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Le clergé de la cathédrale de St-Paul et le mouvement Occupy London

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Mardi aurait dû être un jour historique pour le campement de Occupy London Stock Exchange qui a été alesti le long de la Cathédrale de St-Paul. Les manifestants s’attendaient à ce que le doyen de la cathédrale se rende au tribunal pour les faire déloger.


Le clergé suspend l’action en justice contre les occupants


Mais dans une des plus grandes volte-face de la vie publique depuis des nombreuses années, l’évêque de Londres, le docteur Richard Chartres a annoncé que le Conseil du clergé de la Cathédrale de Saint-Paul a décidé de suspendre son action en justice.


Dans une déclaration qui faisait remarquer que c’était le jour de la Toussaint, l’évêque affirme : « Les sonnettes d’alarme sont en train de sonner dans le monde entier. Saint Paul a entendu cet appel. La décision d’aujourd’hui veut témoigner que les portes sont encore plus ouvertes non seulement sur les questions de ceux qui campent autour de la cathédrale, mais aussi des millions d’autres personnes dans ce pays et partout dans le monde. »


Le Président de la Corporation of London annonce une pause pour trouver une solution


L’annonce de l’évêque a été suivie l’après-midi par une déclaration du Président de la Corporation of London Stuart Fraser : « L’église a changé son point de vue et annoncé qu’elle suspendra l’action légale sur son terrain. Suite à ce changement, nous avons mis en pause l’action légale concernant la voie publique, afin de supporter le choix de la cathédrale, une importante institution nationale, et de laisser du temps à la réflexion… Nous espérons utiliser cette pause, qui durera que quelques jours, et non pas quelques semaines, pour trouver une solution mesurée. »


Une occupation bien organisée pour des revendications variées


[image:2,s]Mardi le campement était plein comme d’habitude. La Cathédrale Saint-Paul est un immeuble gigantesque, inséré dans un espace urbain restreint. Les tentes des manifestants de Occupy London sont entassées dans un espace courbé sur les côtés ouest et nord du chef-d’œuvre architectural de Christopher Wren.


Comme à New York, le campement est incroyablement bien organisé et autogéré pour les questions liées à l’ordre et à l’hygiène. Il est également bien équipé pour les exigences concrètes : la nourriture, les toilettes, les communications, le traitement médical et les conseils juridiques, si nécessaires.


Cela ne veut pas dire que la protestation elle-même soit clairement dirigée. Il y a des pancartes à profusion qui plaident pour des causes très variées : du stop à la guerre, aux alternatives aux capitalismes à la fin des expériences sur les animaux.


Les habitants de Londres à la fois sceptiques et compréhensifs


Cela explique l’admiration et la curiosité génuine que l’action des occupants inspire aux travailleurs qui passent à côté du campement.


Theda Kimmerling, un comptable qui travaille dans la ville a déclaré : « Je soutiens le capitalisme. Je ne supporte pas les excès du capitalisme que nous voyons autour de la culture du bonus. » Il a grandi en Afrique du Sud et il se demandait ce que les manifestants espéraient obtenir par une manifestation non hiérarchisée. Il pensait à voix haute au massacre de Sharpe Ville – une manifestation massive qui s’est terminée dans un bain de sang après que la police a ouvert le feu dans la commune, en déclenchant le mouvement anti-apartheid – en se demandant si les manifestants seraient prêts à sacrifier leurs vies pour faire valoir leur point de vue.


Les limites de la démocratie ouverte ont été exposées à l’assemblée générale de 13 h 30, mardi dernier, un forum ouvert pour discuter des affaires de Occupy. Un homme d’origine africaine, habillé avec des vêtements sombres et une couronne très étrange, a dévié le débat avec une harangue comique basée sur son Livre Saint du Gouvernement racial.


Après cinq minutes, on lui a poliment demandé de s’asseoir. Il a refusé. Les organisateurs ont essayé de le pousser loin. « C’est parce que je suis noir ? » il rigolait, en refusant de se déplacer. La police a observé la scène, sans bouger.


Finalement, la réunion s’est terminée dans les marmonnements selon lesquels le garçon était un provocateur payé. C’est une possibilité : l’homme était bizarre, mais pas fou. En tout cas, les organisateurs ont été incapables de rétablir l’ordre.


Dans une petite rue piétonne à côté de la scène, Eloisa, la directrice du bar à vin Dion, commentait de manière philosophique sur la protestation. Son entreprise est fermée. La semaine dernière, une fête prévue pour 250 personnes a été annulée : « Ne vous méprenez pas. Je comprends pourquoi ils sont là, mais l’entreprise doit continuer. Sinon je vais être obligée d’aller dormir dans une tente avec eux ».


L’évacuation des manifestants ne devrait pas tarder


[image:3,s]Maintenant que la cathédrale a reconnu les droits des occupants sur sa propriété, la menace principale pour la survie de Occupy London arrive de la City of London Corporation.


Dans la tente des conseils juridiques, j’ai parlé avec Terry (Il n’a pas voulu donner son nom entier). Terry n’est pas un avocat mais il dit « J’ai une grosse expérience des pratiques légales… en tant que défendeur. » Il croit que la pression va monter la semaine prochaine. Deux événements majeurs sont attendus qui ont normalement lieu à Saint-Paul : le spectacle du Lord Mayor, une reconstitution historique et le Dimanche du Souvenir.


Suivant la déclaration de Stuart Fraser selon laquelle la pause va durer des jours et non pas des semaines, la recherche d’une expulsion légale devrait reprendre la semaine prochaine.


GlobalPost/Adaptation Melania Perciballi

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