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Ballet Igor Moïsseïev: l’empire et le meilleur

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Joyeux anniversaire ! Le Ballet Igor Moïsseïev fête en cette saison ses 75 ans. Pas une ride. Pas le moindre signe d’essoufflement. Toujours le même enthousiasme, toujours la même rigueur qui ont fait sa réputation. Pour l’occasion, il fait un retour remarqué à Paris, au Palais des Congrès. Il n’y était pas venu depuis 1993. Autant dire une éternité !
 
[image:1,l]Sacré personnage que cet Igor Aleksandrovich Moïsseïev, son fondateur, né à Kiev en 1906. Un infatigable travailleur, toute sa vie aux côtés de sa troupe, un chorégraphe hors pair signant 200 créations, puisant son inspiration dans le folklore. « J’ai essayé d’exprimer le caractère d’un peuple, à travers ses danses et sa musique, jaillies de son histoire et de ses coutumes, cherchant à en garder, au-delà du folklore, son essence même », disait-il. Décédé en 2007 (vous avez bien lu, à 101 ans), il est au demeurant considéré comme le plus grand chorégraphe de danse traditionnelle du XXe siècle.


[image:2,s]Aux sources de l’âme russe 


Adolescent, il entre à l’école de danse du Ballet du Bolchoï à Moscou. Un peu poussé par son père. Estimant que son fils avait de bonnes jambes, la danse lui semble la voie idéale. Bien vu, même si Igor n’est pas le meilleur élève. À 18 ans, il débute, malgré tout, comme soliste. Reste que l’académisme de l’institution lui pèse. Il envisage de claquer la porte. Car sa passion, c’est le folklore et l’esprit de fête qui s’en dégage. Le folklore de son immense pays : l’URSS qu’il parcourt sac à dos, à cheval, voire à pied (vous avez remarqué, c’est avec des détails qu’on se forge une légende).  


Défense et illustration des folklores de l’empire


[image:3,s]En 1937, le gouvernement soviétique décide de créer l’Ensemble Académique d’État de Danses Populaires (ça, au moins, ça fait très officiel). Une aubaine pour Igor Moïsseïev. Il est nommé directeur. À l’époque, ce n’est qu’une petite troupe de trente danseurs, la plupart sont des amateurs, et un minuscule orchestre d’instruments traditionnels. Igor va en faire un ensemble de professionnels se consacrant aux danses populaires avec la rigueur qui sied à la danse classique (se souciant de leur formation, il crée sa propre école). Quant à l’orchestre, il compte aujourd’hui trente-cinq musiciens. Ainsi, plus d’une centaine d’artistes sont sur scène, sous la direction d’Elena Shcherbakova. Un spectacle époustouflant qui permet de découvrir une multitude de folklores, moldave, belarus, ukrainien kalmouk, tatar ou encore nanaï (là, à part Hélène Carrère d’Encausse, j’en connais beaucoup qui vont se précipiter sur Google. On va être sympa : le peuple Nanaï, des nomades, vit dans l’extrême nord de la Russie).


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Folklores de tous les pays, unissez-vous !


Reconnu et apprécié en URSS, où le Ballet a survécu à toutes les vicissitudes, il lui faudra attendre les années 50 pour voyager à l’étranger. 1955, la troupe est invitée à Paris, au Palais de Chaillot. 1958, première tournée aux États Unis. Puis ce seront les pays « frères » à l’Est, l’Europe de l’Ouest, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Argentine, le Maroc, l’Afrique du Sud… Au total, plus de soixante pays visités. De ces nombreuses tournées, Igor Moïsseïev rapporte des danses traditionnelles très éloignées de son univers. D’où la présentation de danses espagnoles, argentines, chinoises ou grecques. Et le folklore français ? C’est en projet. Confidence de la directrice, Elena Shcherbakova. Elle aurait un petit faible pour les danses bretonnes (soyez pas jaloux !).



Jacques Rouveyrollis, le magicien de l’ombre et de la lumière


[image:5,l]À Paris, quatorze ballets sont présentés. Une virtuosité à couper le souffle. Des costumes chatoyants. Le tout sous l’œil d’un homme discrètement installé dans la salle : Jacques Rouveyrollis, le magicien de l’ombre et de la lumière. Théâtre, opéra, variété, festivals : tout le monde le sollicite ou l’a sollicité: Barbara, Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Annie Girardot, Jérome Savary, Alfredo Arias, Maurice Béjart, Jean Michel Jarre… On l’a croisé à Houston, Los Angeles, Tokyo, Santiago du Chili. Profitez-en, il est à Paris.    

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