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Kim Jong-un, le «grand héritier»

[image:1,l]Mardi 20 décembre, trois jours après la mort de Kim Jong-il, son plus jeune fils est venu, accompagné des plus hauts dirigeants du parti communiste, se recueillir devant sa dépouille. Il semblerait que la succession se passe comme prévu à Pyongyang, même si les effets de propagande ne sauraient laisser présager de l’identité de celui qui, réellement, détiendra le pouvoir dans la dernière dictature stalinienne au monde.
La communauté internationale connaît très mal ce « grand héritier », qui n’a été mis en avant par son père que récemment, début 2009. Mais, c’est à lui que revient la tâche, insensée, d’incarner la troisième génération de la dynastie Kim, cas unique de dictature communiste.

Le plus jeune fils, « Le roi de l’étoile du matin ».

Kim Jong-un est le troisième et plus jeune fils de Kim Jong-il. Sa date de naissance officielle est le 8 janvier 1982. Pourtant, la rumeur veut qu’il soit né quelques mois plus tard et, ainsi, au moment d’accéder au pouvoir, il aurait à peine 29 ans – et non 30.
Sa mère, Ko Yong Hui, est une danseuse d’origine japonaise, venue se produire à Pyongyang. D’abord la maîtresse, elle devient, par la suite, la troisième femme de Kim Jong-il, l’épouse favorite du « Cher Leader ». Celle-ci a sur-protégé son fils, qu’elle avait surnommé, en toute simplicité, « Le roi de l’étoile du matin ». Elle serait morte précocément d’un cancer du sein en 2004.
Orphelin de mère et maintenant de père, Kim Jong-un a un demi-frère, Kim Jong-nam, et un frère, Kim Jong-chol.

Une éducation internationale pour le futur chef d’un régime autarcique

[image:2,s]À 17 ans, Kim Jong-un est envoyé dans une école germanophone à Berne, en Suisse. Alors que la Corée du Nord est frappée par une terrible famine, il ne débarque pas dans un internat hors de prix – juste une école publique !
Il parlerait presque couramment anglais et allemand, ainsi que quelques rudiments de français. Ses anciens camarades de classe, à l’école Liebefeld-Steinhölzli que Kim Jong-un a fréquentée entre 1998 et 2000 sous le pseudonyme « Pak Un », ont fait part de leurs souvenirs au Washington Post : ils se souviennent d’un garçon tranquille, au comportement, parfois, un peu curieux et qui adorait les films d’action et les jeux vidéo de combat. Surtout, sa passion était le basketball, sport auquel il n’était pas mauvais. À son arrivée, il avait d’ailleurs toute une collection d’authentiques Nike.<!–jolstore–>

En fait, il semble bien que la NBA était une sorte d’obsession, explique le Washington Post : « Pendant ses études à Liebefeld, Pak Un a montré peu d’intérêt pour la politique et n’a jamais exprimé la moindre hostilité à l’égard des Américains. Au contraire, il était fan des joueurs de basketball américains. Il passait des heures à dessiner la superstar des Chicago Bulls, Michael Jordan. »

À son retour à Pyongyang, Kim Jong-un aurait rejoint l’université militaire Kim Il-sung, l’école de formation de l’élite des officiers nord-coréens. Selon les services secrets sud-coréens, il aurait eu pour mentor son oncle Jang Song-taek, le beau-frère et bras droit de Kim Jong-il. Un oncle qui devrait tenir un rôle déterminant dans l’accession de son neveu au pouvoir, et l’affermissement de son contrôle sur le régime.

Le fils le plus capable, le « Grand héritier »

La tradition confucéenne privilégie le fils aîné, mais aucun des frères de Kim Jong-un ne semble avoir été considéré par leur père comme digne de lui succéder.
Kim Jong-nam a été arrêté, une fois, alors qu’il essayait de se rendre au Japon avec un faux passeport, au prétexte qu’il voulait visiter Disneyland. Un crime, on l’imagine bien, au pays du communisme radieux… 
Quant à Kim Jong-choi, il aurait été qualifié de « petite fille » par l’ancien chef cuisinier de Kim Jong-il. Bref, son père ne le trouvait pas suffisamment armé pour devenir dictateur…
Kim Jong-un était le favori de son père. Dès le début 2009, l’annonce de sa nomination à la Commission nationale de défense était le signe que Kim Jong-il, sachant sa santé fragile, avait porté son choix sur Kim Jong-un.

La réincarnation de Kim Il-sung, le fondateur de la Corée du Nord

La propagande s’est mise en marche : tout une mythologie a commencé à fleurir afin d’en faire le parfait continuateur de la dynastie Kim.
Bradley K. Martin, spécialiste de la Corée du Nord témoigne : « Le régime a tenté de faire de Kim Jong-un une réincarnation de Kim Il-sung, le grand-père et fondateur de la dynastie auquel Kim Jong-un ressemble naturellement. Les coiffeurs lui ont donné la même coupe de cheveux que Kim Il-sung lorsque celui-ci a pris le pouvoir avec l’aide des Soviétiques en 1945. La rumeur veut même que le jeune homme ait subi des opérations de chirurgie esthétique pour accentuer la ressemblance. Et puis, il porte les mêmes costumes Mao que son grand-père… »

Une difficile succession

[image:3,s]Kim Jong-un a fait ses débuts en public en septembre 2010, lors de son élévation au rang de général à quatre étoiles et vice-président de la commission centrale militaire du Parti des travailleurs de Corée du Nord. Par la suite, il a fait un certain nombre de sorties officielles aux côtés de son père. À la mort de son père, l’agence d’État, Korean Central News Agency, l’a présenté comme « le grand successeur de cause révolutionnaire de Juche, sous le leadership duquel les idées de Kim Jong-il étaient certaines de triompher ».
Pourtant, un doute subsiste. Kim Jong-un n’est-il pas encore un peu tendre pour contrôler le régime. S’il ne le contrôle pas, qui le contrôlera pour lui ? C’est tout l’enjeu de la période de transition qui vient de s’ouvrir, c’est la raison principale pour laquelle toutes les parties prenantes à la question coréenne, Corée du Sud, Chine, Japon, États-Unis et Russie, en premier lieu, s’inquiètent et se montrent particulièrement sur leurs gardes.

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