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Primaires républicaines : comment ça marche?

[image:1,l]Plus d’un an… Il faut plus d’un an de campagne permanente à l’échelle d’un territoire gigantesque pour avoir une chance de devenir le nouveau locataire de la Maison-Blanche à Washington. Les candidats doivent, le plus souvent, se soumettre à un système de primaires « ouvertes » pour que chaque parti sélectionne son champion.
Mais la plupart du temps, le président, à l’issue de son premier mandat et en mesure, donc, d’en solliciter un second, n’a pas d’adversaire face à lui – et ne passe donc pas par les primaires… Il est bien suffisamment occupé à gérer le pays.
Ce système de primaires ou caucuses demeure fortement marqué par de vieilles traditions, peut-être pour certaines un peu désuètes. Pour le comprendre, il convient de ne jamais perdre de vue l’élément central du système politique américain : le fédéralisme et la voix singulière de chaque État fédéré.

Primaire ou caucus ?

Primaire : un jour, un électeur, une voix…

Le Parti républicain, à la différence du Parti démocrate, n’exige pas l’application de la proportionnelle pour la répartition des délégués dans les États qui ont opté pour un système de primaire.
Dans le cas des États « à primaires », certains ont choisi une méthode où le vainqueur à l’échelon étatique gagne tous les délégués. D’autres font de même à l’échelle des districts, d’autres encore ont adopté un procédé proportionnel.
En outre, si les délégués du Parti démocrate sont obligés de soutenir le candidat pour lequel ils ont été élus, chaque Parti républicain local détermine si ses délégués y sont contraints et pour combien de voix.

… ou caucus, une tradition complexe

Dans le cas des États à caucuses, la plupart des partis locaux utilisent un processus en deux temps. Une élection « à blanc » (straw poll, souvent appelée presidential preference poll, « élection de la préférence présidentielle ») est menée parmi les participants au caucus. Les résultats sont communiqués aux médias et publiés par le parti.

Ce terme – caucus – désigne le rassemblement de militants politiques locaux d’un parti pour choisir les délégués qui désigneront le candidat à l’investiture de ce parti dans la course à la présidence lors de la convention fédérale de leur parti. Le système du caucus pour la désignation des délégués n’existe que dans environ une douzaine d’États. Traditionnellement, le premier à désigner ses délégués par caucus est l’Iowa, début janvier.

Le caucus se déroule en plusieurs étapes. Les militants locaux, qui exercent une activité à l’échelon d’un bureau de vote, choisissent des délégués qui les représenteront aux réunions organisées à l’échelon du comté. Tous les électeurs d’un bureau de vote sont convoqués à la même heure. Ils se regroupent alors dans le bureau de vote par préférence derrière un capitaine qui soutient officiellement un candidat. Le capitaine essaie alors de convaincre les indécis. Un candidat qui n’obtient pas 15 % des voix dans un bureau est éliminé et ne peut compter de délégués pour ce bureau.

Ce système n’est pas démocratique par bien des aspects :

> pas de vote à bulletin secret, donc influence et pression possible auprès des électeurs surtout dans une même famille,

> le nombre de délégués ne correspond pas exactement au nombre de voix obtenues mais ressort d’un calcul particulier tenant compte de la participation,

> l’heure fixe et la courte période pour le rassemblement et le choix excluent les personnes dans l’incapacité de se rendre au bureau dans ce laps de temps.

Pour compliquer le système, d’autres États votent à bulletin secret ou bien n’imposent pas de barre des 15 %.

Une fois les délégués élus côté bureaux, ils vont se réunir à l’échelle de chaque comté. Ces réunions désignent des délégués aux conventions de l’État. Ces conventions sélectionnent ensuite les délégués à la convention nationale du parti, laquelle désignera le candidat officiel…

Le calendrier des primaires et le nombre de délégués par État (sous réserve)

[image:2,s]Au nom de la tradition, les petits États, Iowa et New Hampshire notamment, revendiquent leur droit à organiser les premiers leur scrutin. Mais, cette année, la Floride a chamboulé le calendrier en avançant sa primaire en janvier, sans obtenir l’aval du Parti républicain (GOP) national. À son tour, le Nevada a avancé son scrutin en janvier. Les petits États qui attribuent moins de délégués aux candidats pour la convention de désignation de l’été 2012, ont alors menacé d’organiser leurs primaires en décembre 2011. Mais le Nevada est finalement revenu sur sa décision et a prévu son vote début février. Suite à ces valses-hésitations, la Floride, le Michigan, l’Arizona et la Caroline du Sud seraient menacés de se voir retirer 50 % de leurs délégués.

> 3 janvier – Iowa (caucus)28 (Vainqueur : Rick Santorum – 25%)

> 10 janvier – New Hampshire12 (Vainqueur : Mitt Romney – 38%) 

> 21 janvier – Caroline du Sud25 (Vainqueur : Newt Gingrich- 40,4%)

> 31 janvier – Floride 50 (Vainqueur : Mitt Romney – 47%)

> 4 février – Nevada (caucus)28

> 4 au 11 février – Maine (caucus)24

> 7 février – Colorado (caucus) 36, Minnesota (caucus)40

> 28 février – Arizona29, Michigan30

> 3 mars – Washington (caucus) 43

> 6 mars – Super Tuesday– Alaska (caucus)26, Géorgie76, Idaho (caucus)32, Massachussetts41, Dakota du nord28, Oklahoma43, Tennessee58, Texas 155, Vermont17, Virginie49

L’expression Super Tuesday date des primaires du 8 mars 1988. Les démocrates des États du sud – Texas, Floride, Tennessee, Louisiane, Oklahoma, Mississippi, Kentucky, Alabama et Géorgie – décidèrent cette année-là de porter à la candidature un candidat modéré plus conforme à leurs vues et plus à même de défendre leurs intérêts. Depuis, la liste des États dont la primaire se tient ce jour varie. 
Pas loin de la moitié des délégués des conventions est donc désignée ce jour-là. En 2004, 1 151 délégués sur les 2 162 au total. Les chroniqueurs politiques estiment que le candidat qui emporte le plus de délégués lors du Super tuesday est assuré d’être le candidat de son parti à l’élection présidentielle. Ce fut effectivement le cas pour Bill Clinton en 1992, Bob Dole en 1996 et George W. Bush et Al Gore en 2000.

> 6 au 10 mars – Wyoming (caucus)29

> 10 mars – Kansas (caucus) – 40, Îles Vierges américaines9

> 13 mars – Alabama50, Hawaii (caucus)20, Mississippi 37

> 17 mars – Missouri (caucus)52

> 20 mars – Illinois 69

> 24 mars – Louisiane45

> 3 avril – Maryland37, Washington D.C.19, Wisconsin 42

> 24 avril – Connecticut28, Delaware17, New York95, Pennsylvanie72, Rhode Island – 19

> 8 mai – Indiana – 46, Caroline du Nord 55, Virginie occidentale31

> 15 mai – Nebraska35, Oregon29

> 22 mai – Arkansas36, Kentucky45

> 5 juin – Californie 172, Montana 26, New Jersey50, Nouveau-Mexique23, Dakota du Sud 28

> 12 juin – Ohio66

> 26 juin – Utah 40

La convention nationale de Tampa (Floride) – Fin août

[image:3,s]Le 12 mai 2010, un groupe de la Commission nationale républicaine, réuni dans le Maryland, a choisi la ville de Tampa, en Floride, pour sa convention présidentielle en 2012.
Le choix de la Floride n’est pas innocent. C’est un des États traditionnellement indécis qui pourraient aider l’opposition à l’emporter sur les démocrates du président Barack Obama. En 2000, après de nombreux recomptes, la Floride a permis à George W. Bush de remporter l’élection présidentielle, mais en 2008, elle a penché du côté de Barack Obama.
Les suggestions de Salt Lake City, la capitale des Mormons, et Phoenix, dans l’Arizona, à l’heure où des groupes, notamment hispaniques, appellent au boycott de cet État frontalier du Mexique après le renforcement de la répression de l’immigration clandestine, ont aussi été étudiées.
Lors de la convention nationale, les partis investissent leurs candidats à la présidence et à la vice-présidence, le « ticket », et votent le programme du parti.
En 2008, le Parti républicain avait tenu sa convention à Minneapolis-Saint Paul, dans le Minnesota, mais cet autre État indécis avait fini par voter Obama.

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