Site icon La Revue Internationale

Angela Merkel prône une « union de la stabilité »

bce.jpgbce.jpg

[image:1,l]vendredi 2 décembre à 9 heures, Angela Merkel avait rendez-vous au Bundestag pour présenter aux députés allemands ses propositions, les propositions de l’Allemagne pour sortir la zone euro, et l’Europe tout entière, de la crise de la dette. Un discours attendu, au lendemain de la présentation par le président français Nicolas Sarkozy de la position de la France, à une semaine d’un Sommet européen, le 9 décembre à Bruxelles, qui apparaît toujours plus décisif.


Transformer l’Union monétaire européenne en « union de la stabilité »


Surmonter la crise est une bataille qui prendra des années, estime Angela Merkel. Pour y parvenir, il lui apparaît essentiel de réformer l’Union monétaire européenne. Mais, transformer celle-ci en une simple union budgétaire ne saurait suffire : « Nous ne parlons pas seulement d’une union budgétaire, nous sommes sur le point de la réaliser ».


Ce que la chancelière prône, c’est une « union budgétaire avec des règles strictes, au moins pour la zone euro » : une « union de la stabilité ».


Inscrire la discipline budgétaire dans les traités européens


« L’élément central » de cette « union de la stabilité » voulue par l’Allemagne sera un « nouveau plafond d’endettement européen », a indiqué la chancelière. Elle compte bien convaincre ses partenaires européens de la nécessité de réformer les traités européens pour y affirmer le principe de discipline budgétaire.


Une opposition réaffirmée à une intervention de la BCE


[image:2,s]Une intervention de la Banque centrale européenne est souvent présentée comme une solution de court terme à la crise de la dette, facile à mettre en œuvre : endossant le rôle de prêteur de dernier recours, la BCE n’aurait qu’à faire fonctionner la planche à billets pour soulager la crise de financement sur les marchés financiers à laquelle sont confrontés tous les pays de la zone euro, Allemagne incluse – dans une plus faible mesure, tout de même.
L’Allemagne s’oppose catégoriquement à une intervention plus poussée de la banque centrale, et elle l’a redit : « C’est gravé dans les traités, le devoir (de la BCE) est d’assurer la stabilité de la monnaie ». Son auditoire a applaudi. Comme l’a rappelé Nicolas Sarkozy à Toulon, il y a des raisons historiques à l’attachement, quasi obsessionnel, des Allemands à la stabilité monétaire, le souvenir désormais ancien de périodes noires d’inflation galopante.


Les « euro-obligations » ne sont pas une solution à la crise


Berlin demeure également opposé à l’introduction d’« euro-obligations » au motif qu’il s’agirait d’une mutualisation des dettes nationales ; inacceptables tant que des systèmes de prévention et de protection des fondamentaux budgétaires n’auront été adoptés : « Quiconque n’a pas compris, que (les euro-obligations) ne pouvaient pas être la solution à cette crise n’a pas compris la nature de la crise ».


Un rappel : la Banque centrale européenne est indépendante


Pourtant, Angela Merkel a rappelé qu’elle ne pourrait pas s’opposer à une décision prise, à Francfort, par la BCE : l’indépendance de la banque centrale est « le bien suprême de nos démocraties », a-t-elle ajouté. Au-delà de ses convictions, la chancelière allemande cherche peut-être à se dédouaner politiquement d’une éventuelle intervention de la BCE. Jeudi 1er décembre, son président, Mario Draghi, a fait de la création d’une union budgétaire un préalable à « l’ouverture des vannes ».


Une « union de la stabilité » qui fait écho aux propositions de Nicolas Sarkozy


La chancelière allemande fera le voyage de Paris lundi 5 décembre pour un sommet franco-allemand informel. Sur la question budgétaire, il semble qu’il existe déjà un certain nombre de points d’accord entre sa position et celle du président français.
Dans son discours de Toulon, jeudi 1er décembre, Nicolas Sarkozy a promis « plus de discipline, plus de solidarité, (…), un véritable gouvernement économique » en Europe.


Une réforme : vers une Europe à trois vitesses


Ces propositions ouvrent la voie à l’ouverture de négociations en vue d’une transformation de la zone euro. Quelle sera la méthode adoptée pour l’adoption de ce paquet de réformes ? Il est trop tôt pour le savoir. Le principe de l’unanimité et, en conséquence, la lenteur du processus de ratification des traités européens, « Lisbonne » en l’occurrence, rendrait sans doute la mise en œuvre de toute solution bien trop lente et il est donc possible d’imaginer qu’une autre méthode, celle des accords bilatéraux, comme pour les Accords de Schengen soit privilégiée.
Dans ce cas, il n’est pas difficile d’imaginer que cette réforme ne concerne qu’un noyau dur de pays, au sein de la zone euro et que, de fait, nous assistions à la mise en place d’une Europe à trois vitesses, trois niveaux d’intégration : Union européenne, zone euro et « noyau dur ».


Une semaine décisive pour l’euro, pour l’Europe


[image:3,s]Il apparaît fort probable que Français et Allemands présentent une position commune lors du prochain Sommet européen, le 9 décembre à Bruxelles.
Cette nouvelle étape dans la recherche de solutions à la crise de la dette sera décisive, mais permettra-t-elle de contenir l’embrasement à l’œuvre ? L’Europe, les 27, les 17 devront changer leur rapport au temps et parvenir, enfin, à agir vite et de manière déterminante, en lançant des chantiers, même si ces chantiers doivent prendre de longues années.
Une petite raison d’espérer, la réaction positive des marchés : les bourses européennes grimpaient dans la matinée et Tokyo a terminé en baisse.


L’intervention de la Chancelière devant le Bundestag en intégralité (en allemand)



 

Quitter la version mobile