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Anonymous, les justiciers du Web

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[image:1,l]Kim Dotcom restera en prison. La justice néo-zélandaise a tranché, mercredi 25 janvier sur le sort du fondateur de Megaupload en rejetant sa demande de libération sous caution. Ce ressortissant allemand de 37 ans devra attendre jusqu’au 22 février avant l’examen de la demande d’extradition des États-Unis. Le juge David McNaughton a considéré, dans un jugement écrit, qu’en raison « de sa détermination suffisante et de ses ressources financières, le risque d’une fuite reste une possibilité dont je ne peux pas ne pas tenir compte ».

500 millions d’euros de perte pour les auteurs

Kim Dotcom, Kim Schmitz de son vrai nom, a été arrêté par le FBI le 19 janvier dernier pour violation des droits d’auteur et blanchiment d’argent. Fermé par les autorités américaines la veille de cette arrestation, le site Megaupload, un des plus populaires du Net avec ses 50 millions de visiteurs uniques par jour, générait 4 % du trafic mondial. Grâce à ses différentes pages, Megaupload offrait aux internautes une immense plateforme de partage de fichiers, mais aussi l’endroit rêvé pour télécharger des milliers de fichiers illégaux et pirater films et musique en tout genre, générant ainsi des pertes de 500 millions d’euros pour les auteurs.

Défenseurs d’une liberté totale sur Internet

À l’annonce de la fermeture de Megaupload, les célèbres hackers du collectif Anonymous ne se sont pas fait prier pour lancer une de leur traditionnelle opération. Baptisée « Opération Megaupload », les membres de la plus fameuse organisation numérique clandestine actuelle sont bien décidés à venger la mort du site de partage et à faire entendre leur voix pour sauver Kim Dotcom.

Derrière leurs revendications, les pirates d’Anonymous s’attachent à la protection de la liberté d’expression. Pour ces hackers, Internet est une zone de liberté dans laquelle chaque contenu devrait être accessible à tous. Défenseurs activistes d’un territoire sans censure, ils se sont illustrés dans de nombreuses opérations qui les ont rendus célèbres et aujourd’hui, Internet ne parle plus que d’eux.

Une histoire de piratage

Parmi ces attaques, et pour n’en citer que quelques-unes, en 2008, le « Projet Chanology » s’attaque à l’Église de scientologie. C’est la première grande action du groupe, les hackers s’en prennent au site de la secte, qui refuse de laisser circuler sur le Web une vidéo à usage interne dans laquelle Tom Cruise fait la promotion fanatique de son église. En décembre 2010, lors de l’affaire Wikileaks, Anonymous investit le site de Mastercard, après que ce dernier eut arrêté de travailler avec le site qui venait de révéler quelque 250 000 télégrammes diplomatiques et confidentiels américains.

Au fil des années, Anonymous s’est forgé un nom, une méthode et aussi une réputation. Les gouvernements et entreprises se méfient comme de la peste de ces voyous et geeks à la fois, capables du pire comme du meilleur pour arriver à leurs fins.

Qui sont les Anonymous ?

Mais que peuvent-ils faire contre ces « hacktivistes » cachés derrière leurs masques tout droit sortis de la BD V for Vendetta ? Pas grand-chose. Pour une raison simple : personne ne sait vraiment qui ils sont. « Nous sommes anonymes. Nous sommes légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous », telle est la devise qu’ils se sont donnée. Ils ne sont pas organisés, n’ont pas de hiérarchie, n’ont pas de porte-parole officiel. Ils ne parlent que d’une seule voix selon des décisions prises, à la volée, sur les forums grâce auxquels ils communiquent.

Mais il ne faut pas se tromper, Anonymous n’est pas un centre aéré pour geeks à temps plein. Au contraire, s’il s’est spécialisé dans la traque sur Internet et dans le plantage de sites et de serveurs aussi divers que variés, Anonymous regroupe des sympathisants de tous bords, certains n’ayant qu’un sens très basique de l’informatique. Et pourtant, leurs techniques sont infaillibles et font trembler les serveurs les plus sécurisés.

Pour l’« Opération Megaupload », Anonymous aurait réussi à réunir 5 600 personnes dans le monde pour permettre, notamment en France, la mise hors service du site du ministère de la Défense, de l’Élysée et du ministère de la Justice, qui avaient tous trois encouragé la démarche du gouvernement américain.

Des techniques redoutables

Leurs techniques sont nombreuses. L’une d’entre elles montre son succès depuis quelques jours. Les internautes participants se connectent au même moment afin d’effectuer une requête sur un site visé jusqu’à saturer le serveur. Les hackers peuvent également s’infiltrer sur les sites d’une entreprise ou d’une organisation qu’ils attaquent et modifier un élément de la page d’accueil.

Au Mexique, ils font fléchir un cartel de la drogue

Anonymous ne s’arrête pas au piratage et n’a jamais hésité à utiliser son talent pour mettre en péril les organisations les plus solides. Le groupe s’en est ainsi déjà pris à un cartel de la drogue mexicain, qui n’a pas mis longtemps à céder devant la pression des hommes masqués. L’affaire remonte à octobre 2010, lorsqu’un membre d’Anonymous est kidnappé par plusieurs membres du célèbre cartel Las Zetas à Veracruz, ville au sud-est du Mexique. Immédiatement après le rapt, Anonymous a menacé l’organisation criminelle de révéler l’identité des alliés des narcotrafiquants au sein des institutions mexicaines. Las Zetas finit par s’incliner et relâche son prisonnier le 3 novembre, deux jours avant la date limite fixée par Anonymous. Si le gouvernement n’arrive pas à faire trembler ses cartels, Anonymous le peut. Le monde serait-il désormais à la merci de ces Robins des bois des temps modernes aux méthodes peu orthodoxes ?

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