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L’opposition conteste la réélection de Kabila

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Lors des célébrations du week-end dernier, cinq chèvres ont été immolées en l’honneur de la réélection du président Joseph Kabila. Des femmes dansaient dans les rues, habillées avec des robes sur lesquelles était imprimée la photo du président.


Les partisans d’Étienne Tshisekedi rejettent les résultats


[image:2,s]En marge des célébrations, un jeune de vingt-sept ans en costume regardait la scène. D’après Fiston Kheta, activiste politique local, l’élection a été truquée et le président devrait être arrêté pour ce crime : « Ces résultats sont sans importance, affirme-t-il, les urnes ont été bourrées et l’élection n’est qu’une vaste fraude. »
La victoire de Kabila, avec 49 % des voix, a été annoncée officiellement vendredi 9 décembre.
Le leader de l’opposition Étienne Tshisekedi, crédité de 32 % des voix, a immédiatement dénoncé les résultats, en s’autoproclamant le nouveau président du Congo.
Peu après la déclaration de Tshisekedi, le troisième candidat Vital Kamerhe a félicité publiquement son ancien adversaire et s’est joint à lui dans les accusations de fraudes.
Dans la province problématique du Nord Kivu, l’opposition a annoncé l’organisation de manifestations pacifiques pro-Tshisekedi à partir de cette semaine. Nicolas Matabaro, un membre du parti de Tshisekedi, a déclaré qu’il espérait que l’armée et la police s’uniraient aux manifestants. 
« Le gouvernement nous combattra pour la même raison pour laquelle ils ont truqué les urnes. Nous n’avons pas peur. Peu importe qu’ils nous tirent dessus, nous ne nous arrêterons pas jusqu’à ce que nos droits soient respectés. »
Selon Human Right Watch, au moins dix-huit personnes ont été tuées et une centaine blessées au cours des violences qui ont suivi les élections. Selon des sources locales, depuis l’annonce des résultats, entre quatre et six personnes ont été tuées.
Le ministre de l’Information Lambert Mende Omalanga a déclaré que le gouvernement est prêt à affronter « durement » toute personne qui dérangera la paix au cours des prochains jours.


Des fraudes confirmées par les observateurs internationaux


[image:3,s]Les observateurs internationaux du Centre Carter ont publié un rapport, samedi 10 décembre, qui dénonce le manque de crédibilité des élections. Le rapport affirme que, dans certains districts pro-Kabila, on a enregistré une participation de 100 %, avec le président sortant remportant la presque totalité des voix, tandis qu’une grande partie des bulletins de vote des régions pro-Tshisekedi ont été perdus.
« Ces observations et d’autres pointent le doigt sur la mauvaise gestion des résultats et compromettent l’intégrité de l’élection présidentielle » dénonce le rapport.
Le rapport du Centre Carter ne va pas jusqu’à affirmer que la victoire de Kabila est fausse, en admettant ne pas disposer d’assez de preuves pour faire une telle appréciation. Face à une opposition divisée de dix candidats à cette course où c’est le gagnant qui emporte tout, Kabila était largement favori, même sans les fraudes généralisées et la désorganisation.
D’autres organisations internationales ont exhorté le peuple congolais à accepter les résultats de l’élection, même avant le comptage des voix. Après l’annonce des résultats, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a invité les partis d’opposition à contester les élections devant les tribunaux, plutôt que dans les rues. Ban Ki-moon a « fermement condamné les actes de violence liés au processus électoral. »


Les congolais craignent une recrudescence des violences


[image:4,s]Pour fêter la victoire du parti de Kabila dans les rues de Goma, Paul Katakali préparait les brochettes de chèvre pour le barbecue. Pour lui, la victoire de Kabila est une démonstration authentique du soutien d’une nation encore sous le choc de la guerre. En 2008, Kabila a négocié un accord de partage du pouvoir qui a mis fin à un conflit de plus de dix ans qui avait fait des millions de victimes et des millions de déplacés.
« Nous l’aimons parce qu’il n’est pas un extrémiste, a expliqué Katakali. Il unit des personnes de différentes tribus et ethnies. Le pays était divisé par des rébellions, mais lui, il a uni le Congo. »
Dans un des nombreux bidonvilles de Goma, Matthew Otchumbe, un jeune de vingt-sept ans, ne partage pas cet avis. Pour lui, les dix ans de gouvernement de Kabila ont constitué une déception : le président n’a tenu aucune des promesses faites, il y a dix ans, de veiller au développement, à l’éducation, à la santé et à la sécurité.
Comme beaucoup des opposants, Ochtumbe pense que la communauté internationale devrait intervenir. Et comme beaucoup de personnes dans cette province déchirée par la guerre, il a avoué avoir peur de manifester parce qu’il craint que les rassemblements pacifiques ne tournent à la violence et ne ramènent la nation vers un nouveau conflit.
« Les gens ne devraient pas protester dans les rues : on leur tirera dessus comme sur des oiseaux, craint-il. Nous ne devrions pas aller manifester et risquer d’être tués. »


Global Post/Adaptation Melania Perciballi pour JOL Press


Affrontements à Kinshasa


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