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La question de la Palestine après le vote de l’UNESCO

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Le vote de l’UNESCO en faveur de la Palestine

L’UNESCO a pris une décision risquée, coûteuse, mais bienheureuse. Elle a admis parmi ses États membres, la Palestine, malgré les menaces des États-Unis et d’Israël de retirer leur soutien financier à l’organisation onusienne. En effet, 107 pays ont voté pour, 52 se sont abstenus et 14 ont voté contre cette adhésion. Le budget de l’UNESCO a donc été amputé de 22 % de son budget, soit de 80 millions de dollars US. « La mission de l’UNESCO est de contribuer à l’édification de la paix, à l’élimination de la pauvreté, au développement durable et au dialogue interculturel par l’éducation, les sciences, la culture, la communication et l’information » (http://www.unesco.org). Donc, les États-Unis punissent les bénéficiaires de ces programmes parce que l’organisation qui coordonne ces programmes a décidé d’appliquer une des règles les plus importantes de la Charte de l’ONU.  L’article 1, alinéa 2 de la Charte des Nations unies de 1945 mentionne qu’un des buts de l’ O.N.U. est « de développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes, et prendre toutes autres mesures propres à consolider la paix du monde ».

Le point de vue israëlien

De son côté, moins puissant, mais tout aussi menaçant, l’État Israël menace de construire 2 000 logements sur le territoire palestinien, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Le gouvernement israélien menace aussi de geler temporairement les transferts de fonds destinés à l’Autorité palestinienne qu’Israël impose en droits de douane aux produits importés en Palestine. Ces transferts représentent 30 % du budget palestinien.

Israël n’agit peut-être pas rationnellement dans ce dossier; ils ont peur ou craignent de perdre du prestige ou du territoire. Mais quelle mesquinerie de la part des États-Unis! En retirant leur soutien à l’organisation onusienne, devraient-ils perdre leur siège au Conseil de sécurité de l’ONU? Le méritent-ils? Évidemment, nous savons tous que même sans ce siège au Conseil ou même à l’ONU, les États-Unis jouissent d’un droit de véto sur la plupart des évènements internationaux. Leur puissance militaire et financière étant garante de leur influence et de leur puissance diplomatique.

La position américaine

L’argument américain : la Palestine n’a pas négocié son indépendance avec l’État d’Israël. La Palestine n’est pas la seule nation à vouloir s’extirper du joug d’un autre État. D’ailleurs, une négociation suppose une discussion entre deux entités. Cette négociation est inégale, le monde devait intervenir. L’UNESCO l’a fait. Grand bien leur fasse.

D’ailleurs, dans l’histoire, tous les pays qui se sont déclarés unilatéralement souverains n’ont pas tous reçu l’accord du pays duquel ils se dissociaient. Les autres nations ont fini par les accepter. C’est le cas des quatorze anciennes républiques soviétiques, en 1990-91; de l’Italie en 1859 et de l’Allemagne en 1870 qui quittaient l’empire austro-hongrois; de la Norvège qui quittait la Suède en 1905, des pays issus de la décolonisation française durant les années 1960.

La question de la reconnaissance de la souveraineté

Ces pays n’ont pas négocié leur souveraineté avec le pays hôte. Évidemment, le droit international a évolué depuis ces époques, il existe cependant un certain vide politique sur le sujet, toutefois l’usage veut qu’un pays soit souverain quand ses pairs (les autres pays) le reconnaissent comme tel et ceux–ci ont tendance à le faire quand la majorité de la population de ce pays soutient ce projet. Dans le cas palestinien, ces conditions sont remplies. Les Palestiniens, nul en doute, ont la volonté d’obtenir l’autonomie étatique et la Palestine vient de recevoir une certaine sanction internationale; les 107 votes favorables à l’entrée de la Palestine au sein de l’UNESCO comme État membre à part entière en font foi.

La Palestine marche vers sa pleine autonomie politique (si cela est aujourd’hui possible). 16 autres organisations intergouvernementales pourraient imiter l’UNESCO puisque le vote n’est pas établi selon le taux de financement qui favorise les États-Unis. Ceux-ci sont moins inquiets de quitter l’UNESCO, qu’ils le seront de quitter l’Organisation mondiale de la santé ou l’Agence Internationale de l’Énergie atomique, par exemple. Un bras de fer est entamé. Parions que les États-Unis trouveront d’autres trucs dans leur chapeau.

Un jour, comme l’a fait Nixon avec la Chine, les États-Unis diront peut-être qu’ils sont fiers de reconnaitre la Palestine. Pourquoi ne pas le faire maintenant? Pourquoi ne pas inviter la Palestine à s’assoir au concert des nations avec tous les privilèges que cela procurent ainsi que les devoirs et les responsabilités que cela exigent?

La question palestinienne

La Palestine est assurément une nation, qui peut en douter? Cent sept pays le croient. Les États-Unis ne peuvent continuer de refuser la voix du monde ? Ils demandent à la Palestine de négocier avec Israël alors qu’eux refusent d’entendre une si grande majorité internationale. La protection de l’État d’Israël est évidemment louable, mais la marginalisation et l’amputation des droits du peuple palestinien ne favorisent aucunement la sécurité d’Israël. L’accompagnement des États-Unis et d’Israël dans la démarche palestinienne aurait favorisé un apaisement dans la région.

L’élection de Barack Obama était porteuse de beaucoup d’espoir pour la paix mondiale, cependant les agissements de son gouvernement sont plus odieux que jamais. Ils sont faits aux yeux de tous,  sans aucune hypocrisie.

J’ai pensé qu’il serait intéressant de connaître les quatorze pays qui ont voté contre l’admission de la Palestine à l’UNESCO : États-Unis, Israël, Canada, Allemagne, Australie, République Tchèque, Pays-Bas, Lituanie, Palau, Panama, Samoa, Îles Solomon, Suède, Vanuatu.  

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