Site icon La Revue Internationale

Jean Dujardin, un Français sous les feux de la rampe

5855979174_664d7656f6_z.jpg5855979174_664d7656f6_z.jpg

[image:1,l] Élu « homme de l’année » en 2011 par la version française du magazine GQ, sacré « meilleur acteur de comédie » aux derniers Golden Globes et désormais en lice pour un Oscar, l’acteur français a décidément le vent en poupe. Beau brun âgé de 40 ans, brillant danseur alliant large sourire et romantisme viril, notre Loulou national incarne, aux yeux des Américains, le séducteur frenchy par excellence. Une sacrée revanche pour celui qui, gamin, avait tout d’un cancre lunatique et complexé.

Serrurier, comique troupier et chanteur

Jean Edmond Dujardin est né dans les Hauts-de-Seine, à Rueil-Malmaison, en juin 1972. Après un bac littéraire, Dujardin n’est pas encore bien certain de ce qu’il veut faire. Il essaie la serrurerie avant de partir faire son service militaire. La camaraderie au sein de l’armée inspire le jeune homme, qui s’essaie alors au spectacle. Le comique troupier se transforme en écumeur de cafés-théâtres. On est alors au milieu des années 1990. Les 2be3 et autres Worlds Apart sont au sommet de leurs carrières. Dujardin profite de cette mode éphémère pour lancer sa carrière. Avec sa « Bande du Carré Blanc », ils parodient les boys band de l’époque et font leurs débuts à la télévision sous un nouveau nom : les « Nous C Nous ».

Un gars, des films

Jean Dujardin quitte le groupe pour se concentrer sur son propre avenir. En 1999,  il commence le tournage de la série qui va le révéler au grand public : Un gars, une fille. 486 épisodes raconteront dans les moindres détails la vie de Chouchou et Loulou. Alexandra Lamy et Jean Dujardin deviennent une des valeurs sûres de France 2. Le public s’attache à ces deux héros très normaux, et pleure à l’arrêt de la série en 2003, quand Dujardin décide de passer au grand écran. Il ne se sépare pourtant pas pour autant d’Alexandra Lamy,  qui devient sa compagne dans la vie après l’avoir été à l’écran.

Le casse de Brice

Son premier succès en tant qu’acteur sera Mariages !, mais c’est surtout en reprenant son personnage de Brice de Nice que le comédien va parvenir à se détacher de son image d’éternel Loulou. Ce surfeur niçois prétentieux à l’humour franchouillard s’inspire des sketches des Nous C Nous et va devenir la star des cours de récréation. L’expression « J’t’ai cassé » et la chanson Le casse de Brice vont ravir les jeunes et désespérer les parents de façon durable.

L’amuseur assumé

Après le surfer-loser, Dujardin devient l’espion mégalo. Son personnage dans OSS 117 s’appelle Hubert Bonnisseur de la Bath et s’inscrit aussi dans le registre de la comédie bien française. Beauf, raciste, macho mais pas méchant, ce James Bond du pauvre adule le président de la République René Coty, tout en faisant revivre le kitsch de la France des années 50. Le public adopte ce nouveau personnage et classe définitivement Dujardin dans la catégorie des acteurs « comiques ».

Assumant peu ou prou cette étiquette, il campe le rôle de Lucky Luke en 2009, et retrouve l’atmosphère du Far West cinq ans après son apparition dans les calamiteux Dalton d’Eric et Ramzy. Petit à petit, les comédies deviennent moins grand-guignol. Avec Le bruit des glaçons et Les petits mouchoirs, Dujardin tente de faire rire autrement. Salués par le public, ces deux films le conduisent à The Artist, un film en noir et blanc que l’acteur a hésité à accepter.

L’improbable ascension

Il succombe pourtant à la tentation et retourne devant la caméra de Michel Hazanavicius, deux ans après la sortie du deuxième volet d’OSS 117. Alors qu’il devait initialement être présenté hors compétition, le film remporte la Palme d’Or à Cannes en 2011. C’est le début d’une longue série de récompenses. Hollywood découvre un Français cabotin aux faux airs de Clark Gable et s’émeut de cet hommage à l’âge d’or du cinéma. Après avoir raflé trois Golden Globes, le film muet, et en noir et blanc, se pose en favori des Oscars 2012 où il est nominé dix fois.

Jean Dujardin se retrouve propulsé au sommet en quelques mois. Parfait inconnu sur la scène du cinéma mondial en janvier 2011, il est pressenti pour l’Oscar du meilleur acteur un an plus tard. Celui-là même que ni Depardieu, ni Gabin, ni Delon n’ont jamais décroché. Nominé dix fois, The Artist entre sans prévenir dans la légende du cinéma français. Comme Marion Cotillard, passée de Taxi à La Môme, Dujardin passe directement du statut d’amuseur de collégiens à celui de vedette internationale.

Bientôt une statuette dorée ?

Mi-fière, mi-agaçée, la France cinéphile s’étonne du succès insolent de cette génération qui saute une étape et semble dépasser, dans la reconnaissance, nombre de monstres sacrés du cinéma tricolore. Jean Dujardin n’était pas, jusque-là, considéré comme un poids lourd du cinéma français. Comme Cotillard, la bonne fortune et les mystères d’Hollywood l’ont catapulté au rang de star avant même que l’Hexagone ne le sacre. Sera-t-il enfin le premier Français à recevoir l’Oscar du meilleur acteur ? Réponse le 26 février 2012.

Quitter la version mobile