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Les « Indignés » à l’heure des choix

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Pas d’objectif précis


Six semaines après que les premiers manifestants ont planté leur drapeau à New York, les mouvements Occupy, qui se sont répandus dans tout le pays, ne dressent toujours pas de liste exacte de revendications, ne publient pas d’agenda, pas plus qu’ils n’évoquent d’idées pour leurs prochaines actions. 
Les manifestants sont les premiers à admettre qu’ils n’ont pas d’objectif précis. Certains ont peur de cette indécision, pendant que d’autres pensent qu’il est encore trop tôt pour définir un jeune mouvement aussi dispersé.


Le manque de cohésion dans les actions menées a éveillé quelques questions sur l’avenir du mouvement, particulièrement en ce moment, alors que l’hiver arrive et que les villes voudraient bien commencer à nettoyer, derrière le passage des manifestants.


La répression policière a rendu service à Occupy


[image:3,s]Malgré tout, à les entendre, ils sont confiants en raison de l’élan qu’ils ont déjà su faire naître, en particulier grâce à la répression de la police. Ils résoudront cette menace. « Nous ne pouvons pas échouer. Nous sommes devenus trop importants pour échouer », déclarait Shon Kae, un organisateur d’Occupy Oakland.


Dans tous les cas, pour le moment, les manifestants n’ont pas l’air décidés à bouger.


Partout dans le pays, la répression de la police n’a abouti qu’à encourager le mouvement, à attirer de nouveaux « indignés » et à offrir une publicité gratuite à la « cause ». À Oakland, la semaine dernière, plusieurs milliers de personnes étaient dans les rues, au lendemain d’affrontements nés d’une descente de police sur deux camps. Un manifestant au moins, Scott Olsen, a été sérieusement blessé pendant les affrontements. L’image de ce vétéran de la marine, en sang, porté dans les rues, est devenue un thème de mobilisation pour le Mouvement. Les répercussions de ces images sur les manifestants ont été immédiates.


Les politiques faiblissent devant Occupy


[image:2,s]La conseillère juridique du maire d’Oakland, Jean Quan, a même déclaré avoir songé quelques instants à démissionner, face aux affrontements. Elle s’était fait huer alors qu’elle souhaitait s’adresser à la foule. Elle s’est excusée par le biais d’une vidéo postée sur Facebook, et les a autorisés à revenir dans le parc devant la mairie, tout en les suppliant de ne pas y camper la nuit.
Le groupe s’est alors empressé d’installer une dizaine de tentes, ainsi qu’une cuisine, une infirmerie, un jardin d’enfants, et même une zone spéciale « acupuncture ». La police a gardé ses distances.


À Denver, où les policiers se sont battus contre les manifestants ce week-end, une activiste, Jeannie Hartley, confirme qu’elle a vu, suite aux incidents, plus de monde descendre dans les rues. « Une femme qui a vu les affrontements à la télé samedi est descendue dans la rue avec son mari et ses enfants. »


Après que des manifestants ont été arrêtés par la police deux nuits d’affilée la semaine dernière, « des gens, de partout, sont venus rejoindre le mouvement », confirme Buck Gorrell, un activiste de Nashville. Il déclare que les membres du conseil municipal ont apporté leur soutien au mouvement. Récemment, l’on comptait 4 000 personnes à regarder en ligne les protestations, dans l’attente de la descente de la police. Lundi, un juge fédéral a accordé une injonction temporaire que sollicitait l’American Civil Liberties Union (ACLU, Union américaine des libertés civiles, association new yorkaise) au nom des manifestants de Nashville, avec cette conséquence importante : empêcher l’État de poursuivre les arrestations.


À Nashville comme à Denver, l’occupation suit son cours.


Faut-il des objectifs ?


[image:5,s]Avec la poursuite des protestations, viennent les questions sur les objectifs à long terme. Et sur ce sujet, les manifestants ne sont même pas d’accord entre eux. Faut-il oui ou non exprimer de vrais objectifs ? Des désaccords bien naturels : les idées politiques des membres sont aussi éclectiques et hétérogènes que les membres eux-mêmes. Parmi les revendications : une législation pour arrêter les saisies, la fin de la violence policière et de la corruption politique, l’arrêt des coupes franches dans la sécurité sociale, un meilleur accès aux soins médicaux.


À Portland, Matt Denney, 24 ans, constate que son groupe est divisé entre ceux qui veulent établir des objectifs précis et ceux qui ne le veulent pas. « Je pense que c’est ce qui va diviser plusieurs camps ».


À Occupy Denver, Gettleman estime qu’il ne s’agit en aucun cas d’une menace. « Je pense qu’il est vraiment trop tôt pour décider de donner une finalité précise à Occupy Wall Street. »


Une politique du consensus un peu lente


Le mouvement ne s’est pas donné vraiment de structure, des chefs ou une hiérarchie décisionnaire. Les manifestants décident tout par consensus, quelquefois en recueillant l’avis de plusieurs centaines ou plusieurs milliers de d’« Indignés ». D’où un processus de décision compliqué, même pour les questions mineures telles que le déplacement des tentes. Établir une liste d’objectifs serait alors encore plus compliqué.


En attendant, une question importante va s’imposer : l’argent.
Le mouvement Occupy à New York a reçu 500 000 dollars de dons. Récemment, il a redistribué 20 000 dollars à Occupy Oakland. À la question que faire de cet argent, Shon Kae se fend la poire. « Nous n’avons encore rien décidé. » Le groupe n’a pas de trésorier ni d’endroit pour placer l’argent, a-t-il expliqué. « Je pense que ce sera l’objet de très longs débats avec beaucoup de monde… »


Global Post/Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

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