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(E)lecteurs en surpoids: Dukan président !

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Avec près d’un million d’exemplaires vendus en quelques mois, l’Indignez-vous du toujours résistant Stéphane Hessel avait connu, fin 2010, un accueil situé largement au-delà du succès de librairie, tout près du phénomène de société planétaire.

Avec sa Lettre ouverte au futur président de la République, qui paraît jeudi 3 janvier, le nutritionniste Pierre Dukan aura peut-être un peu de mal à se hisser à la même hauteur, malgré l’ambition affichée de peser (!) à son tour sur le débat sociopolitique.

Une France encore nauséeuse de ses agapes de Nouvel An

Non point que sa vibrante supplique en faveur de la lutte contre l’obésité, adressée au putatif candidat à la magistrature suprême, soit totalement dénuée de sens : un bon président doit être capable de défendre avec autant de sincérité tous ceux qui souffrent de la faim, soit parce qu’ils n’ont pas de quoi manger, soit parce qu’ils ne parviennent pas à s’en passer.

Pas davantage parce que son message ne rencontrerait qu’un faible écho dans une France encore nauséeuse de ses agapes de Nouvel An : on compte plus de 4 millions d’acheteurs « dukanistes » prêts à tout pour perdre quelques kilogrammes devenus insupportables, contre à peine 1 million de Hesseliens décidés à contester le poids d’un joug jugé trop lourd.

Le satanique McDo ou le salvateur McDu ?

Quatre euros pour Dukan, 3 euros pour Hessel : à pagination comparable, l’entreprise improbable du premier est en outre décidément mieux payée que l’essai lumineux du second…

On ne glosera pas sur la géniale proposition du grand gourou de la taille mannequin, consistant à attribuer des points supplémentaires aux candidats bacheliers capables d’afficher un indice de masse corporelle standard. Félicitations du jury, mention respect.

On ne raillera pas davantage son légitime courroux devant le refus du satanique McDo de préserver notre âme et son enveloppe charnelle en adoptant la recette du salvateur McDu, au délicieux son d’avoine. La réalité dépasse parfois l’affliction.

« Ni de gauche, ni de droite, ni du centre »

On ne moquera pas, enfin, ses intentions d’exposer les impétrants élyséens à la vindicte populaire de ses 12 millions de lecteurs en cas de classement sans suite de ses recommandations. Un changement de régime est annoncé : même élisabeth Tessier ne l’avait pas prédit aussi protéiné.

L’auteur de Lettre ouverte au futur président de la République ne se réclame « ni de la gauche, ni de la droite, ni du centre ». Du coup, on ne sait plus très bien où envoyer Pierre Dukan se faire voir.

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