Site icon La Revue Internationale

La crise de la zone euro devient globale

draghi.jpgdraghi.jpg

[image:1,l]Vous pensez avoir des problèmes ? Le Cap-Vert a passé les dix dernières années à chercher un moyen de sortir de la pauvreté pour atteindre un statut de pays «à revenu intermédiaire ».
Mais la crise la zone euro est en train de mettre en péril cette escalade. Quels sont les principaux partenaires de cette nation insulaire d’Afrique de l’Ouest ? Le Portugal et l’Espagne.

Dans un monde globalisé, personne n’échappe à la crise de l’euro

La contagion – dans le sens de dommages collatéraux suite à une exposition directe ou indirecte au problème – ne concerne pas seulement la zone euro.

Avec la globalisation et l’interdépendance croissante des économies mondiales, une grande partie du monde est directement affecté par le biais des marchés financiers et du commerce. Le danger est que les investisseurs courent à l’abri, que les économies se recroquevillent sur elles-mêmes et que le chômage augmente. Les Etats-Unis, la Chine et l’Inde ont tous évalué ces périls. Les Etats Unis ont raison d’être préoccupés par l’impact que cette crise pourrait avoir sur leur conjoncture nationale.

[image:2,s]Les tout petits pays comme le Cap Vert, avec une population d’un demi-million de personnes, n’ont pas les moyens d’échapper à la tourmente : ils sont confrontés à une restriction de la demande sur leurs exportations et à une baisse des investissements étrangers.
La directrice du Fonds monétaire internationale, Christine Lagarde, tirait le signal d’alarme, dimanche 13 novembre : « Sans une solution à la crise de la zone euro, l’économie mondiale pourrait être entraînée dans une spirale décroissante, entretenue par un effondrement de la confiance, un affaiblissement de la croissance et une diminution de l’emploi. Cela affecterait toutes les nations, nous avons donc tous intérêt à résoudre cette crise. »
La chancelière allemande Angela Merkel a déclaré lundi que l’Europe est confrontée à « ses heures les plus difficiles depuis la Seconde Guerre mondiale. »

Ce qui est frustrant pour beaucoup de pays, c’est qu’ils ne peuvent que rester à regarder pendant que les leaders de la zone euro peinent à trouver un remède.

Mais, que peut faire l’Europe pour contenir la crise?

De nombreux experts ont appelé la Banque centrale européenne à assumer le rôle de prêteur de dernier recours, tout comme la Federal Reserve américaine pendant la crise hypothécaire. Les dirigeants des puissances du monde entier – parmi lesquels le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et le Premier ministre russe Vladimir Poutine – ont exhorté la BCE à faire de même. Et pour de bonnes raisons.

« La BCE est la seule institution de la zone euro qui peut contenir la crise », affirme Dimitrios Malliaropulos, analyste chez Eurobank EFG à Athènes. «Ils ont une puissance  illimitée. Si vous savez que la banque centrale a assez de réserves, vous ne vous risquez pas de l’affronter, car il est évident qu’elle vous briserait. »

L’achat de grandes quantités d’obligations d’État, en particulier celles de l’Italie et de l’Espagne – en quantités bien supérieures à celles achetées récemment par la BCE – apaiserait les craintes du marché et ferait baisser le coût des emprunts.

L’Allemagne s’oppose à un sauvetage « de dernier recours » de la BCE

Mais l’Allemagne, locomotive économique de la zone euro, considère que cette solution créerait de l’inflation et permettrait aux gouvernements de repousser la réforme de leurs économies. Jens Weidman, président de la puissante Bundesbank allemande, a rejeté cette idée, en arguant qu’une intervention de ce genre violerait le droit européen et que seulement les responsables politiques peuvent résoudre cette crise, en imposant des pratiques vertueuses et rigoureuses.

L’Allemagne rejette également la proposition de la France d’utiliser le nouveau fonds de sauvetage de la zone euro – appelé Fonds européen de stabilité financière – comme une banque, ce qui permettrait d’emprunter des fonds de la BCE.  

Michael Schroeder, analyste du Centre de recherches économiques européennes de Mannheim, en Allemagne, rappelle que  « l’inflation a des effets secondaires très négatifs ». « Structurellement, l’Italie et l’Espagne sont dans des situations beaucoup plus favorables que la Grèce » ajoute-t-il.

« Il y a de très fortes perturbations sur les marchés des obligations, mais je ne pense pas que l’Italie aie besoin d’aide en ce moment », affirme Schroeder. « Ce n’est pas le moment de faire autre chose que de veiller à ce qu’elle soit dirigée par un gouvernement stable. »

Draghi appelle les gouvernements à mettre de l’ordre dans leurs finances publiques

[image:3,s]Cependant, il n’y a pas que les Allemands à empêcher cette frénésie d’achat de dettes. Le nouveau gouverneur de la BCE, Mario Draghi, a déclaré, dans sa conférence de presse inaugurale du 3 novembre dernier, que c’est aux gouvernements, et non à la banque centrale, de maintenir la stabilité financière.
La recette que Draghi propose aux gouvernements pour développer les économies de leurs pays est la suivante : «D’abord, mettez de l’ordre dans vos finances publiques et, deuxièmement, entreprenez des réformes structurelles. »

Il considère « inutile » de penser que des interventions, comme l’achat d’obligations par la BCE, pourraient faire baisser les coûts d’emprunt souverain sur une « longue » durée. Il avertie que tout achat est temporaire et prévoit « un montant limité. »
« Ça ne rentre pas dans les compétences de la BCE que de devenir le prêteur de dernier recours pour les gouvernements » ajoute-t-il. « La vraie réponse consiste à compter sur la capacité des pays à se reformer avec des politiques économiques adéquates. »

Le fonds de sauvetage de l’UE ne sera pas suffisant pour sauver l’Italie

Le mois dernier, les dirigeants de la zone euro ont convenu de presque doubler le fonds de sauvetage, pour atteindre un montant d’environ 1000 milliards d’euros, mais cela ne serait pas suffisant pour renflouer l’Italie, la troisième plus grande économie d’Europe.

La Grèce, l’Irlande et le Portugal ont bénéficié de plans de sauvetage, mais la crise de la dette en Grèce a dégénéré quand les fonctionnaires de l’UE ont réalisé que le premier plan de sauvetage était insuffisant. A la crainte perpétuelle d’une faillite de la Grèce, se sont ensuite rajoutés les soucis sur la capacité de l’Italie de rembourser sa dette.
Mardi dernier, les coûts d’emprunt en Italie ont grimpé au-delà de 7% – le même niveau qui a forcé l’Irlande, le Portugal et la Grèce à chercher des sauvetages. Les coûts de la dette française et de celle espagnole ont également augmentés dans la même journée.

La crise de la zone euro ralenti le développement des économies émergeantes…

L’anxiété monte dans le monde entier. La semaine dernière, des responsables indiens et chinois se sont réunis pour des pourparlers économiques qui ont été monopolisés par la crise de la zone euro.  
Dans une déclaration conjointe, les deux nations les plus peuplées du monde ont déclaré que l’économie mondiale est dans une « phase critique » en raison de « l’incertitude sur la viabilité des dettes souveraines des certaines économies avancées. »
« Dans les marchés émergents, où la croissance est relativement forte, il y a des signes clairs de ralentissement, ce qui prouve que les développements dans les économies avancées commencent à peser sur ces économies », indique le communiqué.

…et la reprise des économies avancées

[image:4,s]Le dirigeant de la Federal Reserve, Ben Bernanke, croit que la crise de la zone euro est en partie responsable de la « lenteur frustrante » de la reprise économique.

Dans une conférence de presse du 2 novembre dernier, Bernanke affirmait : « Malheureusement, nous ne pouvons pas dissocier nos économies de l’Europe. Ce qui se passe là-bas nous affecte. C’est un triste constat. J’espère vivement que les Européens trouveront des solutions qui permettent aux marchés de se calmer et d’arrêter de souffler un vent négatif sur l’économie américaine. »
Christine Lagarde, directrice du FMI, a également averti que nous traversons une « décennie perdue »: « Aucun pays ne peut être à l’abri dans les circonstances présentes, quel que soit son niveau de développement ou sa distance de l’Europe ».

L’Amérique latine tient bien le coup

Néanmoins, bien qu’elle ne soit pas à l’abri, l’Amérique latine semble bien placée. L’agence de notation Fitch Ratings a récemment déclaré que, dans la plupart des pays d’Amérique latine, les filiales des banques européennes détiennent moins de 20% des actifs. Les interactions avec les banques affiliées sont loin de l’interdépendance qui expose d’autres marchés émergents au risque de contagion.
Malliaropulos, l’analyste de Eurobank, soutien que la Grèce n’a été qu’un « élément déclencheur » de la crise et que l’Italie « a été une proie facile, tout comme la Grèce, » à cause de l’architecture de la zone euro.

Dans un discours tenu devant les membres de son parti démocrate-chrétien, Angela Merkel a fait allusion aux réformes proposées de l’UE. Elle a affirmé que des réformes dans la « gestions des budgets » sont nécessaires et que les pays membres pourraient avoir besoin de « faire plus » pour s’aider eux mêmes.  

GlobalPost / Adaptation Melania Perciballi pour JOL Press

Quitter la version mobile