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Les droits des femmes piétinés par les ultra-orthodoxes

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Cette semaine, la place des femmes en public fait les gros titres d’Israël, après qu’une série d’incidents ont mis en évidence la répression grandissante des femmes israéliennes.


Des inégalités creusées par le gouvernement


L’armée israélienne, dans laquelle les femmes ont servi depuis l’instauration de l’État, a été au centre des préoccupations lorsqu’il a été révélé que des recrues mâles ont quitté des cérémonies pendant lesquelles chantaient des femmes, clamant que cela offensait leur interprétation de la décence.


Bien qu’obligatoire pour chaque Israélien et Israélienne de 18 ans, les hommes pratiquants peuvent échapper au service militaire s’ils font le choix de rejoindre des séminaires religieux. La querelle du moment est entre l’égalité des genres dans la tradition de l’armée et les nouvelles recrues religieuses qui revendiquent leurs valeurs.


De plus, un incident impliquant Chany Ma’ayan, professeure de médecine pédiatrique à l’Hôpital Universitaire d’Hadassah, a fait les gros titres quand il fut révélé qu’en septembre dernier, elle remporta un prix décerné par le ministère de la Santé mais que, suivant les directives du vice-ministre de la Santé Ya’akorv Litzman, un ultra-orthodox juif, elle n’était pas invitée sur scène pour recevoir sa récompense, à l’inverse des hommes récompensés.


L’indignation des femmes orthodoxes


Cet épisode a poussé les femmes orthodoxes, en particulier, à exprimer leur indignation à la vue de l’extrémisme grandissant des hommes religieux dans la sphère publique.


« C’était un événement public impliquant un vice-ministre d’État », disait le Dr Hanna Kehat, directrice du Kolech, une organisation de femmes religieuses professionnelles, dans une interview accordé à Israel Radio. « Il s’agit d’un incident de discrimination grossière, laquelle est interdite par la loi et il est difficile de croire qu’elle ait, en effet, eu lieu. Nous avançons à grand pas vers une situation similaire à celle en Iran. »


Ces événements reflètent une audace en expansion de la part des figures religieuses en Israël. D’autre part, Molly Malekar, la directrice du Centre d’Orientation pour Femmes, dit, dans un interview avec le GlobalPost : « C’est un rebond contre le rôle croissant de la femme dans la sphère publique israélienne et contre la reconnaissance pour les causes des femmes. »


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Une présence accrue en politique


« Deux femmes sont maintenant à la tête de partis politiques (Tsipi Livni, à la tête du parti de centre droit Kadima, et Shelly Yachimovich à celle du parti Travailliste) et une troisième est sur le point de conduire Meretz (un petit parti de gauche). Une femme est également à la tête de la Cour Suprême et a particulièrement été touchée par ces éléments. Les problèmes des femmes ont considérablement avancé dans la société, au point qu’un ancien président s’apprête à faire de la prison pour agression sexuelle. Ainsi, une partie de ce que l’on voit est l’inévitable retour du bâton face à l’avancement des femmes. Ce retour n’est pas une coïncidence. »


Une discrimination répandue


La controverse a acquis une résonance particulière après la découverte, il y a plusieurs mois, qu’une campagne d’affichage pour le don d’organe ne contenait que des figures féminines à Tel Aviv, et masculines à Jérusalem.


La variante est outrageuse, et le Centre National de Transplantation, qui avait flanché sous la pression des leaders religieux, a été forcé de s’excuser et doit maintenant réafficher, à ses frais, ses publicités dans la capital en y incluant des femmes.


Une discrimination idéologique


« Les ultra-orthodoxes – bien qu’il soit important d’insister sur le fait que cela ne vaut par pour tous – agissent ainsi à cause d’un point de vue erroné : ils voient un conflit dans le rôle des femmes dans la sphère publique tel l’affrontement entre la foi et le manque de foi, entre idéologie et mode de vie. La vérité, bien sûr, est que ce conflit est entre deux fois » commentait auprès du GlobalPost, l’auteur, la personnalité télévisuelle et le commentateur social Yair Lapid.


Se référant à une une enflammée qu’il publia dans le quotidien Yedioth Acharonoth, Lapid dit, « J’ai choisi le mot « sacré » pour surligner le fait que l’égalité des femmes est une partie de la foi de chaque être humain libéral. Comme toute autre foi religieuse (et il est simple d’oublier que même le Judaïsme n’est pas une foi mais, comme toute autre religion, une certaine pratique de la foi), pour nous aussi, il y a certaines questions qui sont plus ou moins importantes, et les ultra-orthodoxes doivent comprendre qu’ils piétinent ici l’une des limites de toute personne libre. »


La fuite des juifs ultra-orthodoxes


Le GlobalPost a tenté de recueillir une réponse des membres ultra-orthodoxes du Conseil de la Ville de Jérusalem, mais tous ont refusé de répondre aux questions sur le sujet des femmes dans la sphère publique. Un porte-parole, qui a demandé l’anonymat, a dit que la question était un « sable mouvant » pour tout politicien ultra-orthodoxe.


Comment Israël a-t-il atteint ce point ? Parmi d’autres raisons, la société ultra-orthodoxe, une minorité dans la population israélienne, a renforcé son influence dans la politique de la Nation et auprès des partisans à cause des fragiles coalitions qu’ont formé les gouvernements israéliens, qui exigent souvent des personnes influentes au sein des partis minoritaires. De plus, des changements dérangeants dans la société ultra-orthodoxe ont poussé certains à se retrancher.


Vers un printemps juif ?


L’apparition de l’Organisation des femmes juives orthodoxes professionnelles est l’un des symptômes de ce phénomène. Les femmes orthodoxes demandant de plus grandes libertés, certains jeunes hommes choisissent, eux aussi, une vie d’interaction avec le monde laïque, que ce soit par le service militaire ou le travail, au lieu d’une vie centrée sur l’étude religieuse.


En parallèle à ces modifications, la majorité de la population laïque, inspirée par le mouvement de contestation sociale de l’été dernier, se fait de plus en plus impatiente avec la tradition militaire et l’exonération d’impôts garantie aux ultra-orthodoxes, rendu possible grâce aux ultimatums de leurs partis politiques.


« Le fardeau est inégalement partagé, » est devenu l’un des représentants de la mantra.
Vient ensuite, bien entendu, une bonne passivité sociale.
« Nous en sommes arrivés là parce que nous avons oublié que chaque religion est impérialiste de par sa nature », disait le laïque Tel Avivi Lapid.
« Nous avons erré en pensant qu’il y avait un point auquel l’extrême ultra-orthodoxe réaliserait que nous avons suffisamment abandonné, qu’il n’y a pas besoin de continuer d’attaquer le statu quo, que ce conflit peut se désamorcer. Mais cela ne fonctionne pas ainsi lorsque l’on doit faire face à la sorte de religiosité qu’ont développée certains ultra-orthodoxes. De leur point de vue, toute personne laïque est un enfant, et leur dialogue avec nous n’est pas sincère mais relève de la pure tactique. Ils arrêtent uniquement quand ils n’ont pas le choix, et marchent constamment vers leur but ultime : faire de chacun d’entre nous l’un d’eux. »


GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press

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