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Le Père Noël et ses lutins chinois, de grands pollueurs!

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[image:1,l]Quelques semaines avant Noël, un homme déguisé en morceau de charbon se dressait aux abords de la conférence des Nations unies sur le climat à Durban. « Frappez-moi » indiquait l’écriteau accroché à son dos. De nombreux passants s’exécutaient et, sous leurs coups de pieds, l’homme déambulait vêtu de collants noirs et d’un sac-poubelle. Son objectif : dénoncer la surconsommation de charbon, lors du sommet de Durban. Surconsommation de charbon, qui rejette du dioxyde de carbone dans l’atmosphère et est la cause principale du réchauffement climatique.


Ironie du sort : la période de Noël avec ses cadeaux « made in China » provoque un pic de production, et donc de pollution.


La Chine, plus grand émetteur de carbone


Mais la Chine, plus grand émetteur de carbone du monde, refuse de fermer ses centrales à charbon dans un avenir proche. La demande grandissante de la Chine pour cette roche polluante encourage même les pays producteurs à augmenter leur production.
Le boom de l’économie chinoise a été alimenté au charbon, rendant cette matière nécessaire au maintien de la croissance. L’atelier du Père Noël, qu’est devenue la Chine, est littéralement alimenté par le charbon : on estime que 70 à 80 % des jouets vendus aux États-Unis sont faits en Chine, dont l’énergie se repose à 70 % sur le charbon.


La Chine a d’immenses besoins énergétiques


Le manque d’énergie demeure un problème permanent en Chine, où quelques centrales à charbon doivent fermer à cause des réserves réduites et du réapprovisionnement trop cher. D’après les analystes, il est plus simple d’importer du charbon extrait à l’étranger dans le sud-est de la Chine, que de le faire acheminer depuis le nord du pays.
Pendant que la Chine demeure le plus grand producteur de charbon, sa demande grandissante pousse le pays à en importer depuis l’Afrique du Sud, l’Australie, l’Indonésie ou la Colombie.


Du charbon en provenance de l’Afrique du Sud


[image:2,s]Un peu en dessous de la côte sud-africaine de Durban – le site qui abritait le sommet sur les changements climatiques début décembre – se trouve le terminal à charbon de Richard’s Bay, l’un des plus grands au monde, d’où l’Afrique du Sud a exporté une quantité record de charbon vers la Chine en octobre et novembre.
Les entreprises chinoises ont énormément investi dans des projets de mines de charbon en Afrique du Sud bien que cette énergie produise déjà près de 90 % de l’électricité sud-africaine.


Les besoins chinois stimulent l’industrie sud-africaine


Pour l’Afrique du Sud, quatrième plus grand exportateur mondial de charbon, les besoins de la Chine ont stimulé l’industrie des mines de charbon et sont venus compenser le manque à gagner causé par la crise financière européenne.
« La Chine a désespérément besoin de notre charbon et se prépare à l’acheter, en fixant les prix » précise Xavier Prevost, un analyste du charbon pour XMP Consulting à Pretoria.
Prevost ajoute que la demande de la Chine est telle que l’Afrique du Sud pourrait exporter plus, si elle le pouvait. Mais les infrastructures vétustes entravant l’acheminement du charbon vers le terminal de Richard’s Bay l’en empêchent.


La pression des organisations environnementales


D’après Greenpeace, le groupe d’activistes environnementaux, l’Afrique du Sud, victime de son « addiction au charbon » devrait se concentrer sur les énergies vertes et non pas attendre les bénéfices de son exportation.
« Nous devons nous débarrasser du charbon » affirme Melita Steele, experte en changement climatique pour Greenpeace Africa. « Exporter nos émissions vers d’autres pays n’est pas une solution. »


L’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) lançait un avertissement dans un rapport, publié la semaine dernière, prévenant que la demande de charbon devrait grimper dans les cinq années à venir. Le compte rendu insiste sur des problèmes spécifiques liés à « l’appétit important de la Chine pour le charbon » surlignant l’impact potentiel que cela pourrait avoir sur le coût de l’électricité.


Un besoin en charbon croissant


« À propos de tous les discours concernant le retrait du charbon du système énergétique, la AEI projette une augmentation des besoins moyens en charbon atteignant les 600 000 tonnes par jour au bout des cinq prochaines années » confie la directrice exécutive Maria van der Hoeven.


Philip Andrews-Speed, un analyste des politiques énergétiques de Grande-Bretagne, ajoute qu’entre 2003 et 2006 la consommation de charbon de la Chine a dépassé les prévisions et continue de gagner 10 % par an. « En dépit des efforts visant à réduire la dépendance au charbon, rien ne s’est produit » confie-t-il.
La Chine atteignait un record en important 165 millions de tonnes de charbon en 2010 mais est descendue à 150 millions de tonnes pour cette année.
Bien qu’il s’agisse d’un faible pourcentage en comparaison aux 3,5 milliards de tonnes de charbon que la Chine devrait utiliser cette année, cela reste un chiffre important à l’échelle internationale. La Chine importe en effet près de 15 % du charbon échangé dans le monde.
« De subtils changements dans la balance commerciale en Chine peuvent avoir des effets significatifs sur les marchés internationaux » ajoute Andrews-Speed.


La Chine, en route vers une économie verte ? 


Changhua Wu, responsable chinoise de The Climate Group, précise que Pékin travaille à réduire sa dépendance au charbon, et que la ville est devenue le plus grand investisseur en projets d’énergie renouvelable. Le 11e plan sur cinq ans du gouvernement insiste sur la croissance verte et les initiatives faibles en carbone comme il a été demandé, note Changhua.
Mais il n’est pas facile de mettre en place des changements énergétiques majeurs dans un pays où la population tient à maintenir une croissance rapide. « Dans l’histoire, aucun pays ne s’est retrouvé dans une situation similaire à celle de la Chine aujourd’hui » ajoute Wu.



GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press 


 

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