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Jean-Claude Trichet, l’homme fort de l’Euro

Parcours sans fautes

Diplômé de l’École nationale supérieure des mines de Nancy dont il sort en 1964, il suit ensuite un cursus en sciences économiques à Sciences Po Paris pendant deux ans. Il passe ensuite par l’ENA jusqu’en 1971 et devient inspecteur des Finances.
C’est alors qu’il enchaîne les hautes fonctions, conseiller technique à l’Élysée en 1978, directeur de cabinet d’Édouard Balladur au ministère des Finances en 1986, directeur du Trésor Public en 1987 pour finir gouverneur de la Banque de France en 1993.
À partir du 1er novembre 2003, il devient directeur de la Banque centrale européenne, à la suite de Wim Duisenberg.

L’homme fort de l’Europe

Jean-Claude Trichet restera dans les mémoires comme celui qui a révélé les deux visages des membres de la zone euro. Les Allemands le trouvaient trop souple, les Français trop rigoureux, certains hommes politiques l’ont même surnommé à plusieurs reprises « l’Ayatollah » de l’orthodoxie monétaire.
À l’époque de la création de l’euro, Jean-Claude Trichet est à la tête du Trésor public. À partir du 10 décembre 1991, lors du sommet européen durant lequel les états membres acceptent la monnaie unique, il va travailler d’arrache-pied afin de mettre en route le fonctionnement de la nouvelle monnaie. À l’époque, il est sceptique lorsqu’on lui demande de défendre le dossier de l’adhésion de la Grèce à la zone euro, malgré tout, il se charge de cette mission.
Dès la création de la BCE, Jacques Chirac veut imposer Jean-Claude Trichet à l’Europe. Un pacte aurait même été passé à l’époque avec Helmut Kohl, chancelier allemand, la banque à Francfort contre un directeur Français. Malheureusement, les Européens soutiennent le Néerlandais Wim Duisenberg. C’est pendant un conseil européen en mai 1998, six mois avant que l’euro soit mis en service, qu’un compromis sera trouvé. Wim Duisenberg cèdera sa place à Jean-Claude Trichet à mi-mandat.<!–jolstore–>

Arrivée de l’Euro

Lorsque l’euro arrive dans la poche des particuliers, les marchés suivent. Jean-Claude Trichet, homme rigoureux et ambitieux pour l’euro, se heurte régulièrement aux politiques qui ne le suivent pas toujours.
La règle était simple, le déficit budgétaire des états membres de la zone euro ne doit pas dépasser 3 % du PIB. En 2003, tous les pays européens sont disciplinés sauf deux, les plus puissants : la France et l’Allemagne. Le chancelier allemand Gerhard Schröder et Jacques Chirac font alors un pacte de stabilité afin de soutenir la croissance. Le conseil Ecofin décidera la non-application de ce pacte. Le message est clair pour Jean-Claude Trichet, les deux pays les plus forts de la zone euro ne veulent plus respecter les règles du jeu. Cette affaire ira devant la Cour européenne de justice qui rendra son jugement des années plus tard.

Premiers jours de crise

Quelques mois après la crise des subprimes, en 2007, l’activité des marchés est irrégulière, rien d’alarmant pour le moment mais l’Europe suit l’affaire de près. Puis les données changent, la crise contamine l’Europe, les banques nationales ne se prêtent plus d’argent, les circuits sont bouchés et la BCE doit agir. C’est alors que Jean Claude Trichet prend une décision mémorable, il soutiendra toutes les banques nationales. 95 milliards d’euros seront déboursés pour sauver la zone euro.
Puis l’Europe est véritablement rattrapée par la crise, mais encore une fois, Jean-Claude Trichet et la BCE sont derrière les banques nationales.

La crise des dettes

La crise grecque commence. Georges Papandréou vient de remporter les élections. Au fur et à mesure, les Grecs annoncent les vrais chiffres de leur déficit. Depuis le début ils mentent et leur déficit budgétaire est de 12 % de leur PIB. Jean-Claude Trichet devra alors se convertir en entraîneur d’une équipe qui n’a pas le même objectif. Paris veut agir vite pour sauver la Grèce, l’Allemagne fait la sourde oreille.
Puis l’euro est soudain en danger, la Grèce est en cessation de paiement, l’Espagne et le Portugal suivent le même chemin. Jean-Claude Trichet fait alors équipe avec Angela Merkel et Nicolas Sarkozy pour trouver une solution. Nous sommes en mai 2010 et 750 milliards d’euros sont libérés par la BCE afin de sauver l’euro.
Le 27 octobre dernier, toute la zone euro trouve un accord pour sauver, encore une fois, la monnaie unique. C’est à ce moment-là que Jean-Claude Trichet s’éclipse, laissant sa place et une zone euro plus que fragile à son successeur.

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