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Le Brésil de Dilma Rousseff, 6e puissance mondiale

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[image:1,l]L’année dernière, le plus grand pays d’Amérique latine avait accédé à la 7e place en passant devant l’Italie. Cette année, c’est le Royaume-Uni qu’il laisse derrière lui, se hissant à la 6e place. Une progression qui pourrait, d’ici 2016, lui permettre de doubler la France, actuellement 5e. Une progression qui devrait alors s’arrêter là, tant le quarté de tête – États-Unis (1er), Chine (2e), Japon (3e) et Allemagne (4e) – semble, pour le moment, inaccessible.


Une croissance de 7,5 % en 2010 et un coup de pouce relatif de la conjoncture mondiale


Dans le contexte de crise qui affecte les puissances économiques, c’est un chiffre qui fait rêver bien des pays. Avec une croissance de 7,5 % en 2010, le Brésil grimpe, grimpe… Résultat : une flatteuse 6e place au classement des puissances économiques mondiales établi, chaque année, par l’institut britannique de recherche CEBR (Center for Economics and Business Research).
Victime de l’année : le Royaume-Uni, qui rétrograde d’une place (7e). Le produit intérieur brut (PIB) du géant sud-américain atteindrait, selon les calculs de l’institut, 2 440 milliards de dollars contre 2 410 pour l’économie britannique.
« D’un point de vue psychologique, c’est une victoire de fin d’année fantastique, extraordinaire », a dit à l’AFP Ricardo Teixeira, professeur à la prestigieuse Fondation Getulio Vargas, à Rio. « Mais le Brésil n’y est pas arrivé tout seul : la conjoncture mondiale et principalement européenne a également eu une influence », a-t-il ajouté.



Un miracle économique malgré un coup d’arrêt en 2011


Une progression pas seulement relative. Avec le Brésil, c’est toute l’Amérique latine qui connaît un véritable miracle économique, dix ans après les terribles crises de la dette du début du siècle. Une des raisons, la demande chinoise, alors que la Chine est devenue un des principaux partenaires commerciaux du continent, au détriment des États-Unis et de l’Europe.
Pourtant, le Brésil ne vit pas dans une bulle. Après une croissance de 7,5 % en 2010, le résultat pour 2011 serait retombé entre 3 % et 3,5 %. Une « chute » relative dont se satisferaient amplement nombre de pays, notamment en Europe.


> Voir notre article sur le miracle économique de l’Amérique latine

Une prime aux pays producteurs de biens de première nécessité


Avec une industrie agroalimentaire qui représente 1/4 du produit national brut (PNB) et 40 % des exportations, et une autosuffisance énergétique proche de 90 % de ses besoins, le Brésil confirme ainsi les dires du président de l’institut britannique qui, dans une interview accordée à la radio BBC, a estimé que les « pays qui produisent des biens de première nécessité, comme les aliments et l’énergie, s’en sortent très bien ». Ces marchés, difficilement substituables, demeurent, pour l’instant, moins affectés que d’autres, par le ralentissement des échanges sous l’effet de la crise.


D’énormes défis pour atteindre les standards européens


[image:2,s]Toutefois, le produit intérieur brut (PIB) per capita, et le niveau de vie des Brésiliens sont encore très loin de ceux des Européens et Américains, selon le gouvernement et les experts.
Le PIB par habitant n’est que de 12 900 dollars contre 44 400 dollars en France et 48 100 dollars aux États-Unis, selon le Fonds monétaire international.
Selon une simulation réalisée par l’agence de notation brésilienne Austin Rating, le niveau de vie des Brésiliens n’égalera celui des Britanniques qu’en 2028.


La première économie d’Amérique latine doit éliminer l’analphabétisme, améliorer la santé publique et l’éducation et éradiquer la pauvreté extrême qui touche 16 des 190 millions de Brésiliens : « Il y a encore énormément de choses à faire. Vingt, trente ans seront nécessaires pour réduire les différences sociales au Brésil », a dit à l’AFP l’économiste chef d’Austin Rating, Alex Agostini. Mais, ce miracle économique profite aux plus pauvres. L’élimination de la misère est un des grands défis de la présidente Dilma Rousseff, qui a promis de ne pas s’accorder de repos tant qu’elle n’y sera pas parvenue.


Un joli cadeau d’anniversaire pour Dilma Rousseff


[image:3,s]Première femme présidente du Brésil, Dilma Rousseff, 64 ans, a succédé le 1er janvier 2011, au très charismatique Luiz Inacio Lula da Silva. Cette ex-guerillera sous la dictature militaire (1964-1985), classée troisième femme la plus influente au monde par la revue Forbes, a fait de la poursuite de la croissance économique de l’ère Lula, l’axe de sa politique.


> Voir notre portrait de Dilma Rousseff, femme de pouvoir redoutable

Grâce aux bonnes performances de l’économie, la présidente a terminé l’année avec un taux record de 72 % de popularité, et a réussi à imposer son propre style de gouvernement, plus gestionnaire et moins politique que Lula, son parrain politique. « Son style plus dur, de gestionnaire, donnant l’image d’une dame de fer qui s’oppose à la corruption, plaît à la classe moyenne traditionnelle », a déclaré Ricardo Ribeiro, analyste du consultant MCM.


Au cours des six derniers mois, Dilma Rousseff a mis à la porte six ministres accusés de corruption, dont celui des Sports, directement lié à l’organisation de la Coupe du monde de football en 2014 et des Jeux olympiques de 2016.


Elle a surmonté cette crise politique avec l’image d’une présidente moins tolérante envers la corruption que ses prédécesseurs. C’est un des facteurs de sa popularité, même si le principal est « la satisfaction des Brésiliens concernant l’économie », a expliqué Renato Fonseca, directeur de l’institut de sondages Ibope.


Dilma Rousseff a assuré que 2012 sera une année « prospère » pour les Brésiliens, « meilleure qu’en 2011 ». 

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