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L’ANC, 100 ans de lutte contre l’Apartheid

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[image:1,l]Le coup d’envoi des célébrations du 100ème anniversaire de l’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a été donné ce week-end lors d’une cérémonie de sacrifice d’un taureau noir, un rituel traditionnel, visant à invoquer les esprits des ancêtres. Posant pour les photographes avec une lance à la main, le Président Jacob Zuma a avoué qu’il aurait volontiers laissé à des hommes plus jeunes l’honneur de mettre à mort l’animal.

Une organisation vivement critiquée

[image:2,s]Peut-être, le président Zuma préférait-il un autre événement au programme de ces célébrations, un événement plus conforme à ce qu’est devenu en ce début de XXIème siècle, le Congrès National Africain : un tournoi de golf C’est le loisir préféré de nombreux dirigeants de l’ANC, critiqués pour leur mode de vie extravagant et accusés de corruption. L’organisation de ce tournoi n’a pas manqué de déplaire à une grande partie de l’opinion publique. Le porte-parole de l’ANC, Mthembu, a néanmoins tenu à défendre cette initiative : « Le golf a pu être réservé à une élite, pendant l’apartheid, quand ce n’était qu’un sport réservé aux blancs qui nous était interdit. Aujourd’hui, l’’ANC s’intéresse à tous les sports, » a t-il justifié auprès de la South African Press Association. « Le golf est un beau sport, sain. Nous devrions avoir des parcours partout, un peu comme les terrains de football. »

Un rassemblement important aux invités prestigieux

Mais la plupart des membres de l’ANC n’ont pas assisté au tournoi de golf. Près de 100 000 d’entre eux célèbrent cette semaine le centenaire du parti à Bloemfontein, également connu sous le nom de Mangaung, en présence de plus de 46 chefs d’Etats et dignitaires, parmi lesquels l’Archevêque Desmond Tutu et le Révérend Jesse Jackson. D’après un porte-parole, Nelson Mandela, 93 ans, qui n’est pas apparu en public depuis la coupe du monde de 2010 « est sain d’esprit mais est très, très âgé, » et ne se joindra donc pas aux célébrations.

Un parti au rôle historique majeur

Les manifestations sont pour la plupart prévues autour de l’église Wesleyan à Waaihoek, un quartier noir de Bloemfontein où, le 9 janvier 1912, des activistes et intellectuels noirs ont formé le Congrès National des Natifs d’Afrique afin de lutter contre la domination des blancs. Ce mouvement a pris le nom d’ANCAfrican National Congress – en 1923.

Le rôle historique du plus vieux des partis sud-africains n’est pas remis en cause : l’ANC a contribué à ramener la paix en Afrique du Sud après une répression violente et a négocié une transition pacifique de  l’apartheid à la démocratie. Pourtant, depuis 1994, avec l’exercice du pouvoir, son pouvoir a été mis à mal. L’ANC conserve d’importants soutiens à travers l’Afrique du Sud, comme l’attestent ses victoires successives sur le principal parti de l’opposition depuis le début des années 90. Mais le parti souffre de divisions internes. Dernier en date : le président de la ligue de jeunesse de l’ANC, Julius Malena, connu pour ses propos extrémistes, anti-blancs notamment, a été suspendu pour indiscipline et reconnu coupable de semer la division au sein du parti.

L’Afrique du Sud post-apartheid est en crise

[image:3,s]Beaucoup de Sud-Africains se sentent frustrés par le manque de progrès en matière d’emploi, de logement ou d’éducation. Près de 40% de la population est au chômage et le fossé entre riches et pauvres n’a fait que s’étendre depuis la fin de l’apartheid. L’ANC a dépensé 100 millions de rands (10 millions d’euros) pour les célébrations de 2012 qui comprennent, notamment, un concert, de nombreux meetings politiques et le passage d’un flambeau à travers tout le pays. Le parti a refusé de communiquer les noms des donateurs. De plus, le montant réel des dépenses se rapprocherait plutôt des 300 millions de rands (28 millions d’euros), si l’on y inclut les dépenses du gouvernement en infrastructures à Bloemfontein.
Tous les évènements prévus par l’ANC sont l’occasion de revenir sur l’histoire du parti. La principale critique émise par les Sud-Africains tient au fait que, au lieu de dépenser autant pour un anniversaire, fût-il le 100ème, l’argent aurait pu servir à financer des projets bien plus utiles : « On pourrait imaginer que pour s’inscrire dans la durée, l’ANC aurait construit 100 écoles, 100 cliniques, 100 centres d’éducation tertiaire, 100 centres de ressources, 100 usines, 100 centres de conseils, 100 routes, » a déploré Qhakaza Mbali Mthembu dans City Press, un journal de Johannesburg. 

> Des images des célébrations de Bleomfontein

GlobalPost/Adaption Antoine Le Lay pour JOL Press

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