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Fukushima : pire que prévu ?

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Du carburant infiltré dans l’enceinte de confinement extérieure


Tokyo Electric Power (Tepco) déclarait avoir découvert, cette semaine, que la plupart voire la totalité du carburant du réacteur n°1 avait fondu, immédiatement après le tsunami du 11 mars dernier, qui avait fait de Fukushima un des pires accidents nucléaires au monde depuis Tchernobyl.


Citant les données acquises par une nouvelle simulation de l’accident, Tepco déclarait que le carburant pourrait avoir percé à travers la dalle de béton de l’enceinte de confinement extérieure, dernière couche de protection du réacteur avant son enveloppe en acier.


Dans le pire des cas, le carburant aurait pénétré le sol en béton sur 65 centimètres, à 37 centimètres seulement du mur externe en acier.


Cependant, le combustible a été refroidi grâce à de l’eau, injectée dans le réacteur et l’érosion du béton se serait arrêtée.


Si le carburant avait atteint, puis créé une faille dans la dernière ligne de défense du réacteur, cela aurait pu conduire à une catastrophe encore pire, similaire à la catastrophe théorique connue sous le nom de « syndrome chinois ».


Tepco connaissait les risques encourus


[image:2,s]Cette nouvelle survient quelques jours après la révélation de rapports établissant que Tepco avait ignoré, en 2008, les avertissements de ses propres experts sur l’éventualité d’un tsunami gigantesque le long de la côte de Fukushima.


Ce rapport interne avait révélé que la centrale, âgée de 40 ans, risquait de très importants dommages en cas de tsunami d’une hauteur allant jusqu’à 10,2 mètres selon l’agence Kyoto News. Les hauts responsables de Tepco avaient alors considéré le risque comme « irréaliste ». Le tsunami du 11 mars dernier mesurait 14 mètres de haut.


Pourtant, malgré ces nouvelles complications, Tepco affirme être en mesure d’apporter le froid nécessaire aux réacteurs avant la fin de cette année, peut-être même avant.


Malheureusement, les critiques de sa version des faits après la catastrophe ne se dissiperont sans doute pas aussi rapidement. La société avait d’abord affirmé que le combustible, dans les trois réacteurs qui avaient été endommagés, n’avait pas atteint l’enceinte de confinement intérieure avant de concéder, plus tard, que pour certains, mais pas tous, le combustible avait atteint l’enceinte de confinement extérieure.


La centrale est toujours inaccessible


Plus de neuf mois après cette crise, Tepco continue de s’appuyer sur des simulations informatiques du désastre pour évaluer l’ampleur des dégâts. Les radiations internes, dans le bâtiment qui héberge les réacteurs, sont encore trop importantes pour que les employés de la centrale n’y entrent.


La société est donc incapable, pour le moment, de donner des détails sur la position exacte du combustible fondu, ou de confirmer l’action positive de l’eau froide, injectée depuis l’extérieur.


Le rapport indique « environ 60 % du combustible a fondu dans les réacteurs n° 2 et 3 peut avoir atteint la base en béton »


Cette découverte ne devrait pas retarder une imminente annonce du refroidissement des réacteurs.


Une série de tests draconiens pour les réacteurs japonais


[image:3,s]Tepco a également cherché à apaiser la spéculation selon laquelle l’accident avait été déclenché par le séisme de magnitude 9 plutôt que par le tsunami qui a suivi.


Un rapport provisoire, publié vendredi 2 décembre, affirme que l’accident est la conséquence directe du tsunami et non pas, comme certains l’ont soutenu, du séisme. L’entreprise cherche ainsi à montrer que la centrale est prête à résister à des tremblements de terre, même les plus puissants.


« Nous étions préparés aux accidents jusqu’à un certain degré et nous savons comment mener nos procédures »


Cette catastrophe a permis un examen de l’ensemble des réacteurs nucléaires du Japon. Les fermetures régulières pour inspection n’ont laissé que 9 des 54 réacteurs du pays en état de fonctionnement.


Tous les réacteurs ont passé une batterie de tests très stricte concernant leur capacité à résister aux catastrophes naturelles.


Greenpeace appelle le Japon à ne pas redémarrer les réacteurs


Greenpeace a appelé les autorités japonaises à ne pas redémarrer les réacteurs avant d’avoir amélioré leurs plans d’intervention en cas de catastrophe.


Selon eux, les cartes de simulation pour les accidents potentiels ne sont pas valables pour des catastrophes telles que celle qui a touché Fukushima.


« La force d’intervention à Fukushima a été lente, chaotique et insuffisante. Et il semble que le gouvernement n’ait rien appris de cette expérience. » déclarait Junichi Sato, directeur exécutif de Greenpeace Japon.


Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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