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Anne Sinclair, Madame DSK au Huffington Post

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[image:1,l]Tout le monde en parle depuis des semaines, tous les internautes l’attendent… La version française du Huffington Post va enfin être en ligne. Présenté lundi 23 janvier à 9h30, le dernier-né de la famille Huffington sera dirigé par une revenante sur la scène journalistique, Anne Sinclair.

De retour dans le journalisme

Après avoir quitté son métier de journaliste pendant plusieurs années pour ne pas nuire à la carrière de son mari, Dominique Strauss-Kahn, et le suivre à WashingtonAnne Sinclair retrouve avec un plaisir non dissimulé l’ambiance des rédactions. Lors d’une interview au magazine Elle, du jeudi 19 janvier 2012, elle déclare « Ça me fait très plaisir de reprendre mon métier, dans l’euphorie de participer à quelque chose de neuf. […] Je crois que je peux encore apporter à ce métier ! »

C’est un retour rêvé pour celle qui fut une véritable star du petit écran dont les yeux bleus, associés à un talent d’intervieweuse hors pair, fascinaient la France entière. Et pourtant, le journalisme, Anne Sinclair y est arrivée presque par hasard.

Une carrière dans les règles de l’art

[image:2,s]Au début de ses études, Anne Sinclair, de son vrai nom Anne-Elise Schwartz, se dirige vers le droit. Une fois sa licence en poche, elle intègre l’Institut d’Etudes Politiques de Paris dont elle est diplômée en 1972.

Elle entre alors dans la rédaction d’Europe 1 comme stagiaire puis gravit les échelons progressivement. En 1983, sa carrière la conduit chez TF1 où elle connaîtra son plus grand succès. De 1984 à 1997, elle anime l’émission hebdomadaire 7 sur 7 où elle reçoit, le dimanche soir, les plus grandes personnalités et, en priorité, les responsables politiques. Cette émission connaît un véritable succès qui se solde, pour sa présentatrice, par deux Sept d’Or, en 1985 et 1990.

Séparée du journaliste Ivan Levaï, avec qui elle a deux enfants, David et Elie, elle épouse Dominique Strauss-Kahn le 24 novembre 1991. En 1997, DSK est nommé ministre de l’Economie et des Finances dans le gouvernement de Lionel Jospin. Elle prend alors la décision de donner un tournant à sa carrière afin de ne pas nuire à celle de son mari. Elle se retire des plateaux de télévision mais reste chez TF, où elle devient directrice adjointe de l’information, puis directrice générale de TF1 entreprise. En 2001, elle quitte la télévision pour rejoindre les ondes, sur RTL puis France Inter.

Elle abandonne tout pour suivre DSK

En 2007, Dominique Strauss-Kahn est nommé directeur-général du Fonds Monétaire International, Anne Sinclair le suit à Washington.

Même à l’étranger, elle garde un pied en France et dans le journalisme. En juin 2008, elle ouvre son blog, « Deux ou trois choses vues d’Amérique » dans lequel elle comment l’actualité de son nouveau point de vue de Française expatriée.

Alors qu’elle avait disparu des plateaux télévisés, de la presse et même de France, elle revient subitement sous le feu des projecteurs. Le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est accusé de viol par une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de New York, Nafissatou Diallo. L’affaire connaît un retentissement mondial et, aux Etats-Unis, Dominique Strauss-Kahn est inculpé puis incarcéré. Il démissionne de son poste au Fonds Monétaire International et renonce à une probable candidature aux primaires citoyennes, organisées par le Parti socialiste en vue de l’élection présidentielle de 2012 en France. L’essentiel de l’opinion publique dénonce son comportement indigne, les révélations s’accumulent sur ses travers, son addiction sexuelle. Anne Sinclair se pose en épouse fidèle et bienveillante, toujours aux côtés de son mari, même dans les pires difficultés. Elle se révèle un soutien médiatique très important pour l’ancien patron du FMI et met aussi à sa disposition sa fortune, aide non négligeable, lorsqu’il a fallu payer la caution d’un million de dollars pour le libérer de prison, puis ensuite mener une bataille juridique acharnée à New York.

Femme de l’année 2011

[image:3,s]Anne Sinclair est alors l’objet de toutes les discussions. Bien qu’elle garde le silence le plus complet devant les micros et les caméras, elle n’hésite pas à se montrer en public, souvent accompagnée de la fille de son mari. Toujours digne, tête haute, jamais une larme, jamais un mot de trop et jamais de commentaires. Certains en font alors une femme modèle, capable de résister à tout par amour pour son mari. D’autres en font une victime soumise et n’hésitent pas à s’avouer choqués par son comportement. Toujours plus de rumeurs qui circulent, elle feint de les ignorer, tant elle est concentrée sur « l’affaire DSK » et sur sa détermination à prouver l’innocence de son mari en laquelle elle croit fermement.

Rentrée en France avec Dominique Strauss-Kahn à la fin de l’été, elle s’efforce de reprendre une vie discrète. Elle est désignée femme de l’année 2011 par un sondage CSA. Elle ne s’exprime pas, se contentant de sourire aux caméras. Avec cette interview au magazine Elle, elle rompt le silence, pour la première fois. Elle revient sur les nombreuses déclarations qui ont été faites à son sujet pendant l’affaire : « Le soutien inconditionnel, ça n’existe pas. On soutient si on a décidé de soutenir. Personne ne sait ce qui se passe dans l’intimité des couples et je dénie à quiconque le droit de juger du mien. Je me sens libre de mes jugements, de mes actions, je décide de ma vie en toute indépendance. » « Je ne suis ni une sainte, ni une victime, je suis une femme libre. […] Que des femmes se soient senties déçues par moi, je suis navrée de le dire, mais c’est leur problème! »

Nouveau départ avec le Huffington

Le 23 mai 2011, en pleine affaire DSK, elle publie sur son blog, « Vous avez été très très très nombreux à m’adresser des messages. Je ne peux répondre à chacun mais sachez qu’ils m’ont touchés et aidés. Vous comprendrez que les circonstances m’imposent de suspendre temporairement ce blog. Je vous dis simplement : à bientôt. »

Quelques mois plus tard, elle revient en France, rattrappée par une nouvelle aventure. Arianna Huffington co-créatrice du Huffington Post en 2005, devenu désormais le plus célèbre des pure players, a décidé de remettre en selle l’ancienne star du petit écran et de lui confier les rênes de la version française du site internet. Le Monde, qui détient 34% du capital du Huffington Post français s’est tout d’abord inquiété de ce choix pour le moins osé. Pour beaucoup, Anne Sinclair reste, et restera, la femme du plus grand coureur de jupons de la scène politique française et internationale. Mais Arianna Huffington est sûre de son choix, persiste et le Monde cède rapidement contre un aménagement de taille : sur la page d’accueil du site, c’est le groupe Le Monde qui sera nommé partenaire et non plus lemonde.fr.

Avec Le Monde, le portail internet AOL, propriétaire de la version américaine détient 51% du capital. Les 15% restants sont détenus par les Nouvelles Editions indépendantes, le groupe du banquier Matthieu Pigasse.

Anne et Arianna, deux parcours étrangement similaires

Arianna Huffington et Anne Sinclair ont en réalité beaucoup de points communs et la directrice du site a sans doute été charmée par ces ressemblances frappantes. Comme elle, Anne Sinclair est journaliste et a un penchant affirmé pour la politique et le pouvoir (Arianna Huffington s’est présentée en Californie en 2003 pour le poste de gouverneur). Les deux femmes connaissent également la vie de femme d’homme politique, bien qu’Arianna soit maintenant divorcée. Elles sont également toutes les deux très riches. Anne Sinclair est l’héritière d’une grande fortune, celle de son grand-père, Paul Rosenberg, grand marchand d’art new-yorkais, décédé en 1959.

Plus que tout, le Huffington compte sans doute sur l’image qu’Anne Sinclair a su se construire au cours des évènements qui ont bouleversé sa vie en 2011.

C’est donc un véritable renouveau qui est offert à la femme de l’année 2011. Lundi 23 janvier, elle présentera le nouveau Huffington Post à la presse, en tant que directrice éditoriale, accompagnée d’Arianna Huffington en personne, ainsi que du directeur de la publication du site, David Kessler et du rédacteur en chef, Paul Ackermann.

Largement reconnu dans le monde anglophone, le Huffington Post d’Anne Sinclair espère désormais gagner la même renommée en France. 

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