Site icon La Revue Internationale

Le triple A français: pourquoi les agences divergent?

[image:1,l]Les jours se suivent et ne se ressemblent pas… 
Vendredi 13 janvier 2012, Standard & Poor’s dégradait la note souveraine de la France de AAA à AA+ avec perspective négative, ainsi que celles de huit autres pays de la zone euro.
Lundi 16 janvier, Moody’s, qui s’était donné, mi-octobre, trois mois pour évaluer la perspective de la note de la France maintient le triple A, la meilleure note possible, avec une perspective stable.
Récemment, Fitch Rating a, pour sa part, indiqué qu’elle n’envisageait pas d’abaisser la note de la France en 2012, même si elle l’a, pour sa part, placée sous perspective négative. Toujours aussi difficile de comprendre les critères de ces agences de notations financières.


La méthodologie de notation demeure opaque


Cette différence d’appréciation à quelques jours d’intervalle remet sur le devant de la scène la question de la méthodologie de notation des agences.
L’agence Standard & Poor’s  utilise 47 critères qui prennent en compte aussi bien les dimensions économiques que des facteurs politiques.
Moody’s se fonde, quant à elle, sur 50 critères plus axés sur la structure économique du pays.
Si les critères sont connus, la manière dont ils sont pris en compte reste opaque. Impossible de dire si une des trois grandes se montre plus sévère que les autres. Toutefois, Standard & Poor’s attache beaucoup d’importance au contexte économique international et aux facteurs systémiques, comme la crise de la zone euro.


Une part de subjectivité dans les notes


Ces divergences rappellent que l’économie n’est pas une science exacte. Les critères utilisés sont à la fois quantitatifs et qualitatifs. Il y a donc une part de subjectivité et c’est précisément cette part de subjectivité qui pose problème puisque les conséquences d’un changement de notation sont considérables pour un pays, qui sera alors confronté à davantage de difficultés pour emprunter sur les marchés financiers.


Le AAA de Moody’s ne compense pas le AA+ de Standard & Poor’s


La confirmation du triple A français par Moody’s ne devrait pas, en revanche, niveler l’effet négatif de la décision de Standard & Poor’s. Les rumeurs sur la dégradation de la France se précisant depuis l’automne 2011, les marchés financiers l’avaient déjà largement anticipée.


Moody’s juge quant à elle positivement les décisions du gouvernement français


Moody’s donne crédit au gouvernement français de sa volonté de réduire le déficit public du pays à 3% en 2013 et juge positivement les mesures prises pour y parvenir, ce qui est « important » pour garder la perspective « stable ».
En revanche, l’agence estime importants les risques liés à la dette et à la croissance en zone euro, des facteurs que ne contrôle pas le gouvernement mais qui pèsent sur les finances du pays. Selon elle, plus les marchés du financement bancaire et de la dette souveraine sont volatiles, plus la pression s’accroit sur la note des pays de la zone euro, même si, pour l’heure, la France emprunte encore à des taux historiquement faibles.


Selon S&P, les chefs d’Etat n’ont pas trouvé les solutions adaptées à la crise


Standard & Poor’s ne partage pas l’analyse de ses concurrents de Moody’s. Samedi 14 janvier, au lendemain de l’annonce de la dégradation de neuf pays de la zone euro sur 16, le responsable de la notation souveraine, Moritz Kraemer, a donné une conférence de presse téléphonique pour justifier ses décisions.
Au-delà des raisons propres à chaque pays, il ressort que l’agence a été déçue par les résultats obtenus lors du sommet européen des 8 et 9 décembre à Bruxelles. Ce sommet devait mettre un terme à la crise de l’euro, il n’en a rien été. « Les dirigeants européens n’ont pas réussi à trouver les solutions adaptées à l’ampleur de la crise qui touche la zone euro », a résumé Moritz Kraemer. « Les chefs d’Etat n’ont pas forcément établi le bon diagnostic sur les raisons profondes de cette crise. Tous les pays se concentrent essentiellement sur des remèdes budgétaires en réduisant leurs déficits excessifs, mais la crise de l’euro s’explique surtout par l’écart de compétitivité qui n’a cessé de se creuser entre certains pays européens depuis le lancement de la monnaie unique », a-t-il ajouté.


Sur la forme, c’est une manière de procéder qui ne devrait pas rassurer tous ceux qui estiment que les agences de notations financières ont acquis trop d’influence sur les marchés financiers. Alors, si, en plus d’attribuer des notes, leurs responsables se permettent de donner des leçons d’économie aux responsables politiques…   

Quitter la version mobile