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Les Palestiniens après l’adhésion à l’Unesco

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Côté palestinien, les négociations ont été menées par Sa’eb Erekat, un vétéran de la scène politique internationale qui espérait, par cette manœuvre, retrouver un peu de reconnaissance de la part du public alors que l’engouement pour l’adhésion à l’ONU perdait de son enthousiasme.

Les chances pour que l’État indéfini et sans frontières de la Palestine soit reconnu par l’ONU sont difficilement évaluables.

Une étape vers la reconnaissance de la Palestine à l’ONU

La libération du soldat israélien Gilad Shalit par le Hamas, en échange de 1 027 prisonniers palestiniens et la participation de l’Égypte à ces négociations ont braqué, à nouveau, les projecteurs sur la région et ce conflit interminable, fournissant à la Palestine la publicité qu’il lui fallait dans les circonstances.

Même si l’Unesco est principalement – et injustement au regard de l’étendue de ses actions – réputée pour le label « patrimoine mondial de l’Unesco » qu’elle attribue aux principaux sites d’exception au monde, ce n’est pas un organisme agréé pour proclamer la reconnaissance de nouveaux États. Or, personne ne peut dire quel effet aura cette nouvelle adhésion sur les autres organes de l’ONU.

Les États-Unis, membres permanents du Conseil, sont liés par leur droit interne. Il est interdit à l’administration américaine de financer un organisme qui reconnaîtrait, en l’absence d’un accord de paix avec Israël, un État palestinien. Dans la foulée des États-Unis, Israël et le Canada ont immédiatement annulé leurs subventions annuelles.

Ban Ki-moon agacé et sceptique

[image:2,s]Dans une interview à l’Associated Press, Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, déclarait, avec une lassitude manifeste, que la nouvelle tactique palestinienne qui consiste à demander sa reconnaissance à toutes les agences de l’ONU « ne profiterait ni à la Palestine ni au reste de la communauté internationale. »

L’Autorité palestinienne a néanmoins confirmé qu’elle demanderait son adhésion aux seize autres agences de l’ONU, au mépris de l’appel de Ban Ki-moon insistant pour que les Palestiniens attendent la décision finale du Conseil de Sécurité. « Ce qui aura des conséquences pour toutes les agences des Nations unies », disait-il. « Quand une organisation ne fonctionne pas correctement en raison d’un manque de ressources, vous devez penser aux millions de gens qui sont touchés et affectés à travers le monde. »

Sa’eb Erekat a répondu avec irritation à la suggestion de Ban Ki-moon. Il a exhorté le secrétaire général à faire lui-même pression sur le Congrès américain plutôt que d’attendre un changement de stratégie des Palestiniens. « Je pense qu’il serait plus facile pour Ban Ki-moon de demander au Congrès de changer leurs lois. Je ne pense pas que l’admission de la Palestine sera mauvaise pour aucune de ces agences. »

La réponse d’Israël

En Israël, la décision de l’Unesco, hautement critiquée, a poussé le Premier ministre Benjamin Netanyahou a répliquer immédiatement en annonçant la reprise de la colonisation et la délivrance de nouveaux permis de construire pour 2 000 logements dans les zones contestées de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie.

L’Autorité palestinienne a exigé un gel complet de l’expansion des colonies, comme condition pour la reprise des négociations de paix avec Israël, et Xavier Abou Eid, un porte-parole de Sa’eb Erekat, a déclaré que la décision israélienne pourrait « détruire le processus de paix ».

Les permis de construire ne vont pas vraiment changer la situation existante. Ils concernent tous des zones déjà peuplées et quasi certaines de rester dans les frontières d’Israël, quel que soit l’accord de paix. Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères d’Israël a récemment dit que la « manœuvre unilatérale palestinienne condamne en outre la possibilité d’un accord de paix et place des embûches inutiles sur la route d’une reprise des négociations. »

Finalement, les décisions palestiniennes et israéliennes mettent en arrière-plan les récents efforts américains et européens pour relancer les pourparlers de paix entre les deux parties, qui continuent de jouer à un poker dans lequel toutes les parties auraient une très faible main et où les gains ne se mesureraient que dans les colonnes des journaux.

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