Site icon La Revue Internationale

Les Républicains se perdent en politique étrangère

[image:1,l]


Les Républicains se montrent faibles en politique étrangère


Record battu pour les Républicains. En moins de 90 minutes, les huit candidats ont, chacun leur tour, envahi l’Iran, coupé les vivres du Pakistan et commencé une guerre commerciale avec la Chine.
On peut dire que les Républicains ont fait des débats une sorte de sport national. C’était le douzième meeting de cette pré-campagne présidentielle depuis six mois. Alors que la rhétorique politique peut être parfois inintéressante pour le grand public, ce groupe de candidats « hauts en couleur » arrivent à faire des débats télévisés de vraies séances de reality show.
Ce débat était le premier dans son genre : exclusivement dédié à la politique étrangère. Il avait pour objectif de dévoiler les différents points de programme des prétendants à l’investiture républicaine, en matière de politique extérieure.


Faire face au palmarès de Barack Obama


[image:2,s]Les débatteurs ne semblaient pas vraiment dans leur élément cette fois-ci, loin de leurs tirades habituelles sur le désastre économique de la planète et les politiques sociales ruineuses.
Alors qu’en face d’eux, Barack Obama peut se vanter d’avoir plusieurs succès à son actif en termes de politique étrangère. Parmi ceux qui resteront dans les mémoires : le raid qui a tué Oussama Ben Laden et la récente participation au renversement de Mouammar Kadhafi.
Côté républicain, il n’y a pas vraiment matière à se vanter. Les débatteurs ont alors enchaîné les réponses bienséantes, qui font de belles bandes sonores mais qui n’éclaircissent pas une seconde leur réelle position.


L’Iran et l’arme nucléaire


Herman Cain, l’homme d’affaires, toujours au sommet de plusieurs sondages malgré les nombreuses allégations d’agressions sexuelles dont il est victime, est à l’aise. Son statut de favori lui donne droit à la première question, au sujet du programme nucléaire de l’Iran. Il propose donc une aide à l’opposition, le déploiement de navires de guerre Aegis ainsi que des sanctions économiques.
L’ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney est allé un peu plus loin, tirant la sonnette d’alarme et appelant à ce que tout soit déployé pour arrêter le programme nucléaire de l’Iran. Si l’Iran obtenait l’arme nucléaire, ce serait selon lui « la plus grande défaite d’Obama », et il a averti que si Obama était réélu, « l’Iran aurait l’arme nucléaire. ».


L’Afghanistan, victoire ou défaite des Etats-Unis ?


[image:3,s]L’Afghanistan, qui avait disparu de l’actualité compte tenu des récents évènements en Libye, en Syrie et ailleurs, est revenu subitement sur le devant de la scène.
L’ancien gouverneur du Texas, Rick Perry, ridiculisé lors de sa dernière intervention à cause de son « trou de mémoire », est de retour dans une forme olympique. Interrogé sur son évaluation de la guerre en Afghanistan, il a catégoriquement affirmé que « la mission doit se terminer. L’idée que nous avons ruiné notre trésor et gaspillé la vie de jeunes Américains pour ne pas sécuriser l’Afghanistan n’est pas appropriée. »
L’ancien sénateur Rick Santorum en a profité pour s’exprimer : « L’Afghanistan est une victoire car les Talibans sont une force neutralisée. Ils ne sont plus une menace pour la sécurité du peuple afghan et pour notre pays. »
Les candidats ont été incapables d’expliquer dans quelle mesure les Etats-Unis étaient proche de ce but. Les récents évènements ont pourtant montré que les talibans, loin d’avoir été neutralisés, ont encore une résistance vigoureuse alors que la résistance américaine touche inexorablement à sa fin.
Mitt Romney a rejeté une éventuelle possibilité de négociations avec les Talibans, mais a peu de choses à proposer en retour.
Jon Huntsman, de son côté, a affirmé très franchement qu’il était temps de rentrer la maison. « Je dis que cette nation a atteint ses objectifs en Afghanistan » a déclaré l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Chine. « Nous avons eu des élections libres en 2004. Nous avons déraciné les Talibans. Nous avons tué Oussama Ben Laden. Je dis que le futur de cette nation n’est pas l’Afghanistan. »


Le Pakistan, refuge des Talibans


[image:4,s]Newt Gingrich soulignait de son côté qu’il serait impossible de vaincre les Talibans alors qu’ils ont le refuge du Pakistan et qu’ils ont le soutien de divers autres acteurs. Propos qui a permis de déclencher une discussion sur les mesures à prendre au Pakistan.
Rick Perry conseille de couper l’aide étrangère, car « le Pakistan nous envoie visiblement un message […] qu’ils ne méritent pas notre aide […] parce qu’ils n’ont pas été honnêtes avec nous. »
Selon Herman Cain, il est impossible de dire si le Pakistan est un ami ou un ennemi tandis que Rick Santorum a tout simplement exigé que « le Pakistan soit notre ami » et a même conseillé de poursuivre le dialogue ainsi que l’envoi d’aides.


Pour ou contre la torture par noyade ?


Le « moment d’émotion » de la soirée, le sujet « usage et efficacité de la torture ».
De nombreux Républicains se prononcent en faveur de la simulation de noyade, qui, comme l’a démontré le membre du Congrès, Michelle Bachman, est « très efficace ».
Herman Cain s’est dit opposé à la torture, mais la simulation de noyade ne rentre pas, selon lui, dans cette catégorie. « Je vois plutôt cela comme une technique d’interrogatoire améliorée. »
Le membre du congrès Ron Paul s’est montré catégorique dans son rejet de la torture : « Je pense que ce n’est pas civilisé et que ça n’a pas vraiment d’avantages. Par-dessus tout, c’est vraiment contraire aux principes des Etats-Unis de torturer des gens qui ont été capturés. »
Il est rejoint sur ce point par Jon Huntsman : « Nous réduisons notre position dans le monde ainsi que les valeurs que nous promouvons […] quand nous torturons […] la simulation de noyade est un moyen de torture. Nous nous tirons vers le bas et perdons cette capacité à être les témoins de valeurs que les Etats-Unis doivent défendre. »


La Chine, ennemi économique
 


[image:5,s]Puis le débat s’est terminé sur une note chinoise. Le domaine de prédilection de Jon Huntsman. Les autres candidats, particulièrement Mitt Romney, n’ont pas pesé leurs mots concernant la politique monétaire de la Chine tandis que Rick Perry, confiant, prédisait avec assurance que la Chine allait finir « sur le tas de cendre de l’histoire. »
Jon Huntsmann, s’est fait le défenseur d’un travail avec la jeunesse chinoise, pour apporter des changements positifs.
Les candidats ont évité de s’attaquer les uns les autres, ce qui fait sans doute la note positive de ce débat et le changement le plus marquant depuis les précédentes sessions.


Mais pour ceux qui attendaient quelques clarifications en termes de politique étrangère, l’attente continue.


Global post / Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

Quitter la version mobile