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La campagne présidentielle américaine bat son plein
Aux États-Unis aussi, 2012 sera une année électorale, et la campagne est déjà en pleine accélération, à une année du vote.
Peu de voix discordantes chez les démocrates, toujours rangés derrière le président sortant. En revanche, les républicains alignent des candidats très divers.
Au moment où l’on voit camper des « Indignés » dans des parcs publics de nombreuses villes américaines, y compris de certaines totalement secondaires, les républicains en campagne rivalisent de libéralisme au sens européen du terme : désengagement de l’État, baisse des impôts, non redistribution, etc. Sans oublier des valeurs morales matinées de principes religieux issus d’Églises parfois improbables, en tout cas assez différentes de celles que nous connaissons en Europe.
Ouverture de la chasse aux casseroles des adversaires
[image:3,s]De chacun des candidats, les équipes adverses scrutent le passé et font remonter également et avec beaucoup de rigueur, outre les supposées turpitudes morales (nous, Français, savons maintenant de quoi il s’agit…), tous les actes, paroles et prises de position du passé afin d’y déceler des incohérences ou des changements de position.
Il est fascinant pour nous d’observer à quel point ce travail est mené de manière « chirurgicale » et à quel point outre-Atlantique il est mal perçu de changer d’avis ou, pire, d’essayer de dissimuler son comportement passé. Le mensonge, le parjure y sont hautement répréhensibles, ce que l’on peut comprendre, tout autant que les revirements, même s’ils remontent à des années où la situation était très différente, ce qui est davantage surprenant pour nous, Français.
La presse américaine se vante de survivre grâce à la publicité
[image:4,s]Les candidats se sont mis à l’heure de l’utilisation des médias. Obama avait été le premier élu de l’ère Internet, il avait utilisé à merveille la plasticité et l’efficacité du Web et renvoyé son adversaire septuagénaire à une époque définitivement révolue.
Il faut dire que les derniers chiffres publiés par les médias eux-mêmes alimentent la litanie du recul des médias classiques. Depuis des années, la presse écrite « papier » ne cesse de perdre du terrain. Selon la NAA (Newspaper America Association), on en est maintenant au 21e trimestre consécutif de recul de ses revenus…
La particularité de la presse américaine est qu’elle dépend davantage qu’en France de ses rentrées publicitaires : elle a adopté depuis longtemps un modèle qui fait économiquement de la diffusion un support publicitaire. En clair, elle accepte de vendre ses numéros à perte et de parrainer les abonnements, quitte à perdre ainsi de l’argent sur chaque exemplaire vendu, pour garantir aux annonceurs des diffusions massives et leur vendre des performances publicitaires.
En France, on voit parfois dans la dépendance économique à la publicité une menace contre l’indépendance éditoriale, mais ce modèle est parfaitement assumé aux États-Unis. Il y est même ouvertement défendu, avec l’argument que les fruits de la publicité financent la création de l’information qui, par nature, est difficilement rentable.
Plus crûment, nos amis de la presse américaine affirment que c’est ainsi que Walmart finance leurs coûteux bureaux de Bagdad ou Kaboul…
Une campagne multicanale
[image:1,s]La campagne qui démarre est donc la seconde de cette époque où la presse écrite a perdu de sa superbe et se bat pour sa survie. On le voit de manière frappante dans les transports où, à l’exception des éditions dominicales des quotidiens, les Américains semblent maintenant privilégier l’information et le divertissement sur supports numériques.
Même les commandes au restaurant sont prises sur des tablettes numériques, avec photo des plats pour donner envie aux clients.
Plus un seul candidat ne peut ignorer ce phénomène. Place à des discours « multisupports », que les électeurs recevront par tous les canaux.
Puisqu’ils sont devenus des citoyens numériques, ceux qui aspirent à les diriger ne pourront faire autrement que de leur parler aussi en langage numérique et sur support de même nature.
Presse, TV et radio demeurent, mais il n’est désormais plus possible de s’en contenter, sauf à se priver d’une bonne partie des citoyens.
Présidentiables et électeurs numériques
Ce que les candidats aux élections ont compris, n’est-ce pas l’équation que doivent résoudre tous les émetteurs de message aujourd’hui, à commencer par les médias : pour parler à ses lecteurs/auditeurs il faut savoir rester en contact et donc utiliser tous les supports qui le permettent !