Site icon La Revue Internationale

Dix ans de présence française en Afghanistan

4496960808_24086141bf_z.jpg4496960808_24086141bf_z.jpg

[image:1,l] L’implication française dans le conflit afghan commence dès le 21 octobre 2001, à peine plus d’un mois après les attentats à New York. Deux Mirage IV et deux avions ravitailleurs arrivent aux Emirats Arabes Unis pour entamer des missions de reconnaissance au-dessus du pays.

Pendant trois mois, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et l’Alliance du Nord (le groupe afghan anti-taliban que dirigeait Ahmed Shah Massoud, avant son assassinat le 9 septembre 2001) livrent bataille contre le régime en place. Les batailles de Mazar-e-Charif, de Kandahar et de Tora Bora font rapidement tomber le régime. La guerre contre les talibans est terminée et le conflit afghan devient une guérilla permanente menée par de petits groupes islamistes.

2002 – 2004 : une arrivée dans le calme

Le rôle de la France se précise le 20 décembre 2001, lorsque la résolution 1386 du conseil de Sécurité de l’ONU vote la création de l’ISAF ou FIAS pour Force d’intervention d’assistance et de sécurité, en français. Quelques jours auparavant, la Task Force 473 avait appareillé de Toulon, pour rejoindre le porte-avions Charles de Gaulle, stationné dans l’Océan Indien depuis fin novembre.

Le 2 janvier 2002, les premiers soldats français arrivent sur le sol afghan.

A partir de mars 2002, l’aviation française effectue des frappes au sol. La France est chargée de la zone située au tour de Kaboul.

En mars 2003, le contingent français sur place atteint 750 hommes. Deux mois plus tard, le président Jacques Chirac décide d’envoyer une équipe de membres des forces spéciales sur le terrain.

2003 marque également le début du projet Epidote visant à former l’armée afghane. A partir de cette date, les forces françaises travailleront en collaboration étroite avec les militaires du nouveau gouvernement local.

Le 31 août 2004, trois ans après le début du conflit, un premier soldat français meurt en Afghanistan des suites d’un accident de la route. Un peu plus d’un an plus tard, un nouveau décès survient des suites de l’explosion d’une mine antipersonnelle, premier mort au combat du contingent français.

Cette période est pourtant la plus calme de la guerre d’Afghanistan. Confirmé à la tête de l’Etat après un scrutin auquel ont participé plus des trois quarts des électeurs du pays, Hamid Karzaï laisse espérer une amélioration rapide et une fin imminente du conflit.

2005 – 2008 : le conflit devient une guerre

La suite ne lui donnera pas raison. En 2006, les taliban se regroupent dans les régions tribales du Pakistan et lancent plusieurs offensives de grande envergure. Employant des techniques utilisées au cours du conflit irakien (voitures piégées, attentats suicides, otages), les islamistes cessent de privilégier l’affrontement direct contre les troupes occidentales et remportent plusieurs succès.

La France envoie alors un renfort de troupes pour monter à 1600 le nombre de ses soldats présents sur place.

En 2007, l’élection présidentielle en France coïncide avec une intensification de la guérilla autour de Kaboul et de la vallée de Kapisa. La France de Jacques Chirac avait participé au conflit afghan, celle de Nicolas Sarkozy participera désormais à la guerre en Afghanistan.

En août 2008, 10 soldats français et leur interprète afghan sont tués lors de l’embuscade de Surobi. L’événement le plus meurtrier pour l’armée française depuis 1983 marque l’opinion publique, tout comme l’interview réalisée par Paris Match du commandant Farouki, l’un des taliban responsables de l’attaque.

Un mois après les combats, l’Assemblée Nationale décide de poursuivre l’engagement militaire en Afghanistan.

2009 – 2012 :  restructuration et retrait

En 2009, la présidence de Barack Obama modifie la stratégie américaine. La France, en froid avec l’administration Bush depuis la guerre en Irak, souhaite repartir d’un bon pied avec ce nouvel interlocuteur et envoie de nouvelles troupes sur le terrain, portant à 4000 le nombre de soldats engagés.

Les forces françaises sont réorganisées autour d’une nouvelle unité : la Brigade Lafayette.

Le mois de novembre 2010 coûte cher à l’armée française : un hélicoptère Gazelle s’écrase sans faire de blessés. Un Rafale connaîtra le même sort quelques semaines plus tard.

Après une année 2010 difficile et sanglante pour les coalisés, 2011 est présentée comme l’année du passage de témoin à l’armée afghane. Si le retrait définitif de toutes les troupes de la coalition est prévu pour 2014, la France semble décidée à prendre les devants.

Fin 2011, un soldat de l’armée régulière afghane ouvre le feu sur des soldats français, causant  2 morts dans les rangs français. La situation se répète tragiquement peu après. Après 4 morts et 16 blessés le 20 janvier 2012, Nicolas Sarkozy évoque officiellement un retrait anticipé d’Afghanistan, indiquant que l’armée française « n’était pas en Afghanistan pour que les soldats afghans lui tirent dessus ». Les abords de certaines bases françaises sont intégralement fermés aux soldats afghans après l’incident.

La guerre en Afghanistan aura coûté 500 millions d’euros par an à l’Etat français et coûté la vie à 82 soldats. Actuellement concentrées dans la région de Kapisa, les forces françaises sont constituées de 3600 soldats après un premier retrait de troupes en octobre 2011.

Si le retrait évoqué par Nicolas Sarkozy ne se confirmait pas, les forces françaises pourraient rester jusqu’en 2014, fin prévue des activités de la coalition internationale et de la mission de la FIAS. Mais il est désormais fort probable que le retrait des troupes s’opère de manière anticipée.

Quitter la version mobile