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La Chine prête à s’engager dans un plan anti-pollution

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La Chine, premier producteur mondial de gaz à effet de serre, crée la surprise à la Conférence sur le réchauffement climatique de Durban en y tenant, contre toute attente, le rôle de bon élève. C’est la première surprise de cette conférence, placée, par ailleurs, sous le signe de l’immobilisme et de la frilosité.


La Chine prête à signer un accord contraignant, mais pas tout de suite


[image:4,s]Le chef de la délégation chinoise Xie Zhenhua a suscité l’étonnement général, samedi 3 décembre, en affirmant que la Chine pourrait être disposée à signer un accord juridiquement contraignant pour réduire ses émissions à partir de 2020. Une condition : que les autres pays maintiennent leurs engagements et que soit pris en compte, au moment de la signature, l’état du développement chinois ainsi que toute une série d’autres conditions.


« La Chine est ouverte », a déclaré Xie aux journalistes, en se différenciant des positions des autres grands polluants, comme les États-Unis et le Canada.  


L’impression d’un changement de la position chinoise a surpris les délégués à la conférence. Mais, comme souvent lors de déclarations à portée politique de la Chine, une question se pose : s’agit-il juste de paroles en l’air ou est-ce le signe d’un sincère changement de ligne ?


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La Chine expose ses efforts dans son pavillon officiel à Durban


« La Chine a toujours œuvré à la lutte contre le changement climatique et elle continuera toujours à le faire » annonce un livret optimiste distribué dans le pavillon officiel du pays. C’est la première fois que la Chine ouvre un stand dans un sommet climatique de l’ONU.
Les brochures distribuées aux visiteurs dans le pavillon vantent l’exemplarité des politiques climatiques chinoises, en affirmant que la Chine est particulièrement concernée par les questions liées au changement climatique, et cela depuis des milliers d’année.  Des preuves ? Le Yi Jing (Livre des Mutations), le taoïsme et le philosophe Lao-Tseu.
Plus récemment, en proie à des crises climatiques dévastatrices, à des pics de pollution et face à une pression intérieure croissante, la Chine a proposé un assortiment de politiques et de projets, soutenus par un nouveau plan gouvernemental quinquennal, soulignant l’importance de la croissance verte et de la diminution des émissions.


Changhua Wu, directrice du Climate Group, une organisation à but non lucratif, dénonce le stratagème : la Chine n’a pas changé ses politiques à Durban, elle fait juste plus d’efforts pour mieux communiquer sur ses progrès dans la lutte contre le changement climatique, et renverser l’impression internationale selon laquelle elle ne le ferait pas suffisamment.


« En terme de relations publiques, la Chine se montre certainement plus avisée » a déclaré Changhua Wu.


« La confiance provient des efforts faits » a-t-elle ajouté, en soulignant le travail que la Chine est en train de réaliser à l’intérieur. « Mais les gens veulent toujours que la Chine fasse plus. »


La Chine n’abandonne pas le principe de « responsabilités communes mais différenciées »


La Chine a fait valoir à plusieurs reprises que, en tant que nation en développement, qui n’a pas de responsabilités historiques pour les émissions de gaz à effet de serre, elle ne peut pas être soumise aux mêmes standards que les pays industrialisés.


« La Chine n’assumera que la responsabilité appropriée à son développement », a réitéré lundi Xie.


Mais les États-Unis, deuxième plus grand pollueur mondiale derrière la Chine, ont souligné à nouveau, lundi 5 décembre, que la signature d’un accord contraignant de la part des principaux pays pollueurs en voie de développement – la Chine et l’Inde au premier rang – est une condition préalable pour toute négociation.


Todd Stern, chef de la délégation des ÉtatsUnis à Durban, a affirmé, lors d’une conférence de presse, que tout accord qui sera signé dans le futur devra prévoir des contraintes équivalentes pour tous les pays, y compris la Chine.


« Pour avoir un accord légalement contraignant qui ait du sens, tous les acteurs impliqués doivent en faire partie », a souligné Stern.


[image:3,s]Le ministre des Affaires étrangères sud-africain loue l’attitude de la Chine


La ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane, hôte de la conférence, était parmi les optimistes qui ont fait l’éloge du changement de position apparent de la Chine.


« La Chine est en train de poser ses cartes sur la table. Les autres négociateurs poseront, à leur tour, leurs cartes sur la table, pour faire progresser les négociations. Cela nous permet d’espérer avancer dans la bonne direction » a-t-elle déclaré.


Néanmoins, Changhua Wu a affirmé que la Chine n’envisage même pas de signer un accord international avant 2015 et qui entre en vigueur avant 2020. 


Pour l’instant, la Chine mettra l’accent sur les politiques nationales liées aux changements climatiques, en asseyant d’instaurer des contrôles sur les émissions. Il s’agit d’une tâche très difficile pour le pays le plus peuplé du monde, à la croissance galopante. « Aucun pays dans l’histoire ne s’est retrouvé dans une situation comparable à celle de la Chine aujourd’hui » a conclu Wu.


GlobalPost/Adaptation Melania Perciballi JOL Press

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