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Justice pour Stephen Lawrence

[image:1,l]Un après midi, il y a 18 ans, Stephen Lawrence, un adolescent noir était poignardé à mort par un gang de jeunes blancs, alors qu’il se trouvait dans un abribus d’Eltham, dans la banlieue sud-est de Londres.


Un dossier étouffé


Cette affaire a immédiatement choqué l’opinion publique britannique. Stephen était le fils d’immigrants Afro-caribéens. Brillant étudiant, il se préparait à devenir architecte.
Le jour du meurtre, Stephen n’était pas seul. Un de ses amis, Duwayne Brooks, a réussi à échapper à l’attaque et a été, plus tard, capable d’identifier les agresseurs.
Le ministère public avait refusé de porter le cas devant les tribunaux. Les parents de Stephen avaient alors lancé leur propre poursuite. L’affaire a été étouffé, lorsque le juge a refusé de prendre en compte l’identification faite par Duwayne Brooks.


Le Daily Mail s’empare de l’affaire


[image:2,s]L’histoire aurait pu se terminer ainsi. Mais, dans un premier rebondissement digne des romans de Dickens, le journal britannique Daily Mail a décidé de soutenir la cause de Stephen. Le journal, à droite de la droite, n’est pourtant pas connu pour son amour de la nouvelle société multiculturelle britannique.
Il s’avère que le père de Stephen, Neville Lawrence, connaissait le rédacteur en chef du Daily Mail, Paul Dacre, pour avoir fait quelques travaux de construction pour lui. Paul Dacre a donc enclenché une redoutable bataille de l’opinion afin d’obtenir justice pour la famille Lawrence. Après le non-lieu du premier procès, il publia, en Une de son journal, le titre :


« Murderers : The Mail accuses these men of killing. If we are wrong, let them sue us. »


« Assassins : Le Daily Mail accuse ces hommes de meurtres. Si nous avons tort, laissons-les nous poursuivre. »


Sous ce gros titre, les photos des cinq hommes accusés. Ils n’ont jamais poursuivi le journal.


La police est reconnue coupable de racisme


La campagne du Daily Mail, ainsi qu’une importante pression de membres du Parlement, avaient conduit à la réouverture d’une enquête judiciaire. Quelque temps plus tard, cette même enquête avait révélé que les investigations de la police avaient été « gâchées par une combinaison d’incompétences professionnelles, de racisme institutionnel et d’un manque d’autorité des officiers supérieurs. »
L’effet a été sans précédent dans l’histoire des relations entre les races au Royaume-Uni. La police s’est réformée et a recruté de nombreuses personnes issues des minorités.
Il était alors possible, pour tous ceux qui avaient été frustrés du jugement des meurtriers de Stephen, de voir que quelque chose de bon était finalement sorti de cette affaire.


Réouverture du dossier Lawrence


Puis vint le coup de théâtre numéro deux. Les avancées de la recherche en matière de tests médicaux-légaux a contraint les autorités à ressortir tous les dossiers classés, afin de les soumettre à de nouveaux examens. Des vêtements appartenant aux cinq hommes, qu’ils portaient lorsqu’ils ont été arrêtés la première fois, avaient alors été entreposés. Ils ont été réexaminés. Une goutte microscopique du sang de Stephen a alors été trouvée sur la veste qui appartenait à Gary Dobson et, plus tard, un cheveu du jeune homme a également été détecté sur le pantalon de David Norris.
Clin d’œil du sort, cette découverte a été faite le jour du quinzième anniversaire du meurtre de Stephen.


Après un procès de six semaines, le jury de la Cour criminelle de Londres a donc déclaré Gary Dobson, 36 ans et David Norris, 35 ans, coupables. Les deux accusés risquent la prison à perpétuité même s’ils nient toujours les faits.
La presse britannique vient de mettre en ligne une vidéo dans laquelle Gary Dobson est filmé, à son insu, chez lui, en 1994. Il mime la scène du meurtre devant plusieurs de ses amis. Cette vidéo a été montrée au jury.



Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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