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Le plan antipauvreté menacé par la crise mondiale

[image:1,l]Le Brésil a l’une des croissances les plus rapides au monde. Pourtant, le gouvernement a-t-il les moyens de vaincre la pauvreté dans laquelle vit une partie de sa population ? La présidente Dilma Rousseff en a fait le pari.

Les bidonvilles cachés du Brésil

Tout le monde connaît les paillettes et le glamour de villes comme Rio de Janeiro ou São Paulo.

Mais les bidonvilles, dans les banlieues de ces mêmes villes, et particulièrement au nord du pays, sont souvent ignorés, cachés par les fruits brillants de ce boom économique fulgurant.

Le gouvernement de Dilma Rousseff s’est mis en tête d’éliminer la pauvreté, la miseria en portugais, en deux ans. Le plan du gouvernement, « Brasil sem miseria » (« Brésil sans pauvreté »), prévoit de nombreux investissements dans les domaines de la santé, de l’éducation et aussi un programme d’assistance qui permettrait de soutenir financièrement les familles rurales.

La crise mondiale atteint les Brésiliens

Le désordre économique mondial pourrait bien reporter les ambitions du Brésil. L’Amérique latine a été, jusque-là, relativement épargné par les crises économiques américaine et européenne, grâce à une politique fiscale intelligente et une demande continue de biens et services.

La tendance serait en passe de s’inverser et le Brésil commence à ressentir la pression de la crise. Son économie a cru de 7,5 % en 2010, mais seulement de 3,8 % en 2011. Ce ralentissement devrait se poursuivre cette année, ce qui devrait freiner les initiatives antipauvreté.

Pauvreté au nord, richesse au sud

« Si vous regardez les chiffres par habitant, le citoyen britannique a un revenu quatre fois supérieur à celui d’un Brésilien, » explique Simao Davi Silber, professeur au département d’économie de l’Université de São Paulo. « (La croissance au nord) a démarré de très bas et, même si elle a augmenté très rapidement, il reste une grande proportion de pauvres. »

L’histoire et la démographie de la pauvreté au Brésil soulignent la complexité du traitement à apporter au problème.

Le nord du Brésil a toujours été la région la plus négligée de cette vaste nation de 191 millions d’habitants et ceci depuis les premiers jours de la colonisation par les Portugais.

Il y a une aussi composante raciale à cette pauvreté. Le Brésil est aujourd’hui, et pour la première fois, un pays à majorité blanche. Mais le plus grand pourcentage de Métis ou de Noirs se situe dans le nord du pays.

Il y a aussi un critère géographique : de nombreuses personnes dans ces régions vivent dans des communautés rurales, qui offrent un accès limité aux services d’aide du gouvernement. Les routes défoncées, voire inexistantes, rendent également difficile la scolarisation des enfants, et même lorsqu’ils ont la chance d’avoir une école à proximité.

Le salaire mensuel moyen d’un Brésilien du nord est de 450 $ (346 €), contre une moyenne de 680 $ (524 €) au niveau national.

Le gouvernement poursuit ses efforts

Néanmoins, les responsables gouvernementaux ont déclaré vouloir poursuivre la mise en oeuvre de leur plan, en insistant sur les formidables progrès réalisés jusqu’ici.

Aujourd’hui, le Nord est la région du pays qui a la plus forte croissance, avec un taux d’analphabétisme en baisse de 7% au cours dix dernières années. Le tourisme s’est développé et de nombreuses sociétés ont installé des usines dans les neuf États qui constituent la région.

L’écart de revenus semble également se réduire. En 2000, 51 % des revenus du Brésil étaient gagnés par les 10 % les plus riches du pays. Le recensement de 2010 a montré que ce chiffre était tombé à 44,5 %.

Global Post / Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

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