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Les Français, l’Europe et la souveraineté des États

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[image:1,l]Comprendre pour mieux réagir


Depuis son lancement en septembre 2011, JOL Press n’a eu de cesse d’interroger le monde et ses acteurs. Pour mieux comprendre les enjeux qui nous entourent et mieux anticiper sur les grands mouvements politiques, économiques ou sociétaux qui agitent la planète bleue. En effet, à l’heure de la globalisation, aucun sujet ne peut s’analyser, sans en prendre sa mesure internationale. C’est pourquoi JOL Press a décidé de bousculer les frontières et de chercher les réponses en prenant de la hauteur.


Aujourd’hui plus que jamais, face à l’immense crise qui secoue l’Europe, JOL Press a souhaité aller plus loin. Avec l’aide d’Harris Interactive, JOL Press a choisi d’interroger les Français sur l’Europe et la crise de la dette. Ce sondage est riche d’enseignements. Relative homogénéité dans les réponses des sondés, volonté de voir les pays s’engager dans des actions individuelles, y compris pour certains l’acceptation d’une hypothèse d’achat de dettes française, critique forte quant à l’efficacité des institutions de Bruxelles, tout en exprimant un réel désir de voir l’Europe évoluer vers davantage de contrôle budgétaire… autant d’opinions qui participent d’une volonté de changement dans la continuité.


De la souveraineté des États…


À la lumière du sondage, il apparaît que si la majorité des Français se montre attachée à la souveraineté nationale de chacun des États membres et souhaite que chacun puisse prendre des initiatives individuelles face à la crise sans nécessairement avoir l’accord de tous les partenaires européens (64 %), près de la moitié d’entre eux revendique néanmoins un plus grand contrôle des budgets des pays membres par la Commission européenne et une moins grande autonomie de chacun des pays (45 %). Aujourd’hui, moins d’un tiers des Français indique qu’il serait certainement ou probablement prêt à racheter de la dette française à des taux d’intérêts équivalents à ceux du marché, dont seulement 6 % certainement.


… et de la pertinence de l’Union européenne


En revanche, les Français se montrent très critiques à l’égard de l’action des institutions européennes pour faire face à la crise : seuls 16 % jugent qu’elles se sont montrées efficaces pour limiter les effets de la crise financière et les dangers pesant sur la zone euro. Ils sont également mitigés sur les effets que pourrait avoir le rachat, par la Banque centrale européenne, d’une partie importante des dettes des États de la zone euro. Si 59 % estiment que cela ferait baisser la spéculation sur la dette et 50 % que cela enraierait la propagation de la crise à d’autres États, 56 % jugent également que cela dissuaderait les États de faire de réels efforts pour réduire leurs déficits et 53 % que cela pourrait favoriser l’inflation dans la zone euro.


[image:2,l] Une souveraineté nationale, avec des initiatives individuelles « encadrées » ?


Près des deux-tiers des Français (64 %) sont favorables à ce que chacun des États de l’Union européenne puisse prendre des initiatives individuelles pour lutter contre sa dette publique, sans nécessairement avoir l’accord des autres pays européens. Cependant, 67 % de ceux qui pensent que chacun des États de l’UE doit avoir nécessairement l’accord des autres pays membres avant de prendre des décisions pour lutter contre la crise, se déclarent toutefois en faveur d’un plus grand contrôle, mais c’est aussi le cas de 39 % de ceux qui défendent l’idée de pouvoir décider seul.


La question du rachat de la dette française


Aujourd’hui, seuls 6 % indiquent qu’ils achèteraient certainement de tels titres à des taux comparables à ceux pratiqués par les banques et 24 % probablement. À l’inverse, 65 % ne l’envisagent pas, et même plus d’un tiers (34 %) est totalement fermé à cette idée.


Dans le détail, on constate que les hommes se déclarent plus susceptibles de participer certainement à ces rachats que les femmes (8 % contre 4 %). De même, les personnes âgées plus que les jeunes estiment qu’ils rachèteraient probablement une partie de la dette (de 34 % chez les 65 ans et plus à 21 % chez les 18-24 ans), tout comme les catégories supérieures davantage que les catégories populaires (30 % contre 15 %) et les plus riches davantage que les ménages pauvres (de 33 % chez les ménages ayant des revenus nets de plus de 5 000 € à 21 % chez ceux ayant des revenus de moins de 1 200 €).


[image:3,l]Les institutions européennes jugées inefficaces


Les Français se montrent très critiques à l’égard de l’action des institutions européennes pour faire face à la crise : seuls 16 % jugent qu’elles se sont montrées efficaces pour limiter les effets de la crise financière et les dangers pesant sur la zone euro tandis que 78 % dénoncent leur inefficacité, 49 % pensant qu’elles n’ont plutôt pas été efficaces et 29 % pas du tout efficaces. Ce constat est partagé par toutes les catégories de population, même si les sympathisants de Droite se montrent moins sévères envers les institutions européennes (27 % estimant qu’elles ont été efficaces contre 13 % à Gauche). Notons ainsi que même les personnes souhaitant un plus grand contrôle des budgets des pays membres par la Commission Européenne et celles appelant de leurs vœux une concertation obligatoire des pays membres dans la lutte contre les dettes publiques font très majoritairement le constat d’une inefficacité des institutions européennes jusqu’à aujourd’hui (respectivement 79 % et 75 %).


Le rôle controversé de la CE


Les Français se montrent également partagés sur les effets que pourrait avoir le rachat par la Banque centrale européenne d’une partie importante des dettes des États de la zone euro. S’ils anticipent des effets positifs, ils craignent également des effets pervers. Ainsi, 59 % se rangent à l’argument selon lequel cela ferait baisser la spéculation sur la dette (contre 30 % qui ne sont pas d’accord) et 50 % jugent que cela enraierait la propagation de la crise à d’autres États (contre 39 % qui ne sont pas d’accord). Mais 56 % estiment également que cela aurait pour effet pervers de dissuader les États de faire de réels efforts pour réduire leurs déficits (contre 34 % pas d’accord) et 53 % que cela pourrait favoriser l’inflation dans la zone euro (contre 36 % pas d’accord).


Les ambivalences d’un désir double : plus de contrôle européen, mais aussi plus d’autonomie des États ?


On le voit, face à une crise dont ils ne maîtrisent pas réellement les mécanismes et dont ils ne comprennent pas nécessairement très bien les causes et les solutions, les Français se montrent sensibles à la fois aux arguments pour et contre un investissement massif de la Banque centrale européenne par le rachat de dettes souveraines. Dans le détail, on constate que les hommes sont plus sensibles aux arguments en faveur d’un tel rachat, tout comme les personnes âgées et les membres des catégories supérieures. Relevons également que si les sympathisants de Droite se rangent majoritairement aux arguments en faveur d’un tel rachat, ils se montrent plus sensibles que les sympathisants de Gauche à l’argument qui consiste à y voir un risque de déresponsabiliser les États (63 % contre 51 %). Cette crainte est forte. Pour autant, le sondage montre que majoritairement les Français restent attachés à l’Europe, une Europe qu’ils veulent plus efficace, avec des contours d’action mieux définis. Pour autant, ils souhaitent que les États conservent leur rayon d’action. Responsabilité, efficacité et modernisation des institutions sont les maîtres mots d’une France qui semble appeler de ses vœux une sorte de « changement dans la continuité ».

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