Site icon La Revue Internationale

Les Islamistes du PJD terminent en tête

Après deux jours de décomptes et de récomptes, la Commission nationale de recensement a achevé ses travaux conformément au pacte adopté par les partis en lice pour garantir la transparence du scrutin. Résultat : 107 sièges pour les Islamistes du Parti de la Justice et du Développement (PJD) devant le Parti de l’Istiqlal (60 sièges).


Plus de 13,4 millions de Marocains s’étaient inscrits sur les listes électorales pour participer aux élections législatives du vendredi 25 novembre. Plus de 30 partis présentaient 7 102 candidats pour élire les 395 députés de la chambre basse du Parlement marocain. 23 % de ces candidats étaient des candidates et seul le Parti de l’Istiqlal du Premier ministre sortant Abbas El-Fassi était représenté dans toutes les circonscriptions. Quelque 3 828 observateurs, dont 331 étrangers, ont veillé au bon déroulement de l’élection.
 


Un taux de participation de 45 %


« Ces élections ont été marquées par la neutralité de l’administration et la transparence avec un taux de participation de 45 % », a déclaré le ministre de l’Intérieur Taib Cherkaoui. Alors que le « Mouvement du 20 février », né en plein cœur du « Printemps arabe », à l’occasion de manifestations qui avaient laissé imaginer que le mouvement de contestation à travers le monde arabe pourrait s’étendre au royaume marocain, avait appelé à l’abstention. Si celle-ci est particulièrement élevée, elle est en recul par rapport aux 63 % du dernier scrutin en 2007. Les autorités y voient donc des raisons de se satisfaire.


Les Islamistes remportent la victoire


Dès vendredi soir, les Islamistes modérés du Parti de la Justice et du Développement (PJD) ont revendiqué la victoire, c’est-à-dire le fait d’arriver en tête de tous les partis, avec, environ, un peu plus de 100 sièges. « Les résultats préliminaires sont très bons », s’est félicité Abdelillah Benkirane, le secrétaire général du parti. À Rabat, Casablanca, Tanger ou Meknès, le PJD serait largement en tête. Fortement implantés en milieu urbain, y compris dans les quartiers chics, les Islamistes progressaient considérablement dans les zones rurales. C’est une nouveauté.
Les premières estimations étaient justes. Résultat définitif : 107 sièges sur 395.


Le résultat d’une progression constante au cours des dernières décennies


Ce résultat rappelle celui constaté en Tunisie, le 23 octobre, et attendu en Égypte, lundi 28 novembre. Très clairement, le mouvement de contestation en cours à travers le monde arabe depuis l’hiver dernier se traduit par une poussée des Islamistes, fermement ostracisés par les régimes déstabilisés.
Au Maroc, la progression des Islamistes est toutefois à analyser dans la durée. « Le contexte a joué en notre faveur, nuance Abdelillah Benkirane, mais c’est aussi l’aboutissement d’un processus ». Arrivé troisième aux élections législatives de 2002, le PJD, créé à la fin des années 1960 mais rebaptisé sous ce nom en 1998, était parvenu à se hisser à la deuxième place en nombre de sièges – à la première en termes de voix – lors des précédentes élections de 2007, juste derrière l’Istiqlal, le parti le plus ancien du Maroc, dirigé par l’actuel Premier ministre, Abbas El-Fassi.


Abdelillah Benkirane devrait être nommé Premier ministre


En vertu de la nouvelle constitution adoptée par référendum en juillet dernier, le roi Mohammed VI est obligé de nommer Premier ministre, le candidat du parti arrivé en tête en nombre de sièges. Si les résultats se confirment, la loi imposerait donc la nomination d’un Islamiste à la tête du gouvernement.


Même avec 107 élus, les Islamistes sont loin de disposer de la majorité absolue. Comme en Tunisie, ils seraient donc contraints à des négociations avec d’autres partis. Il semble que l’Istiqlal avec 60 sièges soit le partenaire principal le plus probable. Pourtant, à eux deux, ces deux partis ne disposent pas d’une majorité absolue. Abbas El-Fassi perdrait son poste mais pourrait garantir une certaine continuité au sein de la nouvelle majorité. Ce serait donc la fin de l’alliance dite de la Koutla, qui date de 1992 et regroupe notamment l’Istiqlal et l’Union socialiste des forces populaires.
Ce scénario marquerait l’échec de la coalition de huit partis, proches du pouvoir, le « G8 », née pour cette campagne dans l’espoir de contrer les Islamistes.


L’appel à des manifestations pacifiques dimanche 27 novembre


Si le scrutin s’est déroulé dans le calme, la grogne sociale demeure croissante. Le Mouvement du 20 février, un attelage hétéroclite mais déterminé de jeunes, de partisans de la gauche radicale et d’Islamistes  du groupe Justice et Bienfaisance, a organisé, dimanche 27 novembre, de manifestations pacifiques. Ce groupe entend aussi faire du 4 décembre une journée de « colère » nationale. 

Quitter la version mobile