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Francesco Schettino, un coupable idéal?

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[image:1,l]Pour la deuxième fois depuis le naufrage du Costa Concordia, vendredi 13 janvier 2012, les sauveteurs en mer ont dû suspendre les recherches à la suite d’un dangereux mouvement du bateau dans la nuit de jeudi 19 à vendredi 20 janvier 2012. Une réunion d’urgence s’est ouverte vendredi entre toutes les forces participant aux opérations, marine militaire, garde-côtes, pompiers, carabiniers et policiers. A l’issue de cette réunion, les autorités devraient avoir déterminé la raison pour laquelle le bateau s’est déplacé, simple oscillation ou mouvement incontrôlable vers le fond de la mer. Ils devraient également décider de la marche à suivre pour stabiliser le bateau et ainsi continuer les fouilles.

11 morts, 24 disparus

Six jours après le début des recherches, l’espoir de retrouver des survivants est de plus en plus mince. Depuis le début, onze corps ont été retrouvés dont huit ont été formellement identifiés. Jeudi 19 janvier, les corps de deux Français ont été reconnus par leurs familles. Parmi les dépouilles, six touristes ont été identifiés, quatre Français, un Italien et un Espagnol. Deux membres de l’équipage ont également été retrouvés, un Péruvien, ainsi qu’un Hongrois, qui était violoniste sur le navire.

Vingt-quatre personnes manquent toujours à l’appel, dont certains se trouvent peut-être parmi les corps non identifiés. Parmi eux, douze Allemands, cinq Italiens, deux Français et deux Américains. Trois membres de l’équipage sont également portés disparus, un Italien, un Péruvien et un Indien.

Alors que les recherches sont suspendues, l’enquête pour déterminer les circonstances de l’accident et éclairer les nombreuses zones d’ombres du déroulement de la tragique soirée du 13 janvier continue.

Une mystérieuse Moldave dans la salle des commandes

[image:2,s]Elément nouveau et intéressant pour les enquêteurs, la présence sur le bateau d’une jeune Moldave de 25 ans. L’intrigante Domnica Cemortan, est hôtesse sur le Costa Concordia. Normalement en vacances, elle aurait acheté un billet pour embarquer sur le navire, en tant que touriste, et y fêter son 25ème anniversaire. Au cours de la soirée, des témoins affirment l’avoir aperçue auprès du commandant, dans un salon. Elle a également été vue, dans la salle des commandes, au moment de l’accident. Il n’a fallu que peu de temps aux enquêteurs pour imaginer une relation entre le commandant Francesco Schettino et la jeune femme.

Domnica Cemortan, dans une interview donnée au quotidien Corriere della Sera, dément toutes les rumeurs et vante le comportement héroïque du capitaine. « Je ne suis pas la maîtresse du commandant Francesco Schettino. Et vous savez pourquoi ? Il montre toujours à tout le monde une photo de sa fille quand elle était petite. Un homme qui veut une maîtresse ne se comporte pas de cette manière. […] Pour moi, le commandant Schettino est un héros, parce qu’il s’est comporté comme tel. Je pense qu’il a fait tout son possible. »

La jeune femme a également confirmé au journal avoir été enregistrée sur les registres et posséder encore la clé de sa cabine. Concernant sa présence dans la salle des commandes, elle explique avoir été appelée par un membre de l’équipage, afin de traduire en russe les informations données aux passagers.

Un membre de l’équipage confirme la version de Schettino

Si les débuts de l’enquête ont révélé de nombreux éléments à charge contre le commandant Francesco Schettino, le rendant seul responsable du naufrage du navire, de plus en plus de témoignages, issus de différentes sources, tendent à montrer qu’il pourrait être également le bouc émissaire d’acteurs beaucoup plus importants que lui.

Dès le lendemain de l’enquête, alors que le commandant s’évertuait à affirmer qu’il n’était pas descendu en premier du bateau, le témoignage d’un membre de l’équipage, Katia Keyvanian, est venu confirmer les dires du commandant.

Sous un article du site Il Post, la jeune femme commente : « ce n’est pas vrai que le commandant est descendu le premier, j’étais sur le canot de sauvetage, et lui était au bastingage du pont 3, pendant que le bateau s’enfonçait. »

Depuis, un autre membre de l’équipage s’est manifesté. Un cuisinier du Costa Concordia, Rogelio Barista, a affirmé, sur la chaîne GMA Network, avoir reçu une commande, pour deux personnes, de la part du commandant vers 22h30 soit près d’une heure après que le navire ait heurté le « Scole ».

La société Costa connaissait-elle l’ampleur de l’accident ?

[image:3,s]Quelques jours plus tard, le capitaine est accusé de ne pas avoir informé les garde-côtes du danger de la situation.  La chaîne d’information en continu SkyTG24 a diffusé, jeudi 19, une conversation, enregistrée entre un officier de bord et les garde-côtes.

40 minutes après l’accident, alors que les garde-côtes ont demandé : « Quelle sorte de problèmes rencontrez-vous? Est-ce que c’est juste le générateur? Parce que les carabiniers de Prato ont reçu un appel d’un parent d’un des membres d’équipage disant que tout lui était tombé sur la tête. ». L’officier de bord répond « Nous avons eu une coupure de courant et nous vérifions les conditions à bord. »

Au même moment, le commandant Schettino était également en contact avec Roberto Ferrarini, le « marine operator director » de la compagnie Costa, selon les témoignages de plusieurs officiers de bord. Il est donc impossible que la compagnie n’ait pas été informée de l’accident. Ce n’est que 68 minutes après le choc que le mayday a été lancé et l’évacuation organisée.

Des éléments qui portent à croire que la compagnie pourrait avoir sa part de responsabilité dans les erreurs qui ont été commises lors du déroulement des opérations.

Une responsabilité partagée ?

De plus, lundi 16 janvier, le PDG de Costa, Pier Luigi Foschi, affirmait, lors d’une conférence de presse, que le navire n’était jamais passé aussi près de côtes, affirmant que les navires respectent normalement une distance de 500 mètres avec les côtes. Affirmation démentie par plusieurs sources. Le site Lloyd’s list a eu accès aux informations de l’IAS (Automatic Identification System) qui enregistre, en temps réel, les données concernant la position et la vitesse des navires marchands. Selon ces informations, le navire serait passé, le 14 août dernier, encore plus près des côtes de l’île du Giglio.

Selon Le Point, des photos sur le site de la société Costa, supprimées depuis l’accident, montre le Costa Concordia, sous les ordres de Francesco Schettino, s’approcher à quelques dizaines de mètres de l’île de Procida. La compagnie connaissait cette coutume, « l’inchino » qui veut que les bateaux saluent, en longeant leurs côtes, les îles qui se trouvent sur leur chemin.

Monsieur Francesco Schettino a donc tout d’un coupable idéal pour la compagnie Costa. Les suites d’une enquête très polémique dont les résultats impliqueront de grosses sommes d’argent devraient apporter de nouveaux éclairages sur la véritable culpabilité du commandant et de la compagnie pour laquelle il travaillait depuis 11 ans.

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