Site icon La Revue Internationale

L’accord de Durban laisse la planète se réchauffer

durbandoc.jpgdurbandoc.jpg

[image:1,l]Quatorze jours et deux nuits blanches… Avec trente-six heures de retard, la conférence de Durban sur le changement climatique s’est achevée sur un accord a minima. Le soulagement dominait parmi les membres des 190 délégations, tant ses discussions internationales ont frôlé la catastrophe et semblaient vouées à répéter l’échec de Copenhague il y a deux ans. « En l’honneur de Mandela : cela a toujours l’air impossible, jusqu’à ce que ce soit fait. Et c’est fait ! », a réagi, lyrique, sur Twitter, Christiana Figueres, responsable de l’ONU pour le climat.

Voici les points-clés de ce « package » inespéré :

Une suite au protocole de Kyoto

Le protocole de Kyoto, adopté en 1997 et en vigueur depuis 2005, est, à ce jour, le seul traité international sur le climat. Il fixe des objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) à une quarantaine de pays industrialisés. Il ne s’applique ni aux États-Unis, qui ont refusé de le ratifier, ni aux grands émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil.
Les pays en développement exigeaient de nouveaux engagements de la part des industrialisés à l’issue de la première période d’engagements (2008-2012) au nom de leur responsabilité « historique » dans le réchauffement de la planète.
La décision de Durban prévoit une deuxième période dont la durée (5 ou 8 ans) doit encore être débattue. En l’absence du Canada, de la Russie et du Japon, qui ont refusé de renouveler l’exercice, ces nouveaux engagements contraignants ne s’appliqueront qu’à environ 15 % des émissions mondiales.

Vers un accord global en 2015

En échange d’une prolongation des engagements de Kyoto, l’Union européenne demandait que soit définie une « feuille de route » vers un nouveau cadre juridique contraignant qui impliquerait tous les pays. Ce nouvel accord serait signé en 2015 pour une entrée en vigueur à partir de 2020.
La forme exacte qu’il prendra est restée floue – « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale » – afin de permettre un consensus à Durban mais il devra être précisée d’ici 2015.

Le Fonds vert de Cancun, enfin opérationnel

La décision rend opérationnel le Fonds vert, mécanisme financier acté à Cancun en 2010, pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique. Une formulation a été arrêtée pour contourner les réserves émises lors de la première semaine de la conférence par les États-Unis, sur la « personnalité juridique » de ce mécanisme. Ce Fonds vert doit acheminer des financements à partir de 2013 pour monter en puissance jusqu’en 2020, date à partir de laquelle les pays industrialisés ont promis de verser chaque année 100 milliards de dollars.
La conférence de Durban n’a, en revanche, pas permis de progrès notable sur la façon d’alimenter ce fonds pour qu’il ne reste pas une « coquille vide ».

Plus de transparence et un contrôle des actions menées par les États

L’un des enjeux de Durban était aussi de mettre en œuvre certaines des décisions de Cancun en 2010, notamment sur la transparence et la vérification possible des actions de réduction des différents pays.
Pour les pays développés, le texte adopté offre des pistes pour mieux suivre les actions au fur et à mesure et pas seulement à la fin en vérifiant après coup si l’objectif fixé a été atteint.

Pas de nouvelles promesses de réductions des émissions

L’accord prévoit, par ailleurs, la mise en place d’un travail préparatoire pour éventuellement faire entrer l’agriculture, à l’origine de 15 % des émissions de GES, dans le périmètre de la convention-climat de l’ONU.

Des conclusions insuffisantes selon les ONG écologistes

Cet accord ne s’accompagne pas d’une hausse du niveau des promesses des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. D’après les experts, les promesses ne permettent pas actuellement de contenir le réchauffement sous le seuil de 2° C.
Les organisations non gouvernementales et les lobbys écologistes ont dénoncé les faiblesses des résultats de cette conférence. Pour l’ONG Oxfam, « le monde se dirige comme un somnambule vers un réchauffement de 4° C ». Une perspective qui affectera toute la planète et, en particulier, à court terme, les pays insulaires ou côtiers, en première ligne face à la montée des eaux océaniques, une des premières conséquences de ce dérèglement.

Rendez-vous au Qatar en 2012

[image:2,s]Le prochain rendez-vous de la diplomatie climatique aura lieu au Qatar du 26 novembre au 7 décembre 2012. Doha a été préféré à Séoul, la capitale sud-coréenne. Le Qatar détient le record du monde des émissions polluantes : chaque année, un Qatari consomme l’équivalent de 53 tonnes de CO2, trois fois plus qu’un Américain. Un symbole qui passe mal chez les écologistes, mais peut-être, enfin, l’occasion d’une véritable prise de conscience de l’urgence.  

Quitter la version mobile