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Vers un projet Merkel-Sarkozy de réforme des traités

Jeudi 24 novembre à la mi-journée, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient rendez-vous à Strasbourg pour un « mini-sommet » informel afin d’étudier des réponses communes à la crise que traversent la zone euro et l’Union européenne, une crise financière, économique et politique. Pour la première fois, depuis qu’il a remplacé Silvio Berlusconi à la présidence du Conseil italienne, Mario Monti avait été convié à rejoindre ses partenaires allemands et français.
À eux seuls, Allemagne, France et Italie représentent 70 % de l’euro.


Les trois leaders affichent leur accord sur le diagnostic comme sur les remèdes


« Nous sommes tous les trois parfaitement conscients de la gravité de la situation », a déclaré Nicolas Sarkozy, lors de la conférence de presse commune. « Et nous envisageons les mêmes remèdes. »


Dans les prochains jours, l’Allemagne et la France vont proposer des modifications des traités européens


Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont réaffirmé ensemble qu’ils feraient « dans les jours qui viennent » des « propositions communes » de modification des traités européens afin de contribuer à endiguer la crise de la dette dans la zone euro.
« La France et l’Allemagne, dans les jours qui viennent, (feront) des propositions communes de modification des traités pour améliorer la gouvernance de la zone euro et pour qu’il y ait plus d’intégration et de convergence des politiques économiques », a annoncé le président français, souhaitant « que l’Italie veuille bien s’y associer ».


Ces propositions seront rendues publiques avant le Conseil européen du 9 décembre.


La proposition de modification des traités européens sera « plus politique »


Angela Merkel a indiqué que ces modifications des traités européens seront plus « politiques » puisqu’elle portera notamment sur la convergence des politiques fiscales : il s’agit d’un « chapitre très différent » qui « n’a rien à voir avec la BCE », a-t-elle déclaré.


Les modifications des traités sont des processus longs, et périlleux politiquement, puisqu’elles exigent normalement des votes conformes des pays membres. Pas certain qu’elles constituent une réponse à la crise du moment.


Dans l’espoir d’une solution de plus court terme, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel tentent d’apaiser leurs désaccords sur le rôle de la BCE


Berlin et Paris se sont livrés, notamment depuis le dernier Sommet européen des 26 et 27 octobre, à un véritable bras de fer sur le rôle que devrait, ou pourrait, jouer la BCE comme outil de résistance à un approfondissement de la crise. À Strasbourg, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont tenté d’afficher un accord retrouvé, avec l’approbation de Mario Monti :
« Tous les trois, nous avons indiqué que, dans le respect de l’indépendance de cette institution essentielle, il fallait s’abstenir de demandes positives ou négatives. C’est une position élaborée ensemble », a expliqué le président français.
La France est favorable à l’intervention directe de la BCE pour contribuer à stopper la contagion de la crise de la dette, alors que l’Allemagne y est opposée. « La BCE est indépendante », a martelé, à la suite, Angela Merkel.


Il semblerait que, malgré les bonnes intentions, les désaccords sur ce point ne soient pas levés.


De l’importance d’afficher une mobilisation de tous les instants


Comment réagiront les marchés à ces initiatives ? Impossible de le savoir. Les dirigeants européens, au premier rang desquels Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, s’efforcent de démontrer, au jour le jour, leur mobilisation générale sur ces questions, signe de la gravité de la situation.
La présence aujourd’hui à Strasbourg permet d’atténuer les critiques récurrentes sur l’omniprésence, et l’omnipotence, du duo franco-allemand.
Mario Monti a invité ses deux homologues à se rendre très prochainement à Rome pour de nouvelles discussions.
Mariano Rajoy, qui ne prendra ses fonctions de président du gouvernement espagnol que le 20 décembre, devrait très rapidement être associé à ces collaborations étroites. Tout comme le sont déjà Lucas Papademos, Premier ministre grec depuis trois semaines, les autres chefs d’État et de gouvernement de la zone euro et, dans une moindre mesure, de l’Union européenne ainsi que les responsables des structures européennes, Commission européenne, présidence du Conseil et Banque centrale européenne.


Un mini-sommet est l’occasion d’afficher cette mobilisation. Cela participe sans aucun doute de la dimension psychologique de la bataille en cours pour sauver l’euro. Il faut des images, en voilà : 


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