Janvier 2012 restera comme une date à part dans la longue et belle histoire de Barbie. A partir de cette semaine, la poupée est en effet interdite de séjour en Iran et les petites Iraniennes la chercheront en vain dans les rayons de leurs magasins de jouets préférés. La belle, victime collatérale de l’entrée en vigueur de nouvelles sanctions occidentales contre l’Iran ? L’enjeu est plus fondamental pour les fondamentalistes…
[image:1,l]Le gouvernement de Téhéran a officiellement interdit Barbie et tous les produits dérivés à son effigie afin de protéger la population, et en premier lieu la jeunesse, des influences occidentales, responsables de l’érosion des valeurs fondamentales islamiques. L’image de la femme qu’elle véhiculerait ne satisferait pas aux canons féminins qu’entendent promouvoir Ahmadinejad, Khameneï et consort. Pas d’ambiguïté, toutefois, Ken, le pendant masculin de la belle, n’est pas davantage au goût des mollahs…
Barbie, coupable de porter atteinte aux valeurs de l’Islam
Les autorités religieuses iraniennes ont Barbie, la très populaire poupée blonde de l’entreprise américaine Mattel, dans leur ligne de mire depuis 1996. Elles avaient dénoncé alors son « impact culturel et social nocif ». Pourtant, Barbie était restée en vente et exposée, sans la moindre contrainte, comme si de rien n’était, sur les étalages des magasins de Téhéran, jusqu’à il y a quelques semaines.
« Il y a environ trois semaines, des agents des services de police chargés de veiller aux bonnes mœurs ont débarqué dans notre magasin et nous ont ordonné de retirer toutes les Barbie en stock, » déclare un marchand de jouets de Téhéran.[image:2,s]
Sara et Dara plutôt que Barbie et Ken
Le gouvernement a autorisé la mise en vente d’une poupée alternative autorisée pour qu’elle se substitue à Barbie en 2002. Mais ces mannequins – Sara, en habit traditionnel et voilée, et son compagnon mâle, Dara – n’ont pas rencontré un grand succès, d’après les professionnels.
« Ma fille préfère les Barbie, » assure Farnaz, une mère de famille de 38 ans. « D’après elle, Sara et Dara sont affreux et gros ». Farnaz témoigne qu’elle n’a pas pu se procurer de DVD de Barbie en magasin, car, comme il le lui a été expliqué, ces produits sont aussi interdits à la vente.
Les astuces pour contourner la loi
Les responsables de magasins ont réussi à contourner la loi en exposant les poupées approuvées par les autorités, comme Sara et Dara, mais en conservant des Barbie en stock. « Nous vendons toujours des Barbie en secret, mais nous plaçons les autres en vitrine pour tromper la police, » explique l’un d’entre eux.
En 2003, l’Arabie saoudite a interdit, puis mis hors-la-loi Barbie, la qualifiant d’ « offense à l’Islam ». La République islamique essaie de débarrasser l’Iran de toute la prétendue « perversité culturelle occidentale » depuis la révolution de 1979, en imposant un code vestimentaire islamique strict et en interdisant toutes formes de divertissements occidentaux.
Les Iraniens pourront apparemment bientôt acheter des reproductions du drone espion américain capturé par l’armée en décembre. Ceux-ci seront même disponibles en différents coloris. Voilà, sans doute, qui consolera les consommateurs, et leurs enfants, de devoir se passer de Barbie et Ken.
GlobalPost / Adaptation FG pour JOL Press