L’alchimie entre ces deux acteurs opère dès la première scène. Et c’est encore l’un des nombreux atouts de Intouchables.


Mais ce succès signifie-t-il pour autant que l’on aurait moins peur, aujourd’hui, de tout ce que représente le handicap ? Tout d’abord, multiplier les débats, les actions qui rendent visible le handicap participe, de toute évidence, de la banalisation, donc de l’acceptation du handicap. Ou plus généralement de la différence.


La personne handicapée c’est l’autre, avec un grand A, le différent de moi. Donc, plus nous sommes amenés à voir, à vivre parmi des personnes « différentes », plus nous acceptons ces différences, moins elles nous inquiètent. C’est aussi simple que cela. Même si c’est loin d’être acquis, parce que c’est un long processus qui rencontrera toujours des résistances intérieures, inconscientes, mais avec plus de souplesse et de douceur.


En attendant, Gaumont se frotte les mains car le phénomène continue


C’est avec un sourire qui leur barre le visage que les spectateurs sortent des salles obscures et ils sont nombreux : en 3 semaines d’exploitation, le film dépasse les 7 millions de spectateurs. Carton qui dépasse nos frontières puisque le film est programmé dans une quarantaine de pays !


Deux duos qui font mouche : un duo d’acteurs et un duo de réalisateurs. Et pourtant Omar Sy, grande révélation de ce film, n’est pas nominé dans la catégorie « meilleur espoir » aux Césars. Une déception qui pourrait vite se transformer en joie s’il s’avérait qu’il était directement nommé en tant que meilleur second rôle voire meilleur acteur !


Bref, le film nous dit « je suis là pour être aimé », et le public, cette fois-ci, a répondu « d’accord ! »


Immense succès de cette fin d’année, Intouchables est le film antisinistrose de cette période bien sombre.


* 20mn.fr


* Lucid dreams

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