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Les Iraniens ne craignent pas la guerre

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[image:1,l]Malgré les déclarations belliqueuses de représentants américains ou israéliens et les réponses sur le même ton de dirigeants iraniens, la vie continue dans les rues de Téhéran et, malgré le brouillard, les citoyens vaquent à leurs occupations habituelles.


Les sanctions économiques n’affectent pas les Iraniens


Les magasins sont toujours pleins, et les Iraniens continuent de vivre leur vie comme si de rien n’était, comme si la possibilité d’une guerre était improbable et devait le rester à jamais.
Bien que les prix augmentent et qu’une part croissante de la population a de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts – en raison des sanctions économiques imposées par les États-Unis et la mauvaise gestion des finances publiques par les autorités iraniennes – la population iranienne continue de consommer, les grèves du travail sont rares et aucune opposition durable au système dirigeant ne participe au débat politique actuel.
Les tentatives des États-Unis pour retourner les cœurs et les esprits des Iraniens moyens en perturbant l’économie de la République islamique n’ont pas obtenu les effets désirés. Et la plupart d’entre eux expliquent de manière pragmatique la guerre de mots qui oppose actuellement leur pays aux États-Unis et à Israël. Ils pensent qu’une attaque militaire est improbable.


La guerre clandestine contre le régime


« Tout le monde a peur de la guerre, c’est naturel » affirme Mohsen, professeur d’anglais dans une école supérieure. « Mais dans les circonstances actuelles, ce n’est pas quelque chose que l’on doit craindre. Il faut une bonne raison pour faire une guerre et, en ce moment, les conséquences d’un possible conflit contre l’Iran pour les États-Unis et Israël seraient trop importantes. Personne ne pense actuellement que les États-Unis veuillent occuper l’Iran. »
[image:2,s]Bien que l’hypothèse d’une guerre traditionnelle puisse être irréaliste, plusieurs ici pensent qu’un type de guerre différent est déjà en cours, à la fois sous forme de sanctions économiques contre le système financier iranien et à travers des opérations clandestines, telle que l’explosion toujours inexpliquée dans la ville d’Esfahan en novembre dernier. Et aussi, celle de l’avant-poste de la Garde révolutionnaire, juste en dehors Téhéran.
La capture présumée d’un drone américain le mois dernier, autant que la capture d’agents de la CIA en Iran, renforce la conviction que les États-Unis sont en train de conduire des attaques cachées pour affaiblir la sécurité iranienne.


Les Iraniens plus préoccupés par l’économie que par la guerre


Néanmoins, les Iraniens portent toujours avec eux le souvenir de la guerre de huit ans qui a opposé leur pays à l’Irak, dans les années 1980. Bien que beaucoup des « souvenirs » de ce conflit sanglant – spécialement les peintures murales hors du commun des victimes du combat, une figure emblématique de la vie urbaine iranienne – soient en train de s’estomper, les blessures sont toujours en train de se cicatriser, plus d’une génération après la fin du conflit.
« J’ai peur de la guerre, parce que j’en ai déjà vécu une et je ne veux pas renouveler l’expérience » confie Bahar, cinquante ans, mère de trois enfants, rappelant les attaques de missiles intermittents sur Téhéran, menées par les forces de Saddam Hussein à la fin des années 1980 qui ont forcé sa famille à quitter la capitale.
D’autres, comme Hanieh, étudiant de 32 ans, pensent que l’expérience de la guerre qui a opposé l’Iran à l’Irak rend l’éventualité d’un nouveau conflit, aussi improbable que cela puisse paraître, moins inquiétante.
« Je n’ai pas peur, parce que je pense que cela n’adviendra pas et même si c’était le cas, je suis un enfant de guerre. Quand on est enfant et qu’on survit à la guerre, ce n’est pas l’inconnu dont on a peur plus tard dans la vie. C’est quelque chose qui arrive comme un accident et on y passe à travers » affirme-t-il.
S’il y a une chose qui préoccupe l’Iranien moyen, ce n’est pas la guerre. Comme les Américains, les Européens et le reste du monde, ce qui importe, c’est leur bien-être économique.
« Pourquoi devrais-je m’inquiéter de la guerre ? Je veux juste partir d’ici », confie Massoud, un jeune banquier de 30 ans. « Pendant six ans, j’ai imaginé une façon de partir pour les États-Unis. Au moins, dans ce cas-là, j’aurais une chance de le faire»


GlobalPost/Adaptation Melania Perciballi pour JOL Press

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