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Le procureur requiert la mort au procès d’Hosni Moubarak

C’est allongé sur une civière, tel qu’il comparaît à chaque session depuis l’ouverture de son procès le 3 août et sa reprise le 28 décembre, qu’Hosni Moubarak, 83 ans, a pris connaissance du réquisitoire du procureur Moustafa Souleimane : la mort ! La mort pour être responsable du meurtre de 850 manifestants lors de la révolte contre son régime à partir de janvier 2011.  


Un meurtre prémédité


«La loi prévoit la peine de mort pour le meurtre prémédité», a déclaré Moustafa Souleimane au terme de ses réquisitions, jeudi 5 janvier, devant  le tribunal du Caire où est jugé l’ancien chef d’Etat. «Le président de la République est responsable de la protection du peuple, la question n’est pas seulement de savoir s’il a donné, ou non, des instructions de tuer les manifestants, mais, au-delà de ça, de savoir pourquoi il n’est pas intervenu pour arrêter la violence contre ces manifestants», a expliqué le procureur. 


Le président pouvait-il «ne pas savoir»?


«Comment se peut-il que le président de la République ne soit pas au courant des manifestations qui ont éclaté le 25 janvier en douze endroits dans plusieurs gouvernorats ?», a-t-il ajouté en cours de l’audience qui s’est ouverte en milieu de journée, réfutant l’idée que l’ancien président n’était pas informé de la gravité de la situation.
Il a souligné que deux ministres de l’Intérieur en fonction après la chute de Hosni Moubarak ont témoigné du fait que «le ministre de l’Intérieur n’a pas les prérogatives lui permettant de donner des ordres de tirer, et qu’il ne peut prendre une telle décision qu’après avoir consulté la direction politique». L’ancien ministre de l’Intérieur, Habib el-Adli, et six de ses conseillers sont jugés en même temps que l’ancien président pour ces accusations.


Hosni Moubarak, « un dirigeant tyrannique » qui a « répandu la corruption »


Mardi 3 janvier, le procureur Moustafa Souleimane avait décrit Hosni Moubarak comme «un dirigeant tyrannique» qui a «répandu la corruption» et «ruiné le pays sans rendre de comptes». Ses  deux fils Alaa et Gamal ont également été inculpés de corruption et sont jugés en même temps que lui. Âgé de 83 ans, le raïs a régné sur l’Egypte, avec son clan et l’appui de l’armée, pendant trois décennies, après avoir succédé à Anouar el-Sadate, assassiné le 6 octobre 1981.


Le premier dirigeant victime du « Printemps arabe » à être jugé


Le Libyen Mouammar Kadhafi a été tué lors de sa capture, le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali est en exil probablement en Arabie saoudite, le Yéménite Ali Abdallah Saleh négocie habilement son départ du pouvoir avec le concours des monarchies du Golfe… et Bachar al-Assad fait de la résistance. Hosni Moubarak est le premier dirigeant victime du « Printemps arabe » à comparaître en personne devant la justice. Il se trouve aujourd’hui en détention préventive dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire et son procès se déroule sous la protection d’un important dispositif de sécurité.


Ce procès a été ajourné aux 9 et 10 janvier 2012. Les avocats qui assurent sa défense plaident non-coupable


Après le verdict…


Coupable ou non-coupable ? Sur ce point, les faits semblent assez indiscutables. Mais, lorsque le verdict tombera, une question subsistera : si la peine est capitale, faudra-t-il l’exécuter ? La réponse à cette question n’aura alors de sens qu’au regard de l’intérêt supérieur du pays : la nouvelle Egypte sera-t-elle meilleure si elle a exécuté, ou pas, Hosni Moubarak ? Qu’elle se trompe, comme il est fort probable en ces temps révolutionnaires, et voilà qui pourrait hanter la contrée des pharaons pour longtemps… 

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