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Jon Huntsman renonce et se rallie à Mitt Romney

[image:1,l]L’annonce officielle devrait avoir lieu lundi 16 janvier 2012 en fin d’après-midi, heure de Paris : le plus modéré des candidats républicains, Jon Huntsman, se retire de la course à l’investiture et apporte son soutien à Mitt Romney. Tim Miller, son porte-parole, l’a déclaré sur la chaine d’information ABC News : Jon Huntsman est « fier de son parcours », mais « il ne veut plus se mettre en travers du chemin » de Mitt Romney.

Jon Huntsman, un talent et de l’expérience

A 51 ans, Jon Huntsman a déjà eu tant de vies. Déjà conseiller technique à la Maison Blanche sous Ronald Reagan, il est nommé secrétaire adjoint au Commerce et au Développement pour l’Asie du sud-est et le Pacifique sous George H. Bush, à moins de 30 ans. Jon Huntsman devient ensuite le plus jeune ambassadeur des États-Unis de ces cent dernières années lorsqu’il est envoyé à Singapour de 1992 à 1993. Chef d’entreprise pendant huit ans, gouverneur de l’Utah et enfin ambassadeur des Etats-Unis en Chine sous Barack Obama à partir de 2009, Jon Huntsman apparaissait comme un présidentiable en puissance et, sans doute, comme un des candidats les plus à même de battre Barack Obama.

Sa campagne n’a jamais décollé

Tout au long de sa campagne et lors des nombreux débats entre candidats, Jon Huntsman a démontré sa maîtrise des dossiers, notamment ceux de politique internationale. Début janvier, il a fait l’impasse sur le caucus de l’Iowa, un Etat bien trop conservateur, et a tout misé sur la primaire du New Hampshire, comptant sur une victoire pour donner une dynamique à sa candidature. Mardi 10 janvier, il a terminé en 3ème position avec 17% des voix, loin derrière Mitt Romney (38%) et Ron Paul (24%).
Sa décision de se retirer intervient alors que le prochain scrutin en Caroline du Sud aura lieu le 21 janvier. Dans cet Etat rural et conservateur, les sondages ne le créditaient pas de plus de 4%.

Une candidature trop modérée

La course aux primaires est sans doute une des élections les plus difficiles au monde. Une série de 50 scrutins sur six mois avec des électorats profondément différents d’un Etat à l’autre.
Jon Huntsman s’est prononcé contre l’avortement mais n’est pas opposé à l’union civile entre homosexuels. Un fait unique dans le camp républicain. D’une manière générale, son discours modéré et sa collaboration avec l’administration Obama ne lui vaut pas les faveurs de la droite conservatrice. Un tel discours lui aurait probablement permis d’obtenir de bons scores sur les côtes est et ouest, ainsi que dans les grands centres urbains – mais, avant, il lui aurait fallu arpenter l’Amérique profonde, les grandes plaines et le sud pour tenter de séduire un électorat beaucoup plus conservateur.

L’absence d’espace politique et une insuffisance de moyens

La candidature de Mitt Romney occupe l’espace central de l’échiquier politique interne au parti républicain. L’ancien gouverneur du Massachusetts est également perçu comme un modéré mais semble avoir commencé à convaincre un électorat plus conservateur en se présentant comme le seul candidat capable de battre Barack Obama. Jon Huntsman aurait sans doute également eu ses chances pour le scrutin final face à Barack Obama mais  l’hostilité du Tea Party et de la branche la plus conservatrice du « Grand Old Party » lui auront donc barré la route bien avant la ligne d’arrivée.
De plus, il était loin de disposer des mêmes moyens que Mitt Romney.

Un retrait trop précoce ?

Jon Huntsman se retire mais il va soutenir, comme en 2008, Mitt Romney dans sa candidature à l’investiture. Après seulement deux étapes de ce marathon électoral, son retrait et son ralliement peuvent paraître bien rapides. Après tout, la candidature de Mitt Romney est-elle déjà suffisamment établie pour que Jon Huntsman ait perdu toutes chances de rivaliser avec lui ?
En réalité, Jon Huntsman souffre d’un autre handicap dans la course à l’investiture qui l’empêche de se présenter comme une alternative à Mitt Romney. Le principal argument des « tout sauf Romney » réside dans le fait que celui-ci est mormon. Or, Jon Huntsman est lui aussi mormon. Les deux sont d’ailleurs cousins au 3ème degré.

Au service de Mitt Romney

Jon Huntsman reste, à 51 ans, l’enfant prodigue du parti républicain américain. Son étoile  ne pâlira pas, bien au contraire, de ce retrait. Un retrait dans l’élégance, un retrait constructif, un retrait stratégique… Un élégant stratège, c’est, semble-t-il, une description appropriée du personnage.
Son tour de piste dans ces primaires lui a permis d’acquérir une nouvelle notoriété, bien au-delà des cercles diplomatiques et politiques. En se mettant désormais au service de Mitt Romney, il est assuré d’un rôle de premier plan tout au long de la campagne. Si Mitt Romney l’emporte, il sera une pièce essentielle de la nouvelle administration. Et si Barack Obama est réélu, il apparaîtra comme un sérieux candidat pour la Maison Blanche en 2016…  

 Le 21 juin 2011 à New York, Jon Huntsman  avait choisi un lieu symbolique pour annoncer sa candidature. Derrière lui, on apercevait la Statue de la Liberté. L’image a évoqué un souvenir à tous les républicains, celui d’un âge d’or, l’annonce de sa candidature par Ronald Reagan en vue des élections de 1980. Sans doute Jon Huntsman espère-il pousser la ressemblance encore un peu plus loin : Ronald Reagan avait eu besoin de deux essais – 1968 et 1976 – avant de décrocher l’investiture républicaine…

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