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La réélection d’Obama est possible, elle sera serrée

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[image:1,l]Seul président démocrate réélu depuis Roosevelt en 1944, Bill Clinton s’y connaît en campagne électorale et, davantage encore, en marketing politique. Nul doute que Barack Obama lira avec intérêt Back to work, le dernier ouvrage de l’ancien président dans lequel celui-ci rend hommage aux décisions de politique économique prises par l’administration sortante, tout en déplorant qu’une succession de ratages dans la communication n’ait pas permis d’en tirer tous les profits politiques escomptés.


À un an, et déjà un peu moins, du scrutin du 6 novembre 2012, un certain nombre d’indices jettent un voile sombre sur les perspectives de réélection de Barack Obama. Pourtant, il garde toutes ses chances à condition de réussir une belle campagne électorale, « à la Clinton ».


Vers une élection de crise


[image:7,s]Après les attentats du 11 septembre 2001, la présidence de George W. Bush, à peine entamée, s’est retrouvée placée sous le thème de la sécurité, sécurité à l’intérieur et sécurité à l’extérieur des frontières américaines. Malgré les risques persistants de terrorisme, malgré la poursuite d’opérations militaires à l’étranger, malgré les « printemps arabes » et la nouvelle donne qu’ils font naître, la sécurité ne fait plus recette. Comme le démontrent, parmi d’autres, les Indignés du mouvement Occupy Wall Street, l’enjeu majeur, c’est l’économie alors que se profile une élection de crise.


Pas le meilleur moment pour une campagne électorale


Sale temps pour les sortants… Alors que le monde entier s’enfonce dans la crise, que la perspective d’une récession se profile, les exécutifs en place, soumis à des échéances électorales, rencontrent des difficultés à obtenir la prolongation de leurs mandats. Pire encore, d’Athènes à… Rome peut-être bientôt, ils voient carrément leur mandat interrompu. Aux États-Unis, les élections de mi-mandat, en novembre 2010, ont été calamiteuses pour le camp démocrate, et Barack Obama, candidat à un second mandat depuis le 4 avril 2011, n’aborde pas la prochaine campagne dans l’environnement le plus propice. Il doit faire face à une panne sans précédent de son économie.


Le chômage, principal adversaire d’Obama ?


[image:2,s]Si le taux de chômage et le sous-emploi ont légèrement reculé aux États-Unis en octobre, le marché de l’emploi y reste particulièrement dégradé. Alors que jusqu’en 2008, avant le début de la crise, le taux de chômage tournait autour de 3 ou 4 %, 9 % de la population active sont au chômage en octobre – contre 9,1 % en septembre. Avec 95 000 inscrits de moins, la baisse est cosmétique. Le nombre de chômeurs s’élève à 13, 897 millions, du jamais vu depuis les années 1930
Pire encore, le taux de chômage étendu ou réel, c’est-à-dire comprenant les travailleurs à temps partiel (et qui souhaitent travailler plus) ainsi que les inactifs découragés, atteint les 16,2 %, contre 16,5 % au mois précédent. Compte tenu de la faiblesse de la protection sociale outre-Atlantique et de la rapidité à laquelle une perte d’emploi risque de conduire à la précarité, il est peu surprenant que l’emploi se profile comme la problématique dominante de la campagne.


Comme le rappellent, régulièrement, les commentateurs, jamais un président n’a été réélu avec un taux de chômage supérieur à 7,4 %. Deux précédents inquiétants pour Barack Obama : le républicain Gerald Ford en 1976 et le démocrate Jimmy Carter en 1980 mais, dans les deux cas, il semble bien que les faiblesses personnelles de ces présidents sortants, et les maladresses commises, aient scellé leurs sorts.


La « magie » Obama s’est essoufflée


Après être passée pour la première fois sous la barre des 40 % en août 2011, la cote de popularité de Barack Obama oscille désormais autour de 45 %. Il n’y a rien d’irréversible à ce jour mais une chose est sûre, sa réélection – si réélection, il y a – n’aura rien à voir avec la marche triomphale de 2007-2008.


Des erreurs et maladresses de communication


[image:3,s]C’est cet aspect de la présidence Obama qui conduit Bill Clinton à tirer le signal d’alarme. L’ancien président déplore l’incapacité à mettre en valeur les choix – qu’il juge opportuns – de politique économique et à dénoncer l’obstruction – de bonne guerre, malgré les circonstances – menée par les républicains au Congrès.
Dans l’esprit américain, la difficulté doit être combattue collectivement, et les électeurs semblent se désolidariser d’un président qu’ils jugent incapable non seulement de les sortir de ce bourbier mais aussi de leur indiquer la voie à suivre.
Quand la situation est difficile, les Américains se raccrochent à leur foi. Non pas religieuse mais nationale. Or Barack Obama ne sait pas parler de « l’exceptionnalisme américain ». Il s’est montré incapable de redonner foi à son peuple et son « Yes we can » s’est révélé bien impuissant.


La fin de l’exception Obama


[image:6,s]Lors du sommet du G20 à Cannes, vendredi 4 novembre, Nicolas Sarkozy a salué son homologue – et ami – en déclarant qu’en France il n’était pas seulement « le président des États-Unis » mais « le président Obama ». Oui, Barack Obama est bien le président Obama… mais, avant que l’histoire ne reprenne le dessus, la gestion quotidienne a eu raison de l’Obama-mania qui avait accompagné l’entrée à la Maison-Blanche, pour la première fois, d’un descendant d’Afro-Américains.
Sa campagne de réélection sera, à n’en pas douter, bien moins spectaculaire que celle de 2007-2008 quand, sur un message de « changement » et « d’espoir », il avait terrassé la favorite des primaires démocrates, Hillary Clinton, avant de triompher de John McCain.
La campagne de 2012 « ne va pas être aussi sexy. Elle n’aura pas autant le goût de la nouveauté. J’ai les cheveux plus gris, je suis cabossé de partout », a-t-il affirmé lors d’une récente tournée en Californie. « Les gens sont fatigués, usés. Ils sont épuisés et souffrent, l’énergie de 2008 va donc devoir être générée autrement », reconnaît-il.


Une dose de lucidité qui devrait rassurer ses partisans.


Des raisons d’espérer pour le camp Obama…


Pour ce qui est de la campagne électorale stricto sensu, il dispose tout de même d’atouts non négligeables.


Pour prime au sortant, un trésor de guerre considérable


[image:5,s]Malgré les statistiques économiques, malgré les sondages, Barack Obama a fait, jusqu’ici, le plein des donateurs. Comme la plupart des présidents sortants, il profite de la caisse de résonance et de la logistique de la Maison-Blanche.
Autre avantage, à la différence de son challenger républicain, il n’aura pas passé un an à affronter les adversaires de son camp pour s’extirper de primaires interminables. Ainsi, dans son premier clip de campagne rendu public, ce 6 novembre, il ne fait aucune mention de ses adversaires potentiels mais défend son bilan, et, plus encore, sa détermination à œuvrer à la reprise en ayant à cœur le bien de la classe moyenne.
Même si les thématiques économiques dominent, la Maison-Blanche s’efforce aussi de mettre en avant son bilan en matière de sécurité nationale avec la mort d’Oussama Ben Laden, l’affaiblissement d’Al-Qaïda mais aussi le retrait, en cours, des troupes américaines en Irak et en Afghanistan.


Les faiblesses de l’opposition


[image:4,s]Parfois, il faut aussi compter sur les faiblesses ou les divisions de ses adversaires. S’il est trop tôt pour juger définitivement de la qualité des candidats aux primaires républicains, il est certain que Barack Obama bénéficierait d’une course serrée au cours de laquelle le, la ou les favoris peineraient à se détacher. À l’heure actuelle, si Mitt Romney paraît être le plus solide des candidats déclarés, rien n’est fait à moins de deux mois des premiers caucuses.
La campagne des primaires républicaines, sous l’influence des candidats proches du Tea Party, semble s’être engagée très à droite. Or, plus cette campagne sera radicale, plus elle risque d’accoucher d’un candidat qui trouvera difficile, si ce n’est impossible de réussir le recentrage indispensable à toute victoire en novembre 2012.


Aujourd’hui, Barack Obama peut encore espérer décrocher un second mandat de président des États-Unis dans un an. Une chose est certaine, il devra jouer serré – sans même présager des développements à venir dans le contexte économique et politique global. Mais, il sera sans doute rassuré de savoir que, dans le pire des cas, il pourra toujours compter sur le soutien de Bill Clinton.


Pour suivre, au jour le jour, la campagne américaine sur JOL Press, consultez notre section spéciale Elections USA


 

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