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Les incroyables obsèques de Kim Jong-il

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[image:1,l]La Corée du Nord a organisé, mercredi 28 décembre, de grandioses obsèques pour son « Cher Leader », le général Kim Jong-il. L’agence de presse russe Itar-Tass a affirmé que le service funèbre avait débuté à 10 heures, heure locale (2 heures, heure de Paris) à Pyongyang, dans le mausolée Kumsusan, où le corps du général a été placé dans un cercueil de verre. La cérémonie, qui a rassemblé des dizaines de milliers de Nord-Coréens, a pris fin à 9 heures (heure de Paris), selon la télévision officielle. « La cérémonie est terminée », a déclaré un responsable officiel devant le mausolée Kumsusan de Pyongyang où le convoi funèbre est revenu à l’issue d’un tour dans la ville enneigée devant des dizaines de milliers de personnes. À son retour sur la place du mausolée, devant des dizaines de milliers de soldats et de civils rassemblés, la garde d’honneur a défilé et l’hymne national a été interprété par un orchestre militaire.


Une mise en scène parfaite


[image:2,s]La télévision d’État nord-coréenne avait commencé à diffuser des images des obsèques du dirigeant Kim Jong-il, mercredi vers 14 heures (6 heures, heure de Paris), affirmant que la retransmission était en direct. Ces premières images ont montré une limousine noire exhibant un portrait géant de feu l’homme fort du régime, passant entre des dizaines de milliers de militaires, courbant la tête en signe de respect.
Derrière, suivait une autre limousine présentant un grand bouquet de fleurs blanc, puis une longue voiture transportant un cercueil noir recouvert d’un drapeau rouge. L’ensemble de la scène laissait voir la neige, tombée en abondance depuis la nuit précédente sur la capitale du pays. Après quelques heures de défilé dans la ville, le cortège est revenu vers le mausolée. Le corps de Kim Jong-il doit être embaumé et c’est là que pourra se poursuivre le culte de la personnalité.



Un spectacle surréel dans un univers parallèle


Une musique entêtante, composée spécialement en l’honneur du défunt, entrecoupée des lamentations bruyantes des Nord-Coréens en deuil, le brouillard épais et la neige qui continuait à tomber, des limousines allemandes d’un autre temps : un spectacle surréel dans un univers parallèle. Comme une superproduction hollywoodienne… en mieux.
On en oublierait presque que tout cela est bien réel, un exercice de propagande aux conséquences politiques majeures.



Kim Jong-un, « leader suprême du parti, de l’État et de l’armée »


[image:3,l]À la droite de la voiture emmenant le cercueil, marchait Kim Jong-un, fils et successeur de Kim Jong-Il, à la tête du pays. La cérémonie devait aussi permettre de renforcer la légitimité du fils cadet de Kim Jong-il, désigné successeur dès l’annonce de la mort de son père, le 19 décembre, et adoubé par l’armée, mardi 27 décembre. Mercredi matin, Kim Jong-Un a été appelé « leader suprême du parti, de l’État et de l’armée » par l’agence de presse du régime, bien qu’il n’occupe pas ces postes officiellement pour l’instant. Le Parti du travail de Corée est le parti unique du pays.


> Notre portrait de Kim Jong-un, le grand héritier

Un aperçu du nouveau rapport de force à la tête du régime


En scrutant les places accordées aux divers responsables pendant les obsèques, les spécialistes de la Corée du Nord espèrent mieux comprendre quels dirigeants sont susceptibles de conduire le pays au côté du jeune successeur.
Derrière le jeune héritier, avançait, en costume civil, Jang Song-thaek, l’oncle par alliance de Kim Jong-un et « régent » pressenti du pays. Le véhicule était escorté sur sa gauche par plusieurs dignitaires de l’armée, dont le ministre de la Défense et le chef d’État-major. Cela tend à confirmer la place prépondérante qu’est appelée à tenir l’armée dans l’établissement du nouveau régime.


La Corée du Nord reste la Corée du Nord


Aucun représentant étranger n’a été convié à ces obsèques. Les délégations sud-coréennes, venues présenter leurs condoléances, sont reparties à la veille des cérémonies. L’ouverture au monde, si ouverture il devait y avoir, ne saurait se faire à la va-vite, sous le coup de l’émotion.
Les experts s’attendaient à une manifestation de loyauté bien orchestrée envers le pouvoir en place, inspirée des obsèques en 1994 du père du défunt, le fondateur de la Corée du Nord communiste Kim Il-sung.


La Corée du Nord reste la Corée du Nord. 

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