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Le Canada, mauvais élève du sommet de Durban

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Dans l’Arctique, être capable de prévoir le temps à travers les signes de la nature, tradition chez les Inuits, est une question de vie ou de mort. 

« Mon grand-père nous dit toujours de regarder le ciel, d’observer la mutation des nuages et de prévoir le temps. Mais cela devient de plus en plus difficile » raconte Jordan Konek, un jeune de 23 ans, arrivé à Durban depuis les territoires du Nunavut canadien afin de partager ses expériences sur le changement climatique qui affectent sa communauté inuit.

Les conséquences désastreuses du réchauffement climatique au Canada

La glace fond à une vitesse inattendue, la neige tombe tard et les ours polaires sont réduits à fouiller dans les ordures pour se nourrir puisqu’ils ne peuvent plus chasser les phoques. Il y a quelques semaines, un habitant d’Arviat a manqué, de peu, de se noyer, alors qu’il péchait : la glace n’est plus assez épaisse et elle s’est effondrée sous le poids de sa motoneige. Il est tombé dans l’eau glaciale.

Les scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps. L’Arctique est une des régions les plus exposées aux conséquences du réchauffement climatique. À Durban, Konek arbore un ruban fait en peau de phoque, il est épinglé sur son t-shirt et veut ainsi attirer l’attention sur les conséquences du changement climatique sur les modes de vie traditionnels.

Le Canada rejette le protocole de Kyoto

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Ce témoignage contraste largement avec la position du Canada à Durban. Devenue une nation paria au sommet depuis que des rumeurs circulent sur son intention de quitter le protocole de Kyoto. Actuellement, c’est le seul accord international légalement contraignant et l’unique instrument pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le gouvernement conservateur canadien avait déjà annoncé qu’il ne prendrait aucun engagement pour la seconde phase du protocole de Kyoto. Décision en partie justifiée par son projet d’extraction de pétrole dans les sables bitumineux du nord d’Alberta. Un projet très polluant mais aussi très lucratif. 

Le Canada se place en 54e position mondiale, deux places derrière les Étas-Unis, dans son engagement pour la lutte contre le changement climatique, selon un classement publié, mardi 6 décembre, par une association allemande. 

Le Canada ne répond pas aux rumeurs

[image:3,s]Le ministre canadien de l’Environnement, Peter Kent, présent à Durban pour la deuxième semaine du sommet n’a fait aucun commentaire concernant cette rumeur.
Lors d’une conférence de presse mardi 6 décembre, il affirmait avoir promis à Christina Figueres, la responsable pour le climat aux Nations unies de ne pas réserver de « mauvaises surprises » au cours du sommet. Il a, néanmoins, refusé de répondre aux questions concernant la volonté canadienne de se retirer du protocole de Kyoto dans les semaines qui vont suivre le sommet.

L’indignation des environnementalistes

Ces rumeurs non démenties ont provoqué l’indignation des environnementalistes.

« C’est avec réticence que nous acceptons le choix du Canada » déclarait Tim Gore, conseiller pour le changement climatique de l’Oxfam, lors d’une conférence de presse.

La Chine, qui crée la surprise depuis le début du sommet par sa surprenante bonne volonté, a également exprimé sa déception envers les Canadiens. L’agence de presse officielle chinoise, Xinhua, définit le Canada comme un « mauvais exemple » pour les pays industrialisés.

D’après Xinhua, la sortie du Canada du protocole de Kyoto « affecterait les efforts de la communauté internationale pour faire face aux changements climatiques » et « va certainement ajouter des nouveaux obstacles aux négociations.  » 

Les Sud-Africains se mobilisent contre le Canada

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Les leaders sud-africains, et parmi eux, l’archevêque Desmond Tutu, ont déclaré être choqués par la position du Canada.

Desmond Tutu et d’autres éminentes personnalités africaines ont signé une pétition contre le Canada, et ont publié des messages dans les médias internationaux exhortant le Canada à prendre des mesures sur le changement climatique.
« Le Canada était autrefois considéré comme un leader dans des enjeux mondiaux comme les droits des hommes ou la protection de l’environnement » peut-on lire dans un des messages. « Aujourd’hui, vous polluez, de chez vous, avec votre pétrole, et vous accélérez les effets dramatiques du changement climatique. Pour nous en Afriquele changement climatique, c’est une question de vie ou de mort. »

GlobalPost/Adaptation Melania Perciballi pour JOL Press

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