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Le tourisme souffre du terrorisme islamiste

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Une situation critique

La police malienne a arrêté trois terroristes présumés cette semaine. Ils sont accusés de l’enlèvement de cinq occidentaux et du meurtre d’un autre, près de Tombouctou, en novembre dernier.

D’après les autorités, le tireur ferait parti d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Les autres personnes, impliquées dans l’enlèvement perpétué entre le 24 et 25 novembre, restent introuvables.

Un pays vivant dans la crainte

Malgré les patrouilles très régulières de soldats dans les rues de la capitale, les citoyens restent persuadés que de telles mesures de sécurité ne suffiront pas à sauver le tourisme malien.

« La ville est en état de choc, horrifiée que de telles choses puissent se produire ici » commentait, par email, Miranda Dodd, propriétaire de l’hôtel Sahara Passion de Tombouctou. Elle s’inquiète des conséquences qu’une telle violence pourrait avoir sur le tourisme au Mali.

« Nous avons peur de voir la fin d’une industrie déjà fragile » a-t-elle ajouté.

Début décembre, l’AQMI avait diffusé les clichés de cinq otages, dont trois enlevés à Tombouctou, augmentant ainsi la peur des citoyens et des touristes.

Un tourisme en berne

Avec peu de ressources naturelles, mais une histoire riche, le Mali dépend principalement des revenus du tourisme. La crise, combinée à une sécheresse menaçante, a fortement affaibli l’économie du pays. Avec un PIB de 9,2 milliards de dollars, le Mali est l’un des dix pays les plus pauvres du monde. Ces enlèvements pourraient être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

« Si vous possédez ou travaillez pour un restaurant, un hôtel, une agence de voyages ou de tourisme au nord du Mali, votre gagne-pain est parti la semaine dernière » déclarait Phil Paoletta, écrivain freelance et grand connaisseur de l’Afrique de l’Ouest pour y avoir passé plusieurs années.

Le nombre de touristes venus visiter le Mali a chuté de manière catastrophique ces dernières années. En 2006, ils étaient 45 000 à visiter la ville, un chiffre qui tombait à 6 000 en 2009, pour atteindre un maigre 492 pendant le premier quart de l’année 2011, si l’on en croit les statistiques publiées en novembre par l’agence de presse malienne.

Même les voyageurs saisonniers y réfléchissent à deux fois avant de visiter Tombouctou.

Des risques réels

L’artiste Wren Miller s’était préparée pour un voyage à bord d’un camion rempli de livres à donner aux enfants maliens, qui l’aurait conduite de chez elle, au Royaume-Uni, jusqu’à Tombouctou.

« Je regarde sérieusement mes plans » disait-elle dans un email. « Mais jusqu’à ce que les choses se calment, j’ai peur que cela soit impossible et qu’il me faille l’aide d’autres personnes pour livrer les livres. L’AQMI est un réseau intelligent qui contrôle attentivement le Web, et qui regarde les blogs, forums, etc. » ajoutait-elle. « À l’avenir, je serai plus discrète. »

Beaucoup s’inquiètent de la progression du mouvement

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« Tout le travail que j’ai accompli cette année n’aura probablement servi à rien » commentait Yuri Horowitz, un ancien volontaire de Peace Corps, retourné au Mali l’année dernière, afin de développer le tourisme durable dans une région propice aux randonnées, à environ 320 km de Tombouctou.

« Dans mon voisinage, tout le monde est au courant pour les otages » confiait Moussa Sidibé, employée de l’Association Malienne pour la Promotion des Femmes en Entreprise.

L’ambassade des États-Unis a récemment mis à jour ses conseils aux voyageurs en ajoutant qu’elle « met en garde les citoyens américains sur les risques d’un voyage au Mali, et recommande à tous les Américains résidant, ou en visite, au Mali de ne pas voyager au nord du pays. »

Pour certains, ces inquiétudes sont exagérées

« Nous avons toujours pensé que ces avertissements étaient exagérés » déclarait Kiley Kraskouskas, réalisatrice de « Essakane », un documentaire sur le festival de musique annuel « Au Désert », à la périphérie de Tombouctou.

« Seul le temps nous dira si c’est un incident isolé, ou une situation qui se généralise dans la région » ajoutait-elle.  

Richard Trillo, auteur du Rough Guide d’Afrique de l’Ouest et blogueur,  dit « avoir été à Tombouctou le mois dernier et qu’elle reste absolument paisible, relaxante, non menacée et non menaçante. Je trouve que [à propos des enlèvements d’AQMI] c’est aussi dur à imaginer que l’idée d’un avion s’écrasant sur ma maison à l’instant. »

GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press

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